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Coronavirus : en Chine, des mesures drastiques étendues à 3 villes et des dizaines de millions d’habitants

 

 

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Michel Ruby <rubym@wanadoo.fr>

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Coronavirus : en Chine, des mesures drastiques étendues à 3 villes et des dizaines de millions d’habitants

Les mesures draconiennes pour contrôler l’épidémie s’étendent, alors que celle-ci a contaminé presque 25 000 personnes et causé plus de 490 décès

Par Frédéric Lemaître et Simon Leplâtre Publié aujourd’hui à 10h50, mis à jour à 14h41

Temps de Lecture 5 min.

Des volontaires sur un barrage routier dans le               village de Hangzhou, dans la province du Zhejiang, àl’est               de la Chine, lundi 3 février.
Des volontaires sur un barrage routier dans le village de Hangzhou, dans la province du Zhejiang, àl’est de la Chine, lundi 3 février. CHINATOPIX via AP

Les mesures draconiennes pour contrôler l’expansion du coronavirus 2019-nCoV s’étendent en Chine, alors que celui-ci a contaminé presque 25 000 personnes et causé plus de 490 décès. Si le Hubei reste l’épicentre de la crise, les autres régions s’inquiètent de la fin des congés du Nouvel An lunaire, prolongés jusqu’au 9 février, et prennent des mesures pour contrôler les retours de cette période au cours de laquelle des centaines de millions de Chinois se déplacent.

Lire les dernières informations : Hongkong impose une « quarantaine obligatoire » à tous les visiteurs venant de Chine continentale

Mardi 4 février, trois villes du Zhejiang, la province située au sud de Shanghaï, Taizhou (6 millions d’habitants) et une partie de Hangzhou (10 millions d’habitants), célèbre pour abriter le siège d’Alibaba, et de Ningbo (8 millions d’habitants) ont à leur tour pris des dispositions drastiques. Si le détail peut varier d’une ville à l’autre, il s’agit à chaque fois de limiter la circulation des habitants et les entrées dans la ville.

Comme Hangzhou est située à moins de 200 kilomètres au sud de Shanghaï, beaucoup s’interrogent sur ces mesures : sont-elles également destinées à prévenir une extension de l’épidémie dans la deuxième ville du pays ? Depuis le 1er février, Wenzhou (3 millions d’habitants) avait aussi pris des restrictions comparables. Le maire de Wenzhou, Yao Gaoyun, a indiqué lors d’une interview télévisée que son objectif était que « les habitants ne sortent pas de chez eux durant une semaine ».

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Passage barré par des bambous

D’après l’édile de cette ville située dans le sud du Zhejiang, connue pour ses églises et son tissu de petites entreprises, plus de 170 000 habitants de l’agglomération travaillent dans le Hubei, l’épicentre de l’épidémie, et ont potentiellement ramené le virus avec eux en rentrant passer le Nouvel An dans leur famille. Mardi matin, la ville dénombrait 364 cas du nouveau coronavirus, ce qui en fait la ville la plus infectée en dehors du Hubei.

Conséquence : depuis trois nuits, Jos Van der Broek dort dans son restaurant, sur quatre chaises accolées les unes aux autres. « Mais je suis toujours positif », précise ce Néerlandais de 49 ans. Installé à Wenzhou depuis neuf ans, il ne peut plus rentrer dans le village situé à quinze minutes du centre, où il habite. Autour de Wenzhou, les districts, les villages, les résidences se barricadent progressivement. Dans le petit village de Jos Van der Broek, situé sur l’île de Qidu, au milieu du fleuve Ou, au nord de la ville, les habitants ont coupé les routes, ne laissant qu’un passage barré par des bambous et gardé par plusieurs personnes en permanence.

« Je devais à tout prix me rendre à mon restaurant. Ils m’ont dit vous pouvez sortir, mais on ne vous laissera pas revenir. Je les comprends, il y a beaucoup de personnes âgées dans mon village, ils sont vulnérables face au virus », explique-t-il. Depuis, le Néerlandais reste seul dans le restaurant qu’il a ouvert avec un partenaire chinois. « Heureusement, les frigos sont pleins », sourit-il. Sur des vidéos qu’il nous envoie, on voit des employés municipaux fermer des rues avec des panneaux de bois ou de plastique.

Hou Shenglie, un habitant de Wenzhou, cloîtré chez lui avec sa femme et ses deux enfants, témoigne : il a reçu quelques papiers roses, sur lesquels est écrit en caractères noirs : « Quartier de Doumen, autorisation de sortie. Ce ticket ne peut être utilisé qu’une fois ; nous conseillons à chaque famille de n’utiliser qu’un ticket tous les deux jours .» « En ce moment, les contrôles sont très stricts, rapporte-t-il. Ils sont en train de séparer tous les quartiers de la ville. »

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Politique du fait accompli

A Hangzhou aussi, dans plusieurs districts, les habitants reçoivent des tickets limitant à deux fois par semaine la possibilité de faire ses courses. Une seule personne par famille est autorisée à sortir. A Taizhou, les véhicules immatriculés dans une autre ville ne sont pas autorisés à y pénétrer si leur propriétaire ne dispose pas d’un justificatif en bonne et due forme. D’autres villes du Zhejiang, comme Shaoxing ou Yiwu, ont également pris des mesures strictes limitant la circulation.

Sur les réseaux sociaux, la situation de ces villes est l’un des principaux sujets discutés. Les réactions sont diverses. Si les habitants qui se trouvent à l’intérieur des villes semblent, pour le moment, approuver ces mesures, ceux qui devaient s’y rendre dénoncent la politique du fait accompli. Contrairement à ce qu’avait fait Wuhan le 23 janvier, ces villes n’ont pas annoncé leurs mesures de confinement à l’avance. « Je suis arrivé à Hangzhou avec ma valise sans pouvoir aller nulle part », se plaint un internaute.

Des situations d’autant plus difficiles que certaines villes interdisent aux propriétaires de louer leurs biens à des personnes venues d’autres régions. En fait, à la différence de Wuhan et plus largement de la province du Hubei, ces trois villes cherchent moins à empêcher leurs habitants de sortir qu’à limiter les entrées. A Wenzhou, 46 points d’entrée de la ville ont été fermés, seuls neuf restent ouverts.

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Contrôles de température systématiques

Sans avoir mis en place des limitations comparables, toutes les grandes villes de l’est du pays, de Pékin à Shenzhen, tournent au ralenti, notamment parce que les congés du Nouvel An lunaire ont été prolongés au moins jusqu’au 9 février, voire jusqu’au 17 pour nombre d’établissements scolaires. Du coup, des centaines de millions de migrants retournés fin janvier dans leur province d’origine y attendent le feu vert des autorités ou de leur employeur pour rejoindre leur lieu de travail. Mais, dans les villes concernées, ce retour fait peur. Tous les spécialistes anticipent une aggravation de l’épidémie liée aux migrations massives et au retour de la promiscuité dans les transports en commun des grandes villes.

