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Compte Rendu de notre entretien avec Pierre Ratcliffe, le 14 mai 2019.

Jean Michel Gerassi (VAEL) - Benoit Faurie

Ce qui suit est une  réponse à ton CR "Je reviens sur notre échange d'hier après réflexion de la nuit. Je constate que vous êtes résolument opposés au projet de Suez, là où il est cad. proche de votre quartier des Esterets du lac, comme celui du quartier Séguret aux Adrets; tout en déclarant que le projet est utile pour traiter les déchets du BTP. Il est clair qu'aucune réponse des promoteurs du projet à vos préoccupations (noria de camions, poussières, méthaniseur, pollution des eaux du lac...) ne vous fera changer de position".

Notre positionnement et notre réflexion sont bien plus complexes, je pensais que tu l'avais compris. 

Notre premier argument est positif. Il concerne le choix d'un éco-développement du pays de Fayence et répond à la question : quel est l'intérêt d'un tel projet pour le Pays de Fayence et ses habitants ?  N'est-il pas sur dimensionné par rapport à nos besoins ?

Notre opinion est que la question du traitement des déchets du bâtiment ne  se pose pas seulement à l'échelle de l'Europe (où un tel projet peut se justifier) mais au niveau local  : La priorité doit  être donnée au recyclage local de façon que les rebus des chantiers ne finissent pas à la déchetterie et permettent leur ré-emploi sur les principes d'une économie circulaire locale, ou soient traités sur place (exemple le chantier à Montauroux, au rond point de la Barrière, à côté de l'agence de la BNP, où les déchets ont été concassés pour être réutilisés sur place).

Bien d'accord avec ça; le chantier de l'ex petit centre commercial a été traité comme cela.  Il a fallu du temps et cela requiert des engins de concassage criblage loués et opérant sur place. Il a fallu du temps! et le coût pour le propriétaire est forcément beaucou^p plus élevé que d'extraire ces matériaux de démolition et de les amener en un site dédié.

Il s'agit alors de reconditionner et de revendre (à prix bas) des matériaux (bois, pierre, briques,carrelages...) ou des produits de construction (fenêtre, portes, tuyaux...) à des particuliers ou des professionnels.  Il y a plusieurs exemples en France de telles plateformes. Les déchets inertes étant déjà traités par le Groupe Esterel Terrassement à Fréjus.

Oui  l'entreprise Groupe Esterel de Gerard Ferro est exemplaire en matière de recycage valorisation LIEN. Environ 200000 tonnes par an entrants, au prix moyen de 7.5€/tonne (selon qualités) et recyclage 100% (pas de stockage) origines Est Var et Ouest des Alpes Maritimes.

Pour le pays de Fayence entre un développement de type industriel  s'intégrant aux grands espaces industriels européens, et un mode d’organisation qui consisterait à créer, de manière autonome, sa propre plateforme destinée aux déchets du bâtiment, dans le cadre d'une économie circulaire,  avec les artisans et les entreprises locales.  Car il est certain et couru d'avance que ce ne sont pas les déchets locaux qui vont favoriser la rentabilité de l'usine SUEZ.  SUEZ, une fois les déchets locaux et ceux des départements azuréens éclusés, sera amenée, à terme, à rechercher des marchés dans  toute l'Europe et, en particulier, celui du mâchefer,  dont le traitement est le plus rentable et malheureusement, le plus source de pollution par les métaux lourds notamment, mais parfois aussi par des dioxines, furanes et autres polluants.

La référence à l'Europe est impropre! d'évidence, vous n'avez pas lu le projet de Suez.... ou  ne voulez pas le lire  et la deuxième phrase est une opinion émise pour faire peur et obtenir l'assentiment des bobos. Cela dit, les origines seront  l'Est Var et l'Ouest des Alpes Maritimes; les AM n'ont pas de zones de traitement, sinon monter en montagne.

 Notre deuxième argument est que  le projet peut avoir un impact sur les eaux du lac malgré les dénégations de la Mairie de Caillan. Qui surveillera ? Et que faire quand cela sera trop tard ? A-t-on évalué le coût pour le Pays de Fayence de tels dégâts ? On rappelle que le barrage de Malpasset devait être aussi un « beau projet » sans risque !

Les risques ne concernent pas le pays de Fayence mais l'alimentation en eau à potabiliser par l'usine du Gargalon. Oui il y a là des préoccupations  qui doivent être prises en compte. Sans réponse satisfaisante le projet ne pourra pas se réaliser. La DREAL y veillera. L'ARS aussi.

Le troisième argument que nous avançons concerne les habitants proche de cette usine, ceux des Adrets (2700 habitants) et ceux du lotissement des Estérêts du lac (1500 habitants ). Il est évident qu'ils vont être impactés par plusieurs pollutions : la noria de camions de 10 ou 20 tonnes déversant des poussières, l'encombrement des routes d'accès à l'autoroute déjà fortement obstruées aux heures de pointe, la pollution olfactive issue du compostage et de la station de méthanisation quelque soit les dénégations des promoteurs du projet. On sait aussi que le digestat, résidu du processus de méthanisation de matières organiques naturelles est extrêmement polluant pour les sols, que ce genre d'installation induit des risque de rejet d'ammoniac dans l'air et que la dangerosité de l'installation est elle même est reconnue par l'ADEME* (Agence De l'Environnement et la Maitrise de l'Energie ) comme "aussi dangereuse qu'une station essence". 

