Assurance-chômage : les syndicats en « colère » contre une « réforme injuste »
De dos Laurent Berger (CFDT) et Geoffroy Roux de Bezieux (Medef) face à Muriel Pénicaud et Edouard Philippe, ce matin lors de la réunion de présentation de la réforme de l'assurance-chômage. Jacques Witt/SIPA
Source: Les Echos Valérie MAZUIR, Leïla De COMARMOND Publié à 13h22Mis à jour à 14h49
Les leaders syndicaux voient rouge. Ils ont vivement critiqué ce mardi les mesures réformant l'assurance chômage dévoilées par le gouvernement , Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, et Catherine Perret, de la CGT, parlant d'une réforme « profondément injuste ». Côté patronat, le Medef a critiqué l'instauration d'un mécanisme de bonus-malus qui sera « soit inefficace, soit au pire découragera l'emploi ».
Tour d'horizon des principales déclarations des leaders syndicaux et patronaux à la sortie de leur réunion à Matignon :
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Laurent Berger : « une réforme archi-perdante pour 100 % des demandeurs d'emploi »
« La CFDT est extrêmement en colère. C'est une réforme archi-perdante pour 100 % des demandeurs d'emploi », a estimé Laurent Berger, « abasourdi » par les annonces. Le syndicaliste, qui a souligné que son organisation n'a « jamais été avare pour adapter les règles du marché du travail » a dénoncé une politique « pas du tout à hauteur de femmes et d'hommes ».
« De justice sociale il n'y a point ; d'humanité pas davantage », avait-il affirmé juste avant, lors de la réunion lors de laquelle le Premier ministre a présenté la réforme aux partenaires sociaux. Une référence aux déclarations du président de la République de la semaine dernière. Intervenant devant l'Organisation internationale du travail, Emmanuel Macron avait fait une forme de mea culpa, affirmant que « nos concitoyens veulent plus de sens, de proximité et plus d'humanité ». Pour illustrer son propos, il avait pris trois exemples concrets, un jeune sans diplôme, une femme seule avec deux enfants et une femme de 45 ans enchaînant les contrats courts, qui subiront de plein fouet la réforme.
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Catherine Perret (CGT) : Avec la réforme, « moins d'un chômeur sur trois sera indemnisé »
Pour Catherine Perret, de la CGT, il n'y a « pas eu de surprise » dans les annonces faites par Edouard Philippe. « Aujourd'hui, un chômeur sur deux est indemnisé. Avec la réforme que prépare le gouvernement, moins d'un chômeur sur deux le sera », a-t-elle critiqué. « C'est par la rue qu'on va contraindre le gouvernement à changer de politique », a affirmé la cégétiste, appelant « les chômeurs à manifester devant l'Unedic où se tiendra un conseil d'administration le 26 mai ». Elle a souligné que « si la catégorie des assistantes maternelles a été un peu épargnée, c'est parce qu'elles se sont mobilisées » et appelé à signer la pétition en ligne de l'Union des cadres CGT (UGICT) et de la CGC contre la dégressivité des allocations chômage pour les cadres.
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Yves Veyrier (FO) : « Un procès fait contre les chômeurs »
« On est en train de faire payer au système de protection sociale l'échec cumulé des politiques économiques », a critiqué le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, jugeant cela « incompréhensible ». « Ce que propose le gouvernement aujourd'hui c'est de sanctionner les demandeurs d'emploi et en particulier les précaires », a affirmé Yves Veyrier, dénonçant un « procès fait contre eux » qui n'est « pas compensé par le bonus-malus » mis en place pour certaines entreprises. Il a souligné que ce bonus-malus ne rapportera rien à l'assurance-chômage contrairement à la révision des règles d'indemnisation. « On a le sentiment que les demandeurs d'emploi vont payer eux-mêmes et les économies et les mesures sur l'accompagnement des chômeurs », a déclaré Yves Veyrier. « 300.000 à 500.000 demandeurs d'emploi » seront touchés, a-t-il estimé.
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François Hommeril (CGC) : « Un jour funeste pour l'assurance-chômage
« C'est un jour funeste pour l'assurance-chômage », a déploré le président de la CGC, François Hommeril. Le régime « avait traversé les crises car il était basé sur le principe d'une solidarité intercatégorielle », « le principe retenu d'une dégressivité pour les cadres s'y attaque », a-t-il dénoncé, affirmant que « le gouvernement fait un procès d'intention aux demandeurs d'emploi et en particulier aux cadres, qu'il considère comme des glandouilleurs ». Il a jugé cela à la fois « grave de travestir ainsi la réalité et indigne quand il prétend agir au nom de la justice sociale ».
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Eric Courpotin (CFTC) : « Le gouvernement fidèle à lui-même »
« Rien de neuf sous le soleil, le gouvernement est fidèle à lui-même, il a abordé la réforme de façon très comptable et financière », a déploré Eric Courpotin, de la CFTC. « Les plus démunis vont sortir des statistiques et des radars de l'assurance-chômage pour se retrouver dans celles des minima sociaux », a critiqué le syndicaliste. Il s'est aussi déclaré « pas convaincu que la manière dont le bonus-malus va être mis en place soit la solution la plus optimale ».
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Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : le bonus-malus sera au mieux « inefficace »
Le président du Medef a critiqué l'instauration d'un mécanisme de bonus-malus qui sera « soit inefficace, soit au pire découragera l'emploi ». Il a jugé que « le volet indemnisation va dans le bon sens », estimant que la modification des règles d'indemnisation « va certainement permettre à des demandeurs d'emploi de reprendre plus vite du travail ». Il a aussi qualifié de « favorable » le renforcement de l'accompagnement des demandeurs d'emploi et celui de l'offre de Pôle emploi aux entreprises.
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François Asselin (CPME) : « Le bonus-malus ne répondra pas à l'inflation des contrats courts »
Le président de la CPME, François Asselin, a focalisé ses critiques sur le mécanisme de bonus-malus inscrit dans la réforme de l'assurance-chômage qui « ne répond pas » à l'inflation des contrats courts. « Comment peut faire une entreprise qui doit exécuter en urgence une commande pour un donneur d'ordre, en dehors de l'intérim et des CDD ? », s'est-il interrogé, craignant de surcroît l'« effet de bord » que pourrait produire l'exonération des entreprises de 11 salariés.
« Pour le reste », le responsable patronal a noté « quelques mesures d'incitation à la reprise d'emploi » ainsi qu'un volet accompagnement, espérant « qu'il fonctionne ». Il a estimé par ailleurs que « pointer les cadres du doigt n'est pas l'enjeu de l'assurance-chômage ».
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Patrick Liebus (U2P) : Attention au risque de contournement du bonus-malus
L'U2P, qui représente les artisans et les professions libérales, l'a joué mezza voce. Il faut dire que l'essentiel des entreprises qu'elle couvre n'est pas concernée par le bonus-malus prévu dans la réforme qui ne s'appliquera qu'à partir de 12 salariés. Patrick Liebus, de l'U2P, n'a cependant pas fanfaronné, attendant par ailleurs « des précisions sur les secteurs concernés par le dispositif ». « Nous serons très attentifs aussi au fait que le bonus malus ne soit pas contourné via l'utilisation de travailleurs détachés voire en imposant aux salariés concernés de se mettre en autoentrepreneur », a précisé le représentant patronal.