D’ores et déjà, dans la plupart des villes chinoises, y compris à Pékin et à Shanghaï, les contrôles de température sont systématiques à l’entrée des résidences et des supermarchés. Dans nombre de résidences, on n’entre qu’après avoir montré une carte d’identité. A Pékin, dans certaines administrations, les fonctionnaires rentrés d’une autre province sont « invités » à travailler chez eux durant deux semaines. Loin de constituer des exceptions, les trois villes du Zhejiang font figure de laboratoires d’une Chine qui, à défaut de reconstruire une Grande Muraille, en bâtit d’innombrables petites.

 

« Cités fertiles », matériaux biosourcés… Le plan du gouvernement pour reverdir la ville

Le ministre chargé de la ville, Julien Denormandie, veut développer l’agriculture urbaine dans des quartiers prioritaires.

Par Patrick Roger Publié aujourd’hui à 10h25, mis à jour à 16h28

Temps de Lecture 1 min.

Reverdir la ville, la rendre durable et désirable, dessiner un nouveau modèle d’aménagement urbain… Tout un programme que devait présenter mercredi 5 février le ministre chargé de la ville et du logement, Julien Denormandie, à l’occasion d’un séminaire intitulé « Habiter la ville de demain », qui marque le dixième anniversaire du plan « Ville durable », lancé sous Nicolas Sarkozy par Jean-Louis Borloo après le Grenelle de l’environnement. Cette décennie aura vu l’émergence de quelque 500 écoquartiers labellisés.

L’ambition de ce nouveau plan est d’« accompagner les territoires pour leur permettre d’inventer de nouvelles façons de concevoir, de construire et de gérer la ville ».

« D’ici à 2050, 70 % de la population mondiale vivra en ville, rappelle M. Denormandie. Si les villes occupent 2 % de la surface du globe, elles représentent deux tiers de la consommation mondiale d’énergie et émettent 80 % des émissions de CO2. »

Pour faire face aux enjeux de la transition écologique, c’est tout l’urbanisme des villes qui doit se transformer, moins gourmand en foncier, plus économe en énergie.

Pour accompagner cette mutation, le gouvernement entend tout d’abord fédérer l’ensemble des acteurs (Etat, collectivités territoriales, entreprises, associations) au sein de France Ville durable, dont la présidence a été confiée à Patrice Vergriete, le maire (divers gauche) de Dunkerque (Nord), soutenu par La République en marche pour les élections municipales de mars. De nouveaux outils seront mis à disposition des territoires, avec notamment la création d’une plate-forme d’« open innovation » et en facilitant l’accès aux aides financières.

« Un autre modèle est possible »

L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) va également lancer un appel à projets, parmi les 450 quartiers concernés par le nouveau programme national de rénovation urbaine, pour la mise en œuvre de 100 « cités fertiles ». Il s’agit de créer, dans ces quartiers prioritaires, de l’agriculture urbaine. Les trente premiers quartiers seront sélectionnés d’ici à l’été, avec un financement dédié de 21 millions d’euros. Une expérimentation de « quartiers à énergie positive » va également être lancée dans 22 quartiers volontaires.

L’Etat, quant à lui, se fixe l’objectif que, « à l’horizon 2022 », les opérations des 14 établissements publics d’aménagement sous sa tutelle intègrent au moins 50 % de matériaux biosourcés ou géosourcés, tels que le bois, le chanvre ou la terre crue, et que 20 % des surfaces soient réservées à la biodiversité et à la nature en ville. « Un autre modèle est possible », promet le ministère, assurant que l’enjeu de l’aménagement urbain n’est « pas une question partisane ».

 

La finance durable en quête d’un baromètre fiable

Les gestionnaires d’actifs veulent combattre le « greenwashing » des entreprises en s’appuyant sur des critères objectifs.

Par Isabelle Chaperon Publié aujourd’hui à 16h29

Temps de Lecture 4 min.

Des ouvriers installent le logo du géant pétrolier               français Total dans une station-service du Caire, en               octobre 2016. Des ouvriers installent le logo du géant pétrolier français Total dans une station-service du Caire, en octobre 2016. Amr Abdallah Dalsh / REUTERS

« Croissance partagée » : voilà l’étiquette pleine de promesse d’un fonds créé par la société de gestion Sycomore Asset Management, l’un des pionniers de l’investissement responsable en France. Son objectif : investir dans des entreprises ayant un impact positif sur la société, que ce soit à travers leurs produits ou en tant qu’employeurs.

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Toutefois, il n’est pas aisé de séparer le bon grain de l’ivraie, quand toutes les firmes se présentent comme des parangons de vertu… « A force de répéter des messages, les entreprises peuvent créer des écrans de fumée », prévient Sébastien Thevoux-Chabuel, gérant et analyste ESG (environnement, social, gouvernance) chez Comgest.

Archétype du « greenwashing », cette pratique qui consiste à orienter ses actions marketing vers un positionnement écologique ? « British Petroleum, au début des années 2000, avait réussi, grâce au battage marketing, à se doter d’une image de pétrolier plus “vert” que les autres. Une perception que démentait pourtant le montant réel de ses investissements dans les énergies renouvelables. La marée noire dans le Golfe du Mexique, en 2010, a remis les pendules à l’heure », poursuit-il.

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Pour évaluer une entreprise, le nombre d’emplois créés constitue un point de départ, mais comment vérifier qu’ils ne se révèlent pas précaires ou mal payés ? « Nous voulions soutenir des entreprises qui contribuent au développement économique et à la réduction des inégalités à travers les emplois qu’elles créent, mais nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait pas d’outil pour mesurer une telle performance. Alors, nous avons décidé de le bâtir nous-mêmes », relate Anne-Claire Imperiale, coresponsable de la recherche ESG chez Sycomore Asset Management, qui a levé le voile, mercredi 5 février, sur ce nouveau baromètre.

« Nombreuses nuances de vert »

La société de gestion s’est associée avec The Good Economy, un expert britannique de l’impact social, afin de concevoir une notation « The Good Jobs », fondée sur des critères d’inclusion et d’autres capacités à offrir des emplois pérennes. « Nous avons accordé des points aux entreprises comme Legrand ou Maisons du Monde, dont les sièges sociaux sont en région, où la contribution de ces entreprises au dynamisme économique local est forte », explique Mme Imperiale. A l’inverse, la prise en compte de l’équité salariale défavorise les secteurs de la finance et de l’informatique, où l’écart entre le plus haut et le plus bas salaire se révèle souvent élevé.

