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Eau en réponse à l'article de Var Matin paru ce dimanche 19 septembre 2021

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Avant-propos

 

Je m'inscris ici dans le débat sur l'eau. Il est impossible de débattre sur ce sujet d'une très grande complexité sans effectuer  un travail important; le sujet m'occupe 24h sur 24. Je ne veux pas discréditer le travail de la Communauté de Communes ni celui de la Régie de l'eau.  Chacun peut se tromper! Tout ce qui suit est mon avis - je n'ose pas dire d'expert - sur le sujet. J'ai été 3 ans "censeur" d'E2S et à ce titre, j'avais accès à toutes les données et j'ai été actif.

 

La réunion publique du 10 septembre 2021

 

Cette réunion publique était organisée par l'Association des usagers de l'eau du pays de Fayence sur le thême "Aurons nous assez d'eau en pays de Fayence?".  Il était annoncé "avec la participation des représentants de la communauté de communes et de la Régie de l'eau". Ce fut en fait une présentation de la vision de l'eau dans notre territoire, de la nouvelle Régie de l'eau de la Communauté de Communes,  sur la base d'une étude réalisée par le bureau d'études de Méounes, BMetudes.eau. Ce BE est un spécialiste de fuites; il n'a pas les compétences nécessaires pour l'élaboration d'un SDAEP schéma directeur d'alimentation en eau potable.

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Je ne partage pas la vision des enjeux de l'eau de cette étude ni celle de la communauté de communes développée par la Régie de l'eau qui la relaie Je la trouve biaisée, mal orientée, voire erronée. Mon propos concerne l'eau brute et l'eau potable, pas l'assainissement qui relève aussi de la Régie de l'eau et qui représente en gros 30-40% de l'ensemble de son activité.

 

Cette vision que je critique,  est la conséquence du transfert de la compétence eau à la Communauté de Communes le 1/1/2020,  de la fin d'E2S le 1/11/2020 et de la liquidation de son personnel et de son directeur dont les compétences sont avérées par 25 ans de bonne gestion. On a remplacé un système qui fonctionnait bien par un système centralisé qui devient une usine à gaz, générant de l'incompétence, un accroissement des coûts et le projet de construction d'un grand bâtiment technique et administratif nécessité par cette centralisation... c'est le défaut de notre France jacobine socialiste de l'époque Hollande.
La Communauté de communes est une institution administrative gérée par des fonctionnaires territoriaux certains d'agir pour le bien public, qui dictent les choix politiquement orientés d'un petit nombre de maires, et obtiennent les votes des conseillers par leur manque d'expertise et donc leur suivisme.

Qu'avait-on besoin de centraliser à Fayence, dans un bâtiment administratif à créer dans le quartier du Colombier,  la gestion des réseaux d'eau de Tanneron, de Mons, et de Seillans qui sont séparés, les réseaux d'eau de chaque commune gérés depuis leurs réservoirs alimentés par E2S; qu'avait-on besoin d'un service commun d'assainissement, pour une station d'épuration commune Montauroux-Callian,   celle de Tourrettes, celles de St-Paul et de Bagnols.

Les débats sur l'eau ont été intenses depuis 3 ans; liquider  FC et E2S était l'orientation politique, soumettre les 3 communes qui ne voulaient pas de ce transfert... En  voilà aujourd'hui le résultat. Le manque d'eau pourrait résulter de l'inefficience voire de l'incompétence de ce nouveau système, bien avant le changement climatique.

 

L'étude considère l'eau sur l'ensemble des neuf communes et confond ressources et productions

 

L'essentiel de l'approvisionnement d'eau du pays de Fayence est assuré par les sources de la Siagnole et par les forages Barrière 1 et 2 et de Tassy 2 dans l'aquifère de la plaine de Fayence, lesquels sont alimentés par le bassin versant de la Siagnole d'une superficie de 95km2. Quand on dit "Siagnole" c'est l'ensemble qu'il faut considérer: sources et forages de la plaine. La pluviomètrie de ce bassin de 95km2 alimente un réseau karstique sous jacent. On estime que 75-80% de l'eau qui tombe s'infiltre dans les karsts par les dolines, les avens et la porosité des sols. La pluviomètrie moyenne sur ce bassin a été de 962mm de 1985 à 2020, avec un minimum en 2007 de 420mm. Les volumes infiltrés se chiffrent en dizaines  de millions de m3.  Pour 962mm  c'est 68.5 millions de m3 et pour le minimum 420mm c'est 30  millions de m3.

