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 Macron malade… de la macronite

Quand un défaut répété devient une maladie chronique, il faut nommer la maladie. Appelons-la, très simplement, la macronite, cette propension irrépressible du président aux débordements langagiers, dérapages ou formules malheureuses. Les exemples abondent de ses saillies qui heurtent l'opinion, choquantes ou reçues comme telles. Peu importe d'ailleurs si telle ou telle est instrumentalisée, comme ce « pognon de dingue » dont Macron ne s'afflige en fait que parce qu'il n'atteint pas le but que l'on attend de lui. Un pouvoir qui est mal compris a toujours tort.

Or, cette macronite est une maladie sacrément invalidante. Il ne s'agit pas là de quelques libertés de parole qui font le buzz et sont vite oubliées. Au contraire, elles impriment, comme on dit, et de leur fait Emmanuel Macron a gagné l'image d'un homme de mépris, d'arrogance, d'obsession financière dont il ne se débarrassera pas. Aucune preuve d'humanité n'en viendra à bout. La transgression peut avoir des vertus dynamiques, mais elle est de maniement délicat, et la transgression macronienne apparaît toujours comme hautaine. Le président, pourtant, ne peut s'en garder. C'est plus fort que lui, de l'art de se nuire à soi-même.

Comment qualifier sa dernière sortie devant les députés LREM réunis à l'Élysée pour une séance bienvenue de mobilisation ? « Si les professionnels, dont on a vu les résultats qu'ils ont obtenus, sont ceux que l'on a virés il y a deux ans et que les amateurs, c'est nous, alors soyez fiers d'être des amateurs ! » Bon, la rhétorique est classique sur le modèle : « Si être bons c'est être bêtes, alors soyons fiers d'être bêtes ! » Il ne s'agissait après tout que de regonfler le moral de députés en mal d'amour. Le problème est que le président valide ainsi, par ce drôle d'humour, les qualificatifs que médias et opposants accolent volontiers à son équipe et qui ne sont pas des compliments.

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Des amateurs éclairés, pourquoi pas ?

Certes, le monde des amateurs est sans doute spontanément sympathique, présumé impliqué et généreux. L'amateur est peut-être mieux vu que le politique professionnel et bien plus encore que le politicien magouilleur et démagogue ou le technocrate hors-sol à tableau Excell. Mais de l'amateur au dilettante, du dilettante au sous-doué, du sous-doué au bras cassé, il n'y a pas loin, et c'est ce à quoi pense très vite quiconque voit le gouvernement se débattre dans l'une des phases les plus difficiles du quinquennat.

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Le bon M. Hollande, se sentant mis en cause et qui n'en manque pas une, s'est dépêché de faire valoir qu'en certains domaines il vaut mieux avoir affaire à des professionnels. Pour changer une chaudière, par exemple. Ou pour réformer le régime des retraites… Pas faux.

Emmanuel Macron a-t-il mesuré l'effet de son injonction ? Ou bien a-t-il voulu enfoncer le clou de la spécificité du pouvoir macronien, à savoir qu'il est et reste un pouvoir antisystème se démarquant heureusement du vieux monde ? Au moins n'eût-il pas été inutile d'accoler à son éloge de l'amateur le qualificatif d'« éclairé ». Des amateurs éclairés, pourquoi pas ? Et si Jupiter lui-même l'était, plus ou mieux, ce ne serait pas mal non plus.

Source: lepoint.fr par Michel Richard

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