La finance, soucieuse à la fois de rendement et de sauver le monde, suit la feuille de route établie par l’Organisation des Nations unies à travers dix-sept objectifs de développement

A cette aune, Total, Vinci et Accor apparaissent les mieux notés parmi les grandes entreprises françaises ; Atos, Dassault Systèmes et Publicis figurent en queue de peloton. Ce palmarès illustre la complexité de la démarche ESG dont se targuent désormais toutes les banques et autres gestionnaires d’actifs. Car, alors que Total compte parmi les meilleurs élèves en matière d’emploi, le producteur d’énergies fossiles est, au contraire, excommunié des portefeuilles d’investissement par des gérants, nordiques en particulier.

Nulle malice à cela. « Energie propre et d’un coût abordable », « travail décent et croissance économique » ou encore « vie aquatique » : la finance, soucieuse à la fois de rendement et de sauver le monde, suit la feuille de route établie par l’Organisation des Nations unies à travers dix-sept objectifs de développement. Entre ces différents critères, chaque gérant ou agence de notation joue sa propre partition.

« Il n’y a pas de définition unique d’un fonds durable. Chacun intègre les critères ESG de façon très différente. C’est pourquoi il est essentiel de bien regarder quelles sont les règles d’investissement, même si elles restent parfois vagues, voire trompeuses », souligne Hortense Bioy, responsable des stratégies passives et de la recherche durable chez Morningstar. Et de préciser : « Des particuliers s’étonnent de trouver des valeurs pétrolières dans des fonds orientés climat, mais il existe de nombreuses nuances de vert. »

« Fixer des contraintes »

Le chantier s’annonce considérable pour lutter contre le « greenwashing », tant du côté des entreprises que des financiers. L’Europe, en pointe sur cette question, veut mettre en place des standards pour définir les investissements verts. En France, le label ISR (investissement socialement responsable) fait l’objet d’une procédure de certification. L’Autorité des marchés financiers, elle, s’apprête à publier au cours des prochaines semaines sa doctrine sur la finance durable.

« Nous avons tous envie de manger bio et d’investir dans des produits financiers qui font du bien. Mais dans les deux cas, il faut bien lire les étiquettes », avance Emmanuel de La Ville, cofondateur de l’agence de notation extrafinancière Qivalio. « Pour protéger les épargnants, il est nécessaire de fixer des contraintes à la finance qui se voudrait durable ou responsable. »

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Un travail urgent, alors que cette nouvelle finance rencontre un succès phénoménal. Selon Morningstar, les actifs gérés dans des fonds durables en Europe atteignaient 668 milliards d’euros à la fin de 2019, en hausse de 56 % sur un an, à comparer avec une croissance de 18 % des fonds européens dans leur ensemble.

Afin d’attirer la gestion passive, des indices durables émergent, à partir de notations qui divergent d’une agence spécialisée à l’autre. De Blackstone à State Street, les géants de la gestion collective annoncent l’un après l’autre la prise en compte des critères ESG dans la constitution de leurs portefeuilles.

 

L’objectif de convertir 15 % de la surface agricole utile au bio d’ici à 2022 « est hors d’atteinte »

Des sénateurs épinglent la politique de soutien public à l’agriculture biologique dans un rapport présenté mercredi.

Par Laurence Girard Publié aujourd’hui à 12h30

Temps de Lecture 4 min.

A Bourg-les-Valence (Drôme), le 17 septembre 2019,               les tentes du salon agricole international Tech &               Bio. A Bourg-les-Valence (Drôme), le 17 septembre 2019, les tentes du salon agricole international Tech & Bio. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

C’était un engagement fort d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. A l’issue des Etats généraux de l’alimentation, souhaités par le président de la République, un objectif ambitieux a été inscrit dans la loi qui en a découlé. En 2022, 15 % de la surface agricole utile devrait être convertie à l’agriculture biologique. Un plan, baptisé Ambition bio 2022, a été dévoilé à cette occasion, en juin 2018, pour accompagner le projet. De plus, un engagement de 20 % de produits bio dans les assiettes de la restauration collective au même horizon a enfoncé le clou de cette conviction dans le texte législatif.

Las. « Le projet » Ambition bio 2022 « est hors d’atteinte », estiment Alain Houpert, sénateur Les Républicains de la Côte-d’Or, et Yannick Botrel, sénateur du groupe socialiste et républicain des Côtes-d’Armor, co-signataires d’un rapport sur le financement public de l’agriculture biologique présenté mercredi 5 février. Ils fustigent « une ambition très com », l’Etat ayant, selon eux, « adopté des objectifs de développement de l’agriculture biologique alors même qu’il ne dispose plus des moyens autonomes de les atteindre et n’a exercé que faiblement ses missions de coordination ».

Fin 2018, alors que la dynamique de conversion des agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement était forte, l’Agence bio, chargée de délivrer un état des lieux régulier de la situation, estimait à 7,5 % la surface agricole utile convertie au bio en France. Un taux qui oscillerait entre 8 % et 9 % fin 2019. Les sénateurs souhaiteraient d’ailleurs avoir plus de clarté sur l’établissement de ces chiffres et s’interrogent sur les durées de conversion dont ils ont l’impression qu’elles se réduisent. Elles étaient initialement de trois ans et, pendant ce laps de temps, les hectares concernés n’étaient pas comptabilisés car non encore certifés bio. Mais, même s’ils partent de l’hypothèse d’un recrutement toujours très soutenu de nouveaux agriculteurs prêts à franchir le pas, l’objectif de 15 % ne pourrait être atteint, au mieux, selon eux, qu’en 2026.

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D’autant que le rapport souligne une politique sans « carte d’identité budgétaire ». Un flou lié à l’éparpillement des financeurs, entre collectivités territoriales, Etat, agences de l’eau et le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) alimenté par le budget de l’Europe. Mais même lorsque le financeur n’est qu’un, en l’occurrence l’Etat, l’information budgétaire n’est toujours pas claire. Les sénateurs appellent de leurs vœux un document de politique transversal assurant une lisibilité.

Des exercice d’équilibristes

Il est vrai que le bio a été victime de son succès et que le montant des enveloppes planifiées a régulièrement été dépassé par la demande d’aides. En 2018, l’Agence bio comptabilisait 5 000 exploitations agricoles venues grossir les rangs de l’agriculture biologique, portant leur nombre en net à 41 623. Une inéquation budgétaire qui a conduit le gouvernement à recourir à des exercices d’équilibriste. Il a, par exemple, décidé, d’arrêter, à partir de 2018, de financer les aides au soutien. Elles prenaient le relais des aides à la conversion, qui épaulent l’agriculteur subissant une baisse de ses rendements et ne pouvant encore bénéficier d’une valorisation de sa production.