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Ce réseau karstique alimente tout le réseau hydrographique du pays de Fayence dont les sources de la Siagnole,  la principale ressource en eau du territoire, facile à prélever, transporter et distribuer par gravité : 

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Les sources de la Siagnole sont des résurgences  de ce réseau karstique. Elles sont distribuées d'ouest en est sur une longueur d'un kilomètre environ. Ce sont la source Neissoun captée depuis l'époque romaine pour alimenter Fréjus par un système de canaux et d'aqueducs; les sources nouvelles captées et exploitées depuis 1918 et la source Jourdan captée et exploitée depuis 1891. Il y a aussi une source propre à Mons qui peut y puiser par pompage et alimenter son réservoir situé au dessus de la commune, mais Mons dispose d'une source indépendante en amont du village. La source Jourdan est la plus pérenne en cours d'année.

 

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Bon an mal an, on  prélève 9.5 millions de m3 par an ce qui fait un débit moyen de 300l/sec ou 25880m3/j. Le débit maximum autorisé par décrets sur les sources est de 425l/sec. En 2017, année dont j'ai les chiffres complets, le débit des sources de la Siagnole a été mesurée de 17.13 millions de m3; cette année là la pluviomètrie du bassin fut de 518mm, ce qui fait par mon calcul sur 95km2 et 75% d'infiltration, 37  millions de m3. Cela suggère que les résurgences de la Siagnole sont 50% du  total cette année là. 

 

Ce sont les conditions d'étiage de ces sources en cours d'année qui sont la préoccupation de possibilité de manque d'eau, ce que montre bien ce graphique de la pluviomètrie mois par mois en 2019 et 2020.:

 

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Ces conditions d'étiage apparaissent clairement sur le graphique suivant qui montre les débits des sources de la Siagnole en 2017, année de faible pluviomètrie (562mm) et année pour laquelle je dispose de statistiques complètes. On constate une décroissance régulière de mars à novembre avec un minimum ce mois là de 183l/sec. Il a fallu ce mois là demander une dérogation au préfet pour ne pas appliquer les 100l/sec de réserve des pêcheurs.imposés en hiver C'est lors des étiages que les forages de la plaine sont utilisés à la capacité

 de leurs  pompes: la Barrière 100l/sec, Tassy 2 52l/s..

 

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Les chiffres de production d'eau et de livraisons aux communes sont données sur ce tableau pour l'année 2017 9.5 millions de m3. Je n'ai pas  la distribution mensuelle des pompages de la plaine.

 

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Ce tableau montre que la production des sources entre pour 83.7% dans la fourniture d'eau et les forages de la plaine pour 16.3%. Ces forages sont conçus pour suppléer les sources lorsque celles-ci sont en débit minimum d'étiage. Le graphique suivant montre  les fournitures au littoral réservoir de Gargalon.

 

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Ce graphique montre que le littoral qui est situé en dernier sur le réseau, prend ce que le pays de Fayence (les Esterets du lac, Adrets de l'Esterel et St-Jean de Cannes) ne prend pas. Un débit important lors des périodes fastes, 130l/sec et plus, et moins en périodes d'étiage de juillet-novembre - 63l/sec en août.  Fréjus et St-Raphaël ont une population importante - 53000 et 25000 respectivement à laquelle peut être distribuée l'eau excédentaire prélevée aux sources.  En été leurs populations doublent, comme les nôtres, le littoral utilise alors davantage ses autres ressources - forages dans la plaine de l'Argens - pour alimenter toute cette population.

