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Coronavirus : se laver les mains et changer de pied

par Cécile Cornudet (photo)

Après quinze jours de consignes pour se protéger du coronavirus, les pouvoirs publics vont devoir changer de message. Voici pourquoi.

On n'a pas tous les jours une pensée compatissante pour les communicants politiques : ce jour-là est arrivé. Ils doivent se montrer au chevet des Français sans diffuser la panique. Marcher sur une crête, et être prêt à changer de pied. L'imprécision est l'ennemie. Si Emmanuel Macron allège son agenda , le bruit aussitôt court d'une contamination ou d'une peur. Président confiné ? En aucun cas, il se consacre au sujet, doit préciser l'Elysée.

Dans ces moments de crise, il faut parler, informer et donner les consignes. L'équipe s'y atèle, mais butte sur la défiance. Parole publique égale parole contestée. Réserver le port du masque aux seuls soignants n'est-il pas la meilleure façon d'épuiser les stocks ? Les pharmacies sont dévalisées. Les experts à la rescousse : toute parole est appuyée sur celle des médecins.

Voter avec son stylo

Dans ces moments, il faut penser à tout, anticiper, prévoir le pire et le tout petit détail. Ce samedi de Conseil des ministres, plusieurs ministres plaident pour un report des élections municipales . Non, il faut tout faire pour tenir, défendent les deux têtes de l'exécutif, « il y va de l'intérêt démocratique du pays ». Va pour les élections. Mais comment gérer ce stylo unique qui sert à signer les listes d'émargement, s'inquiète un ministre ?

Le plus dur est à venir. Après quinze jours de consignes qui commencent à infuser, l'équipe se prépare à conseiller… exactement l'inverse. Fini le confinement, vive la circulation. Les écoles fermées quand l'épidémie était embryonnaire pourraient rouvrir lorsqu'elle se généralisera. Contre-intuitif ? Certes, mais indispensable. Au stade 1, il fallait empêcher le virus d'arriver en France, d'où le confinement des élèves venant d'Italie. Au stade 2, il faut éviter qu'il circule en France. Cette fois, ce sont les élèves de l'Oise qui doivent rester chez eux.

Au dernier stade, il faudra faire fonctionner le système de soins et donc empêcher le blocage du pays. Ne pas confiner les élèves pour que leur maman infirmière puisse aller travailler à l'hôpital, ne pas bloquer les transports pour que le matériel sanitaire arrive à destination.

Ordres et contre-ordres, adaptation au local, et sans doute préoccupations économiques, elles, beaucoup moins avouables… Autant dire qu'il y a parfois un vrai confort à revenir aux messages basiques. « Il faut se laver les mains toutes les heures pendant 20 à 30 secondes », déclare Edouard Philippe à Bordeaux.