Selon un rapport parlementaire en lien avec la loi de finances 2018, cité par les sénateurs, le montant des soutiens à l’agriculture biologique est estimé à 204 millions d’euros par an, complété par un crédit d’impôt de 40 millions d’euros pour les années 2015 à 2020. Dans ce contexte peu clair, les agriculteurs ont été, de plus, confrontés à des retards récurrents de versement des aides dues. Les soutiens correspondant aux années 2016, 2017 et 2018 ne sont souvent entrés dans les caisses qu’en 2019. Une véritable torture chinoise pour des exploitants agricoles qui se sont parfois trouvés au bord du dépôt de bilan. Alors même que, comme le soulignent les sénateurs, l’agriculture biologique est exigeante et soumise à de forts risques.

« Combler les trous »

Autre difficulté de l’exercice, les engagements financiers pour le programme Ambition bio 2022 dépendent du prochain cadre financier pluriannuel européen qui n’est toujours pas arrêté. Les discussions en cours sur la future politique agricole commune devraient donc donner l’occasion de mieux définir la place de l’agriculture biologique, censée apporter une alimentation plus saine mais aussi contribuer à la préservation des milieux naturels. Une contribution qu’il est difficile d’évaluer et de rétribuer. Les sénateurs préconisent également de veiller à une meilleure harmonisation du règlement européen sans oublier de « combler les trous » pour éviter les distorsions de concurrence au sein de l’Union. En parallèle, ils souhaiteraient un renforcement du contrôle des importations, qui représentent près de 30 % de la consommation française.

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Les rapporteurs demandent également une mise en cohérence de la programmation financière des concours publics avec les objectifs d’expansion de l’agriculture biologique. Et militent pour un renforcement des moyens et de la gouvernance des organismes chargés du bio, comme l’Institut national de l’origine et de la qualité, l’Agence bio et l’Insitut technique de l’agriculture biologique (Itab). Soulignant qu’il « est profondément anormal que l’Itab ait été conduit à subir un redressement judiciaire ».

 

Coronavirus : « A l’époque de la Grande Peste, on mettait les gens en quarantaine sur des îles ! »

Les autorités tentent de répondre aux inquiétudes des riverains du site des Milles, à Aix-en-Provence, où sont confinés des rapatriés de Wuhan, en Chine. Non sans mal.

Par Sofia Fischer Publié aujourd’hui à 12h16

Temps de Lecture 3 min.

Un bus transportant des ressortissants français               rapatriés de Chine, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône),               le 2 février. Un bus transportant des ressortissants français rapatriés de Chine, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), le 2 février. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Certains évoquent la Grande Peste, d’autres craignent que le mistral qui vient de se lever ne disperse « des miasmes » partout aux alentours. Peur et méfiance sont bien ancrées chez certains habitants des Milles, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans cette zone à l’écart du centre-ville que l’Etat a choisi pour placer en quarantaine 76 ressortissants français et étrangers, dont six mineurs et quatre femmes enceintes, qui ont fui le coronavirus qui touche la région de Wuhan, en Chine.

Les autorités ont beau répéter que le virus est bien moins dangereux que la grippe qui, elle, tue plus de 10 000 personnes par an sur le territoire, l’angoisse n’est jamais loin. Mardi 4 février, dans la salle des Vignerons des Milles, il a fallu pas moins de six intervenants pour rassurer la centaine d’habitants présents : la maire de la ville, Maryse Joissains-Masini (LR), le directeur de l’Agence régionale de santé, Philippe de Mester, le préfet de région, un médecin, un sous-préfet, et le directeur de l’école des pompiers d’Aix-en-Provence, où sont logées les personnes mises en quarantaine. Mais l’idée d’un virus « qui peut muter » et dont « on ne sait franchement pas grand-chose » fait craindre le pire.

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Avec pédagogie et parfois un certain agacement, en appelant à « la science et pas la croyance », le patron de l’ARS, Philippe de Mester, tente de désamorcer les craintes, et dénonce au passage les réseaux sociaux où « on a droit à tout, théories conspirationnistes, complotistes, et même racistes ». Le public semble sur la défensive, à l’image de cet écho qui résonne dans la salle, à chaque fois qu’un des interlocuteurs sur scène ne répète qu’« aucun rapatrié n’a testé positif au virus » qui répond à demi-voix : « Pour l’instant ! »

Calmer les esprits

Pour calmer les esprits, le préfet Pierre Dartout promet que des équipes continueront d’aller à la rencontre des riverains, comme elles ont déjà commencé à le faire. « Faux », répond une femme dans l’assemblée. « J’habite à 200 mètres, et j’ai tout appris sur les réseaux sociaux. » Véronique Guimbal, chignon serré et pull gris, responsable administrative d’une entreprise voisine du site, se lève à son tour : ses salariés ont demandé à user de leur droit de retrait, et elle n’a pas trouvé d’interlocuteur pour leur répondre. Certains employés ne se sont même pas présentés vendredi 31 janvier. « Nous n’avons pas eu de visite de l’Etat et nos salariés se sont vraiment inquiétés, explique-t-elle. C’est très difficile pour nous. »

Face à ceux qui s’inquiètent du vent, le patron de l’ARS explique le mode de contamination : « Le virus n’est absolument pas volatil, il vit dans l’eau [la salive et les postillons par exemple], l’air ne peut pas le transporter. » Une femme s’exclame : « Et bien, à Carry-le-Rouet, ils sont mal barrés ! », évoquant cette autre commune des Bouches-du-Rhône où plus de 200 rapatriés de Wuhan sont en quarantaine, dans un centre de vacances au bord de la mer.

Mais la question qui revient le plus souvent dans la bouche des habitants est la suivante : pourquoi avoir placé ces personnes près de chez eux ? « A l’époque de la Grande Peste, les gens, on les mettait en quarantaine sur des îles, assène un ancien gendarme. Ce n’est pas comme si la Méditerranée manquait d’îles. » Une femme au carré blond s’emporte : « Il n’y a pas des endroits disponibles, à Paris ? », pendant qu’un homme s’interroge sur le fait « qu’on ait récupéré des ressortissants étrangers ».

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Le préfet répond qu’il s’agit d’un acte de « solidarité », rappellent « l’angoisse et le stress que ces gens ont vécu au début de l’épidémie en Chine », et surtout, expliquer que de les placer sur une île « n’aurait pas été bon » symboliquement, évoquant « l’utilisation de l’archipel du Frioul au XVIIIe siècle ». C’est là, en face de Marseille, qu’étaient placés les équipages en quarantaine, après la Grande Peste qui avait fait près de 100 000 morts en Provence.

Certains repartent satisfaits, comme Véronique Guimbal, qui estime avoir obtenu les réponses dont elle avait besoin pour rassurer ses salariés. Mais beaucoup semblent toujours inquiets. « Je ne suis pas convaincue, assure Mireille de Guaridel, une retraitée de 70 ans habitant les Milles. Ils affirment des choses qu’ils ne maîtrisent pas. » Une nouvelle réunion devrait avoir lieu la semaine du 10 février.