 

Voici un tableau des populations servies par la Siagnole et les forages de la plaine. Cet élément de la population concernée par les fournitures d'eau n'a pas été pris en compte dans l'étude de la Régie de l'eau, pour les consommations en litres/habitant et par jour. Il serait difficile d'en faire le calcul, en raison de l'importance de la population saisonnière dont on ne connaît pas la durée de séjour. En effet, il faut tenir compte de la population en nombre d'habitants équivalent année complète pour que le résultat du calcul, litres par jour et par habitant ait une signification utile.

 

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L'étude de la Régie de l'eau considère l'eau sur l'ensemble des neuf communes

L'étude a voulu considérer l'eau sur l'ensemble des 9 communes.

La commune  de Tanneron est complètement séparée; son approvisionnement se fait par pompage dans la Siagne. Mons en est séparé aussi pour l'essentiel de son approvisionnement car elle dispose d'une source propre très en amont du village et d'un réservoir au dessus du village; elle ne se sert de sa source dédiée  de la Siagnole, (elle est située entre les sources nouvelles et la source Jourdan), qu'en cas d'insuffisance de cette source en été, par pompage.  Elle alimente son réservoir en haut du village par pompage de cette source de la cote 546 à la cote 882.   Seillans est alimentée seulement en partie par les sources de la Siagnole par un réservoir situé à la cote 440. Elle alimente la partie haute du village jusqu'à la cote 720 avec ce réservoir.

 

Toutes les autres communes plus les Adrets de l'Esterel, St-Jean de Cannes, Fréjus et St-Raphaël, en totalité en en partie,  dépendent des sources de la Siagnole et des forages de la plaine,  pour leur approvisionnement. Historiquement, les sources de la Siagnole alimentaient Fréjus par un réseau de conduites ancien qui a été modernisé par des conduites en fonte. Ce réseau alimente la commune des Adrets de l'Esterel et celle de Saint-Jean de Cannes par deux piquages sur la conduite - la Fustière et Fréyère - et des bâches où sont installés des groupes de pompage. Avant ces piquages, un autre piquage alimente le réservoir du hameau des Esterets du lac. L'alimentation est assurée à tout moment de l'année par la conduite Sud soit par les sources soit par le forage de la Barrière. Pour qu'il n'y ait pas de possibilité de vidage de la conduite, elle a été relevée en aval des bâches jusqu'à la cote 135m.

 

Le réservoir le plus en aval est donc celui de Fréjus, au Gargalon géré par SEVE.  Ce réservoir prend donc hydrauliquement ce qui n'est pas consommé en amont, comme je l'ai expliqué plus haut et quantifié. Quand la consommation du réservoir est inférieure à l'alimentation, des colonnes de dégazage - six  - permettent de stocker une certaine quantité d'eau - 50m3 chacune - avant de devoir en rejeter au milieu naturel.  En aval de ces colonnes, une station de pompage d'un débit de 140l/s remonte l'eau au réservoir de Gargalon; c'est ce débit qui figure à la convention SEVE - E2S.

 

Les forages de la plaine sont conçus pour suppléer les sources lorsque celles-ci sont en débit minimum d'étiage.

 

En 2005, la société d'économie mixte SEM-E2S a voulu diversifier les sources d'approvisonnement en cherchant à capter de l'eau dans la nappe aquifère de la plaine de Fayence. Le point le plus bas de cette nappe, proche de la conduite qui descend au littoral,  fut choisi à la Barrière de Montauroux. Les études géologiques permirent d'identifier la nappe, sa profondeur et sa capacité de production en débit. Ces études conduisirent à une autorisation de pompage de 100l/sec - maximum 8640m3/jour - qui fut stipulée dans la déclaration d'utilité publique. Ce forage et son débit de pompage étaient conçus pour alimenter les parties basses du réseau - les Esterets, Les Adrets de l'Esterel, Saint-Jean de Cannes et Fréjus réservoir du Gargalon, lors des périodes d'étiage des sources, en été et en automne, avant l'arrivée des pluies. Le forage soulage ainsi les sources de la Siagnole pour l'alimentation des communes qui en dépendent exclusivement.