Cette station de méthanisation est donc placée dans un massif forestier, a quelques centaines de mètres des premières habitations (qui a oublié l'incendie du Capitou suite au jet d'un simple mégot de cigarette) et a peine plus de la première école maternelle, que le vent dominant dans notre région est un vent d'Est qui transportera ce joyeux mélange (poussières, peut être de l'ammoniac, peut être de l'amiante ISDND mal conditionnée, etc...) sur le quartier des Estérêts et sa crèche, voir plus loin. Il est de fait amusant de lire M. TOSAN dire " Ce sujet concerne tout le monde en tant que territoire, mais par ailleurs ce sont les élus qui prennent les coups" lors d'un comité de pilotage.

*La méthanisation en 10 questions : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-methanisation-en-10-questions.pdf

Encore une fois c'est un point de vue... La méthanisation  de déchets verts et la référence à l'ADEME doivent être vues avec une compétence technique pas de bobos. A vous lire la méthanisation des déchets verts serait mauvaise. NON.  C'est une des techniques les plus prometteuses dans le mix de la transition énergétique. Le SDIS ne laissera pas faire sans assurances.

Qui va surveiller tout ça ? Agir pour l’intérêt local et préserver la qualité de vie des administrés sont toujours dans les prérogatives de nos élus ? 

C'est tout l'objet des comités de pilotage: avant projet, pendant la construction, pendant l'exploitation et après projet .

D'autres arguments avancés portent sur le dépôt sauvage d'indélicats dans notre massif forestier et servent parfois a justifier ce projet. Il est évident que ces actions sont délictuelles et ne doivent en aucun cas se produire, mais un projet de revalorisation des déchets de 1200 hectares est-il  la solution ? Force est de constater que nos élus soudainement très sensibles aux questions cruciales de notre environnement, n'agissent que très rarement sur les excès quotidiens subit par notre massif du fait du passage des voitures, quads, motos, etc... qui transforment de façon continue les sentiers de randonnée en autoroutes. La aussi, ce sont les mêmes qui en subissent principalement les tourments. Les shadoks ont une devise très a propos : "Pour qu'il y ai le moins de mécontents possible, il faut taper sur les mêmes". 

1200 hectares!!!!!! les opérations industrielles se déroulent sur 9 hectares. Plus 2 sites de stockage de déchets ultimes d'une dizaine d'hectares  au total en finale  plus 7ha la centrale PV sur le site des stériles.

Le quatrième argument concerne aussi, pour les habitants à proximité,  la dévalorisation de leur actif. Mais cet argument nombriliste, quoique important pour des retraités ou de jeunes familles, n'est pas à mettre en priorité. La priorité est encore une fois l'intérêt général des habitants du Pays de Fayence et le type de développement qu'ils souhaitent.

Sur ce point je maintiens mon point de vue.... Vous êtes biaisés, ... même si c'est légitime.

Il serait bon pour cela que les édiles du Pays de Fayence mettent en place un Conseil de développement dans le cadre de la loi NOTRe où de tels sujets seraient débattus en amont de tout projet, de manière démocratique et transparente, et non sortis de la volonté de puissance d'un maire qui n'a même pas un adjoint à l'urbanisme !

A Callian le choix du maire a été de fonctionner par une commission,  un groupe,qui donne les avis  de la commune, je ne pense pas que ce soit ni moins collégial ni moins démocratique

Je vois là que vous êtes allé voir Huet et Cecchinato... d'où la référence au chantier de la Barrière et surtout la répétition de la phrase de Huet  "volonté de puissance d'un maire qui n'a même pas un adjoint à l'urbanisme !" On est en en période électorale; Broglio comme Huet veulent être réélus et ils écoutent les électeurs susceptibles de les faire gagner.

Voilà quelques remarques que nous avons soumis à discussion et que nous acceptons de diffuser sur ton Blog.

Cette réponse structurée à mon commentaire le lendemain de notre rencontre est un débat entre nous. Votre  réponse m'a conforté dans ma relation de notre entretien. Ton premier article sur le NJ reflétait LACOVAR; cette réponse reflète une réunion avec Huet et Cecchinato. Je vois que le débat est seulement une confrontation de points de vue non conciliables; il n'y a pas de souhait d'échange, en vue de parvenir à un  compromis et une vision partagée.

Pour ma part, je suis favorable au projet de réhabilitation de ce site dégradé... J'aurais préféré autre chose que j'avais évoqué, une bulle tropicale, un musée, une ferme écologique...; mais c'est ce projet qui a été retenu. In fine, après les 20ans  d'exploitation (2040?), le site sera enfin réhabilité (depuis 1987) grâce à cette opération; et peut-être qu'ensuite on pourra y faire un projet sociétal. Je pense donc qu'il faut laisser le processus d'examen continuer ... Suez a déjà dépensé 1M€ sur cette affaire. Un projet de 55M€ c'est  de l'ordre de 10% en études, soit environ 6M€.  La demande d'autorisation environnementale a été déposée le 1/4/2019. Y aura t il complétude? Si oui, l'examen par toutes les parties concernées commencera....  si ces phases aboutissent favorablement, il y aura enquête publique.... et en final arrêté préfectoral.  Le projet est loin d'être  sur les rails. En attendant, les opposants peuvent saisir le comité de pilotage et les médias...  en essayant d'exprimer de vraies préoccupations et de critiquer le projet là où il a des faiblesses ou des incertitudes.