 

Pour les pêcheurs français, « du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret »

Depuis le 1er février, l’accès à la zone autour des îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny est interdit aux bateaux bretons et normands.

Par Jean-Jacques Lerosier Publié aujourd’hui à 09h54, mis à jour à 10h03

Temps de Lecture 3 min.

Les pêcheurs français devraient pouvoir retourner rapidement dans les eaux de l’île anglo-normande de Guernesey. « Je pense que, d’ici à la fin de la semaine [du 3 au 9 février], si on travaille comme on se l’est dit, les choses vont rentrer dans l’ordre », a déclaré à l’AFP Amélie de Montchalin, la secrétaire d’Etat chargée des affaires étrangères, en marge d’une visite d’une entreprise de mareyage près de Caen, mardi 4 février. Quelques heures plus tard, lors de la séance des questions au gouvernement, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, s’est, lui aussi, voulu rassurant : « La solution est trouvée. »

Depuis samedi 1er février, jour de l’entrée en vigueur du Brexit, les pêcheurs français n’ont plus de droit de pêche dans la zone dite des « 6-12 milles », autour des îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny. Ces eaux poissonneuses se trouvent au large des côtes de la presqu’île du Cotentin (Manche).

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L’interdiction concerne une centaine de bateaux bretons et une cinquantaine de normands, principalement des chalutiers hauturiers et des caseyeurs. Selon les estimations du Comité régional des pêches de Normandie, 500 tonnes de poissons et crustacés sont pêchées par an par les Normands dans ces eaux du bailliage de Guernesey.

« On s’est pris un gros coup au moral »

« Ce mercredi [5 février], la météo est bonne, je devais aller là-bas pêcher du congre, de la roussette, du requin-hâ, de l’émissole… Patatras !, témoigne Cédric Delacour, patron du Manola, situé au petit port d’Omonville-la-Rogue, dans la Hague. Je réalise plus d’un tiers de mon activité dans cette zone. D’autres, c’est plus. On ne va pas faire de bazar, mais si un bateau de pêche guernesiais pointe son nez à Diélette, on le bloque. »

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« Du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret », témoigne un autre patron pêcheur, farouche partisan, lui aussi, « d’interdire tout poisson provenant de Guernesey, à Cherbourg ou dans d’autres ports normands ». En criée de Cherbourg-en-Cotentin, « les pêcheurs guernesiais débarquent une moyenne annuelle de 133 tonnes, principalement des crustacés et de la raie. D’autres ventes se font en direct avec les mareyeurs », précise Séverine Jean, directrice du centre des marées de Cherbourg-en-Cotentin.

« On s’est pris un gros coup au moral, déclare Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches de Normandie. Cette affaire, c’est aussi la faute de l’Etat, qui n’a pas su être assez fort et négocier face au petit bailliage de Guernesey. C’est symbolique. Je ne voudrais pas que cela soit un mauvais présage. »

« Scénario catastrophe »

Signe de l’accalmie intervenue mardi, Guernesey a demandé une liste, afin d’établir des autorisations individuelles de pêche. « Notre recensement d’une cinquantaine de bateaux normands est prêt », assure M. Rogoff, avant de prévenir : « Nous avons d’autres moyens de blocage. »

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Le bailliage de Guernesey, comme Jersey, n’a jamais appartenu à l’Union européenne, et ses électeurs n’ont pas participé au vote du Brexit. Les accords de pêche étaient jusqu’alors régis par la convention de Londres datant de 1964. En 2017, les Britanniques ont dénoncé ces accords, en prévoyant de ne plus les appliquer à partir du Brexit, sans période transitoire. Guernesey a réclamé et obtenu l’extension de ses eaux au-delà des 6 milles nautiques, afin de récupérer la fameuse bande des 6-12 milles, jusqu’alors britannique.

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« Le stop de Guernesey doit nous servir de leçon », déclare un patron pêcheur de Granville, inquiet, comme tous ses collègues, des négociations à venir sur les eaux territoriales britanniques, où s’effectue 40 % de la pêche des bateaux de Normandie et des Hauts-de-France. « Si l’Etat et l’Europe n’arrivent pas à consolider nos accès aux eaux britanniques avant le 31 décembre 2020, renchérit M. Rogoff, si aucun bateau français ne peut plus aller pêcher au-delà de la ligne médiane dans la Manche, alors ce sera l’explosion. Aujourd’hui, on ne peut exclure ce scénario catastrophe, malgré la totale détermination de Michel Barnier. » Lundi 3 février, à Bruxelles, le chef de la négociation de la Commission européenne avec le Royaume-Uni a affirmé « qu’il n’y aura pas d’accord commercial avec l’Angleterre, sans accès aux eaux britanniques pour [les] pêcheurs [français] ».

 

Un incendie ravage 900 hectares en Corse, attisé par les vents de la tempête Hervé

Un vent du nord, avec de fortes rafales, complique toujours le travail des pompiers sur cet incendie qui s’est déclenché à l’aube dans le sud de l’île.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h34, mis à jour à 15h38

Temps de Lecture 1 min.

Le feu a déjà ravagé 900 hectares de forêt et de maquis. Des bombardiers d’eau et des pompiers venus du continent sont entrés en action en Corse, mercredi 5 février, contre un incendie attisé par les vents de la tempête Hervé.

Un vent du nord, avec de fortes rafales, complique toujours le travail des pompiers, a précisé à la mi-journée le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis), qui assure qu’il « n’y a pas de point sensible menacé et pas de blessé ». « On ne peut pas dire pour l’heure que le feu est circonscrit », a-t-il toutefois précisé, en décrivant un « travail compliqué et harassant ».

Une reconnaissance aérienne a eu lieu mercredi vers 9 heures, et quatre avions bombardier d’eau ont commencé à survoler la zone vers 9 h 30. Deux hélicoptères de la sécurité civile épaulent également les pompiers.

L’incendie s’est déclenché mardi à l’aube sur la commune de Quenza (Corse-du-Sud), dans une forêt de pins maritimes, et s’est déplacé rapidement, attisé par un violent vent d’ouest, vers la forêt de Tova, puis la vallée de Solenzara. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Ajaccio, et des investigations sont en cours pour essayer de déterminer l’origine du feu.

Panache de fumée s’étirant sur 300 km

Mardi, le panache de fumée causé par l’incendie s’était étendu « sur 300 km », d’après Météo France. Solenzara et ses alentours avaient été plongés durant plusieurs heures dans une atmosphère apocalyptique, selon des résidents.

Quelque 120 personnes appartenant aux services d’incendie et de secours du Var, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence et au bataillon des marins-pompiers de Marseille ont débarqué mercredi matin à 8 heures dans le port de Propriano (sud-ouest de la Corse), mais elles étaient encore en transit vers Solaro à la mi-journée, selon le Codis. elles appuieront 200 pompiers et spécialistes du feu déjà à pied d’œuvre.