 

En 2010, à la demande de la commune de Montauroux, une partie de ce débit - 20l/sec - fut affectée à l'alimentation de la partie basse de Montauroux le long de la RD562, en la pompant vers un  réservoir situé à côté de l'ancienne gare de Montauroux. Il reste alors un débit de 80l/sec pour les Esterets, Les Adrets, Saint-Jean de Cannes et Fréjus.

 

Il faut comprendre que la réalisation de forages se fait en commençant par un forage de faible diamètre pour s'assurer de la présence d'eau, de sa profondeur, de sa qualité bio-chimique et du débit de pompage possible, par des essais et mesures de rabattage de la nappe. En cas de résultats favorables, on creuse alors un forage de plus grand diamètre adapté au débit prévu. C'est ainsi qu'à la Barrière on a deux forages: Barrrière 1 et 2. C'est le forage Barrière 2 qui alimente l'aval du réseau. Ce forage est relié à la conduite principale de 400mm qui descend à Fréjus via une bache de 100m3, situé à mi chemin entre le forage et la conduite, la bache de Gaudon.

 

En 2013, la société mixte SEM-E2S a voulu diversifier davantage les sources d'approvisonnement en cherchant à capter de l'eau plus haut dans la nappe aquifère de la plaine de Fayence, ceci afin d'alimenter les parties basses du réseau dépendant exclusivement des sources: le bas de Fayence (réservoir de Maracabre), Saint-Paul en Forêt et Bagnols en Forêt. Une première tentative fut faite sur le terrain de l'aérodrome - le plus proche de la conduite F3 à laquelle il fallait  se raccorder - mais sans succès, en raison d'une qualité bio-chimique de l'eau insatisfaisante et de pollution possible dûe à la proximité de la station d'épuration de Fayence, pas aux normes. Une deuxième tentative, réussie cette fois,  fut faite plus bas dans la nappe mais  plus loin de la conduite F3, à Tassy, sur le chemin montant à la maison de retraite.

 

Les études géologiques permirent de spécifier un débit de pompage de 52l/sec. Là aussi 2 forages furent creusés. C'est le forage de Tassy 2 qui permet un pompage de 52l/s - 4490m3/jour. Le forage de Tassy1 est autorisé à prélever 15l/sec mais il ne sert qu'à l'agriculture et au terrain de sports du golf de Terre Blanche à l'ouest du carrefour des Mercuriales.

 

Les pompages dans les forages de la plaine ne fonctionnent que lors des périodes d'étiages des sources en été et en automne et lors des périodes de forte consommation d'eau dûe aux résidences secondaires, aux locations saisonnières, aux campings et aux touristes. Jusqu'à présent il n'y a jamais eu de restrictions d'eau, les forages de Tassy ont été très peu utilisés; seul le forage de Barrière  2 a été abondamment utilisé.

 

Economies d'eau?

 

Est-il pertinent d'inciter les usagers à faire des économies d'eau? Je me réfère à la proposition de l'étude, de réduire la consommation moyenne actuelle (375l/hab et jour) de 40l/jour et par habitant.

A priori, je pense que non. Notre eau de la Siagnole (les sources principalement) est fatale; une fois prélevée, elle doit être consommée sinon rejetée au milieu naturel. Mais quid des forages de la plaine et des pompages? On peut imaginer une situation où les sources ne fourniraient plus la quantité d'eau nécessaire  pour maintenir les réservoirs pleins et tout le réseau en pression. Dans ce cas, les réductions de consommation auraient un sens, à la fois pour la réduction des coûts, et pour ne pas épuiser le stock de l'aquifère. Donc, tant que les sources fournissent plus d'eau que le réseau en consomme, les économies d'eau ne sont pas pertinentes.

 

Je me réfère aussi  au tableau de comparaisons de consommations de l'étude.

15.JPGCes comparaisons n'ont pas de sens; nous sommes en zones rurales à habitat dispersé, logements à la campagne avec jardins, besoins d'arrosage et piscines. Voir ce billet de  mon blog sur ce sujet.

Les ratios nationaux se réfèrent à une population urbaine de 60%; les ratios Varois à une population urbaine de 50% (Toulon).

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