Le sinistre n’a pas nécessité d’évacuation, mais plusieurs centaines de foyers ont été privés d’électricité mardi, selon EDF Corse, qui a précisé mercredi à l’AFP que la situation était revenue à la normale.

L’usage du feu était interdit mardi et mercredi sur toute l’île. Malgré cette mesure, trois autres « feux de végétation » ont été recensés en Haute-Corse mercredi, ont regretté les pompiers, qui ont précisé que l’un d’eux avait « nécessité de dérouter deux Canadair ».

 

« Nous allons simplifier les règles budgétaires européennes »

Le vice-président de la Commission européenne chargé des questions économiques, Valdis Dombrovskis, prépare la réforme du pacte de stabilité et de croissance.

Propos recueillis par Virginie Malingre Publié aujourd’hui à 09h28, mis à jour à 11h45

Temps de Lecture 3 min.

Valdis Dombrovskis, le vice-président de la               Commission européenne chargé des questions économiques, à               Bruxelles, le 21 janvier. Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne chargé des questions économiques, à Bruxelles, le 21 janvier. JOHN THYS / AFP

Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne chargé des questions économiques, doit passer deux jours à Paris, mercredi 5 et jeudi 6 février, pour y rencontrer notamment le chef du gouvernement, Edouard Philippe, et le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Dans un entretien au Monde, le commissaire letton aborde la réforme du pacte de stabilité et de croissance, qu’il prépare pour la fin de l’année, mais aussi la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du Green Deal.

La Commission s’est livrée à un examen de sa gouvernance budgétaire, dont elle présente les conclusions, mercredi. Quels en sont les principaux enseignements ?

Avec les années, les règles budgétaires européennes sont devenues très complexes et difficiles à comprendre. Nous allons réfléchir à une simplification. On a aujourd’hui des indicateurs qui ne correspondent pas à une réalité observable, comme le déficit structurel [déficit budgétaire, sans tenir compte des effets de la conjoncture]. Il peut être utile d’en choisir d’autres, plus parlants, comme le niveau des dépenses publiques compatible avec une dette soutenable. Par ailleurs, nous devons nous demander comment faciliter, avec l’instrument budgétaire, la transformation de nos économies, à l’heure des transitions écologique et numérique.

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Les règles de gouvernance budgétaire de l’Europe s’avèrent très procycliques, elles accentuent les évolutions économiques, au lieu de les compenser. Ne pensez-vous pas qu’elles devraient l’être moins ?

Certainement. Mais si, quand la croissance est là, les Etats, surtout ceux qui sont très endettés, en profitaient pour réduire le niveau de leur dette et se préparer à des temps plus durs, dès lors, ils pourraient dépenser davantage dans les moments de crise, tout en respectant le pacte de stabilité et de croissance…

Depuis le 10 janvier, les Vingt-Sept sont censés avoir transposé dans leur droit la 5directive antiblanchiment. Que cela va-t-il changer ?

Aujourd’hui, plusieurs Etats membres – une dizaine environ – ne nous ont pas encore notifié avoir transposé cette directive. D’ici à la mi-février, nous allons lancer une procédure d’infraction contre ceux qui ne l’auront pas fait. Et, en mars, nous ferons de même contre les Etats membres qui n’ont pas transposé l’intégralité de la directive.

Par ailleurs, en matière de lutte contre le blanchiment, il nous faut plus de pouvoir au niveau européen. Nous avons des règles très dures, parmi les plus dures au monde, mais tous les pays membres ne les appliquent pas de la même manière et, pour les faire respecter pleinement, il faut que l’Europe puisse en faire davantage à son niveau.

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La Commission évalue à 3 000 milliards d’euros sur dix ans les investissements nécessaires pour que les émissions de CO2 baissent de 40 % d’ici à 2030, conformément à ce que prévoit l’accord de Paris de 2015. Elle a prévu des financements publics de 1 000 milliards. Comment inciter le secteur privé à financer le reste ?

La Banque européenne d’investissement a pour objectif de faire passer de 30 % à 50 %, d’ici à 2025, la part des projets liés à la transition climatique qu’elle financera. Ce qui représente 1 000 milliards sur dix ans. Pour le reste, on veut mobiliser le secteur financier. Notamment grâce à la taxonomie, une classification des activités vertes, que nous avons mise en place et dont les financiers se sont déjà emparés.

Nous voulons aller plus loin et faire plusieurs propositions dans les prochains mois. Nous voulons développer un écolabel pour la finance verte, définir ce que serait une obligation verte ou un crédit hypothécaire vert. En matière de finance verte, on peut encore faire beaucoup. Et il faut que nous nous coordonnions avec d’autres pays pour que ces futurs standards puissent être reconnus partout dans le monde.

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Y compris aux Etats-Unis ?

C’est justement l’exception notable. On discute avec la Chine, l’Inde, le Mexique, le Maroc… Mais, comme vous le savez, le président Donald Trump n’est pas convaincu par le changement climatique… Par ailleurs, il ne faut pas oublier que, dans la foulée de l’accord de Paris, les Européens se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 secteur par secteur. Nous avons fixé des objectifs pour le transport routier, l’industrie automobile, la construction…, qui vont mécaniquement se traduire par des investissements du secteur privé.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est engagée à ce que l’Union réduise de 50 % ou 55 % ses émissions de CO2 à l’horizon 2030. Cela va nécessiter de mobiliser encore plus d’argent. Comment ferez-vous ?

Il y a actuellement des négociations très compliquées entre Etats membres sur le budget pluriannuel de l’Europe pour la période 2021-2027. On ne pourra pas l’augmenter considérablement. En revanche, la Commission s’est engagée à ce que 25 % de ce budget soit consacré à la transition climatique. Ce pourcentage peut monter à 30 % ou 35 %.

 

Boris Johnson promet une action climatique urgente après des critiques cinglantes

Le premier ministre britannique a lancé sa stratégie pour la COP26, qui se tiendra en novembre à Glasgow, après avoir brutalement congédié sa présidente désignée.

Par Audrey Garric Publié aujourd’hui à 04h00, mis à jour à 13h55

Temps de Lecture 4 min.

Boris Johnson et le naturaliste David Attenborough               échangent avec des écoliers au Musée des sciences               de Londres, le 4 février. Boris Johnson et le naturaliste David Attenborough échangent avec des écoliers au Musée des sciences de Londres, le 4 février. CHRIS J RATCLIFFE / AP

Le parterre prestigieux réuni, mardi 4 février, au Musée des sciences de Londres n’a pas suffi à faire taire la polémique. Devant l’écrivain et naturaliste David Attenborough, l’économiste Nicholas Stern et des dizaines de scientifiques, de chefs d’entreprise et de membres de la société civile, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a lancé une « année de l’action climatique » jusqu’à la 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26), qui se tiendra en novembre à Glasgow (Ecosse). Un événement terni par la charge cinglante menée à l’encontre de Boris Johnson par l’ex-présidente de la COP, Claire O’Neill, brutalement congédiée vendredi.

« A moins d’une action urgente, la planète se réchauffera de 3 °C. En tant que pays, en tant que société, en tant que planète et en tant qu’espèce, nous devons agir maintenant », a averti Boris Johnson, aux côtés du premier ministre italien, Giuseppe Conte, dont le pays organise la pré-COP. M. Johnson a appelé tous les gouvernements à suivre l’exemple de son pays, première grande puissance à avoir annoncé un objectif de neutralité carbone en 2050, en juin 2019. Il a également avancé l’interdiction des ventes des véhicules thermiques (essence, diesel) mais aussi hybrides à 2035, au lieu de 2040, et a rappelé que son pays sortirait du charbon en 2024.

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« Le discours contenait beaucoup de mots ou de réaffirmations des succès du Royaume-Uni en matière de décarbonation, mais très peu d’actions. Et rien sur la façon dont il utilisera sa diplomatie pour aider ou persuader d’autres pays de s’engager sur la voie de la neutralité carbone », a regretté Richard Black, directeur du think tank Energy and Climate.

« Luttes intestines »

Surtout, ces annonces ne sont pas parvenues à faire oublier un démarrage officiel de la COP26 chaotique, alors que, quelques heures plus tôt, l’ancienne ministre britannique de l’énergie, chargée de présider la conférence, Claire O’Neill, tirait à boulets rouges sur M. Johnson. « Nous avons constaté un énorme vide en matière d’engagement et de leadership », a-t-elle déclaré à la BBC à propos de l’attitude du premier ministre à l’égard de la conférence climat. « Il m’a aussi avoué qu’il ne comprenait pas vraiment » la question du changement climatique.

Dans une lettre au vitriol adressée au chef du gouvernement, que Le Monde a consultée, Claire O’Neill juge en outre que les préparatifs du sommet dont elle était chargée depuis juillet 2019 sont « à des kilomètres du compte » et accuse M. Johnson de ne pas accorder à la COP l’attention et les ressources dont elle a besoin. Elle dénonce également « des luttes intestines » entre ministères, une impasse dans les discussions entre l’équipe de M. Johnson et celle de la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, ou encore l’absence de feuille de route à communiquer au réseau diplomatique.

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Selon les médias anglais, Claire O’Neill aurait notamment été limogée faute de compétences et d’expérience diplomatique nécessaires. D’après une source du Guardian, « elle n’a pas été à la hauteur, notamment lors du Forum de Davos et lors d’une récente visite ministérielle en Inde. Elle a dit, lors de réunions-clés et à la surprise de tous, que “l’accord de Paris [était] mort ».

Défi diplomatique

Boris Johnson n’a pas annoncé le nom de celui ou de celle qui succédera à Claire O’Neill ; ses équipes ont seulement indiqué que son remplacement doit intervenir « sous peu » et que « cette fonction sera dévolue à un ministre ».

Le Royaume-Uni devra relever un défi diplomatique de taille pour faire de la COP26 un succès. Cette conférence climat est vue comme le moment de vérité de l’accord de Paris, cinq ans après sa signature. Les Etats ont jusqu’à novembre pour publier de nouveaux plans climat plus ambitieux, alors que les promesses actuelles, si elles sont tenues, conduisent le monde vers un réchauffement de plus de 3 °C en 2100. Pour l’instant, 108 pays ont certes promis d’accroître leurs efforts, mais ils ne représentent que 15 % des émissions, selon le think tank américain World Resources Institute.

La COP25, qui s’est tenue à Madrid en décembre 2019, s’est achevée sur un accord minimal, les gros pollueurs sapant toute avancée dans les négociations. « J’ai confiance dans le Royaume-Uni pour obtenir des résultats en novembre, assure Laurence Tubiana, la directrice de la Fondation européenne pour le climat, qui était présente à la cérémonie de mardi à Londres. Le Royaume-Uni peut devenir un leader climatique crédible en embarquant un maximum d’acteurs sur trois axes-clés : la sortie du charbon, la fin des véhicules thermiques et la conservation de la forêt et la reforestation. »

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Reste une interrogation, celle de savoir comment le Royaume-Uni, désormais sorti de l’Union européenne, pourra concilier ses propres intérêts et ceux de la COP26. « Le Royaume-Uni, alors qu’il négocie un accord bilatéral avec les Etats-Unis, sera-t-il en capacité de mettre la pression sur les Américains et de les pousser à réintégrer l’accord de Paris ?, interroge une source proche du dossier. De même, les Britanniques parviendront-ils à maintenir une bonne relation avec les Européens, nécessaire au succès de la COP26, tout en négociant un accord avec eux ? »

 

Patrie du masque sanitaire, le Japon risque la rupture de stock

L’épidémie de coronavirus accentue la demande de protections, dans un pays où le masque fait partie intégrante de la vie en communauté.

Par Philippe Pons Publié aujourd’hui à 00h39, mis à jour à 05h57

Temps de Lecture 4 min.

Au temple Sensoji à Tokyo, le 3 février. Au temple Sensoji à Tokyo, le 3 février. BEHROUZ MEHRI / AFP

LETTRE DE TOKYO

« Sold out. » Au Japon, cette affichette en anglais apparaît désormais régulièrement sur les étagères des pharmacies, des drogueries et des supérettes vendant des masques sanitaires. Dans d’autres commerces, ils sont rationnés par famille. « Vous avez encore des masques ? » « Ah, toujours la même question !, ronchonne le vendeur d’une supérette. Non, pour le moment nous sommes en rupture de stock. »

Dans le pays qui en a popularisé le port, le masque sanitaire est devenu un produit tellement demandé depuis le début de l’épidémie de coronavirus qu’on doit faire plusieurs boutiques pour en trouver. Dans les aéroports en particulier, les Chinois venus sur l’Archipel pour le Nouvel An lunaire les ont dévalisées en achetant les plus performants par dizaines pour eux-mêmes, des proches ou, disent les mauvaises langues, pour les revendre avec bénéfice.

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En 2018, le Japon a produit ou importé 5,5 milliards de masques et le chiffre d’affaires se serait élevé à 35,8 milliards de yens (300 millions d’euros), estime la société de marketing Fuji Keizai, citée par l’agence de presse nipponne Jiji.

S’il n’y a pas encore de pénurie, l’alarmisme incite, comme dans toute situation de crise, à faire provision de produits qui risquent de manquer. « Les masques partent en quelques heures après l’ouverture », dit, à Tokyo, le vendeur d’une droguerie dans le quartier animé de Shinjuku. En une dizaine de jours, les ventes ont augmenté de 20 %, poursuit-il. « C’est la première fois que les masques occupent une place d’honneur, à l’entrée du magasin ! »

Railleries à l’étranger

Un fabricant de l’île de Shikoku a vendu l’équivalent de sa production annuelle entre le 21 et le 31 janvier. A Nagoya, l’entreprise Kowa ne peut faire face à la demande tandis que, dans la capitale, Unicharm a vu ses commandes multipliées par dix. Selon le journal Nikkei, le prix a aussi augmenté en moyenne de 2,5 % par rapport à 2019.

La popularité des masques au Japon a longtemps suscité des railleries à l’étranger : le Japonais ou la Japonaise masqués était devenu l’une de ces images d’Epinal attachées aux habitants de l’Archipel – comme l’avait été autrefois le Français coiffé d’un béret basque et la baguette sous le bras. Ce n’est plus le cas.

Pénurie de masques dans une supérette de Tokyo, le 3               février.
Pénurie de masques dans une supérette de Tokyo, le 3 février. BEHROUZ MEHRI / AFP

En France, « à l’échelle nationale, nous vendons actuellement sept fois plus de masques à nos clients qu’à une période dite normale », déclarait à l’Agence France-presse (AFP) Clotilde Larrose, directrice de la communication du grossiste répartiteur OCP, soulignant cependant que cette augmentation n’était pas significative rapportée à la population. Au Japon en revanche, le bond de la demande est telle qu’à Kobe, la fourniture de masques au personnel médical est devenue problématique.

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Le port du masque a commencé dans l’Archipel au début du XXsiècle dans des usines, pour se protéger de la poussière. Puis, il s’est étendu au-delà lors de l’épidémie de grippe espagnole (1918-1919) qui faucha 400 000 personnes ; une autre épidémie, toujours de grippe, en 1934 le popularisa davantage.

Une attention à autrui

Longtemps vendu en tissu, le masque devait être régulièrement lavé. L’arrivée sur le marché de modèles jetables en a fait un article d’hygiène jugé indispensable et désormais entré dans les mœurs : selon une enquête de l’entreprise pharmaceutique Kobayashi, en 2008, 18 % des Japonais portaient un masque à l’apparition des premiers symptômes de grippe. Trois ans plus tard, ce pourcentage était passé à 30 %.

Contrairement à une idée répandue à l’étranger, les Japonais ne portent pas de masque pour se protéger de la pollution mais pour ne pas attraper un rhume ou ne pas contaminer les autres s’ils sont malades : une attention à autrui qui, pour un habitant de l’Archipel, fait partie de la vie en communauté.

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Le masque sert aussi à lutter contre les allergies à la poussière et surtout, au printemps, au pollen qui provoque une sorte de rhume des foins auquel les Japonais sont très sensibles, au point que les grands quotidiens indiquent les jours où il est particulièrement recommandé de se protéger. Enfin, au cours des torrides étés nippons, des masques dotés d’un filtre humidifié permettent de pallier l’assèchement de l’atmosphère d’une pièce entraîné par le conditionnement d’air.

Neuf filtres lavables

Au-delà de la protection contre les microbes et les allergies, le port du masque peut avoir d’autres raisons : rester incognito, dissimuler un problème dermatologique ou, pour certaines femmes, de ne pas montrer un visage sans maquillage ; enfin, limiter l’interaction avec les autres (ne pas avoir à sourire, couper court aux conversations…) en ramenant la communication à l’échange des regards. Des utilisations diverses qui expliquent que les masques sont en vente toute l’année.

Le marché des masques jetables comporte une variété de modèles : masques en gaze ou en papier de différentes tailles dotés de plis pour s’ajuster au visage (même pour les bébés), modèles conçus pour éviter d’embuer les lunettes du porteur, protections à double sens (filtrant l’air inhalé et rejeté), ou ceux, plus sophistiqués, dotés de neuf filtres lavables.

Le masque est aussi devenu « trendy » : il peut être coloré ou décoré de fleurs pour les filles, de couleur noire ou grise pour les garçons… Mis à la mode par les artistes de Pop coréenne, les masques noirs ont d’ailleurs rapidement fait fureur.


Méfiez-vous des tests de microbiote, jugés peu fiables

La Société nationale française de gastro-entérologie alerte contre des propositions commerciales d’analyse de la flore intestinale qui séduisent de nombreux Français, car elle les juge « sans intérêt clinique ».

Par Pascale Santi Publié aujourd’hui à 07h00

Temps de Lecture 3 min.

Le microbiote suscite un engouement de plus en plus fort, tant au niveau du grand public que de la recherche. Cet ensemble de micro-organismes, bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes, qui constitue notre flore intestinale, est de plus en plus exploré par les chercheurs qui tentent aujourd’hui de comprendre les liens entre les déséquilibres de ce microbiote et certaines pathologies, et notamment les maladies auto-immunes et inflammatoires.

Profitant de cet engouement, des entreprises proposent des tests pour analyser le microbiote, souvent par envoi d’échantillons. De nombreuses start-up ont été créées dans ce but. La Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) ne voit pas cela d’un bon œil. Elle a publié un communiqué sur le sujet, mercredi 29 janvier : « Les tests basés sur l’analyse du microbiote intestinal et proposés actuellement ne sont pas recommandés et ne doivent pas être prescrits par les médecins, quelle que soit leur spécialité. Ils n’ont aucun intérêt clinique pour le médecin ou son patient. » De plus, ils sont commercialisés à « des tarifs souvent très élevés » et promettent « monts et merveilles », déplore la société savante.

« J’en ai assez de voir de plus en plus de patients arriver avec des tests qui donnent de faux espoirs », constate un gastro-entérologue préférant garder l’anonymat. Certains, touchés par une maladie de Crohn ou ayant un enfant autiste, attendent beaucoup de ces tests. « De faux espoirs sont générés avec des sommes importantes dépensées », regrette Harry Sokol, hépato-gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP). Ce spécialiste a même bloqué la possibilité de prise de rendez-vous en ligne sur la plate-forme de l’AP-HP, car la plupart de ces rendez-vous émanaient de patients en quête d’un décryptage de leurs analyses de microbiote. Plusieurs médecins ont d’ailleurs été approchés par ces sociétés… pour les inciter à proposer leurs tests à leurs patients avec une « remise ».

Les recherches sont encore en cours

Certes, de nombreux travaux suggèrent que le microbiote intestinal pourrait servir de marqueur diagnostique ou thérapeutique pour de nombreuses pathologies. Mais, pour l’instant, ces études portent, pour la grande majorité, sur de petits échantillons et ne sont menées que dans une optique de recherche. « C’est à ce stade que l’on en est »</e



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