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Mégabassines : « Le fantasme d’une ressource en eau éternellement disponible »

15 janvier 2022

 

Le gouvernement a réaffirmé son soutien au projet de mégabassines dans les Deux-Sèvres, en dépit des altérations irréversibles qu’il va entraîner sur les paysages et l’hydrographie de toute une région, estime Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Délimitez un rectangle de 50 mètres sur 25, soit à peu près la surface d’une piscine olympique. Sur cette emprise, creusez, creusez encore, et ne vous arrêtez pas avant d’avoir atteint une profondeur de 5 kilomètres. Le volume ainsi dégagé correspond à deux fois et demie la pyramide de Khéops : c’est la quantité d’eau qui devrait être pompée chaque année dans les nappes phréatiques, pour remplir les seize mégabassines du projet porté par la Coop de l’eau des Deux-Sèvres, et qui doivent border le sud et l’est du Marais poitevin. Plus d’une vingtaine d’autres sont déjà en place, disséminées dans le nord de cette grande zone humide.


En dépit du gigantisme de l’opération, des altérations irréversibles et considérables qu’elle va entraîner sur les paysages et l’hydrographie de toute une région, des dégâts qu’elle pourrait induire sur les écosystèmes côtiers en y réduisant les apports d’eau douce, la main des collectivités et du gouvernement ne tremble pas. « L’Etat soutient le projet », a répété la secrétaire d’Etat à l’écologie, Bérangère Couillard, le 10 janvier, devant le Sénat.

 

Au terme d’une enfilade d’éléments de langage si attendus et si creux qu’ils en deviennent comiques – « transition agroécologique », « cadre collectif de concertation », « gestion durable et équilibrée des ressources », etc. –, Mme Couillard s’est prévalue des « études scientifiques » attestant des bénéfices du projet, en référence au rapport rendu en juin 2022 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Niveau de la nappe très bas

Pour comprendre, il faut savoir que le rapport en question conclut bel et bien que le pompage de 6,2 millions de mètres cubes dans les nappes, en automne et en hiver, permettra (sans entraver leur recharge) de stocker en surface de l’eau « excédentaire ». Celle-ci pourra ensuite être utilisée en été pour l’irrigation, réduisant d’autant les pompages estivaux. Or, dans cette région, les cours d’eau sont en étroite relation avec les nappes, et dépendent largement de leur niveau. Conclusion du BRGM : entre juin et août, grâce aux bassines, les nappes seront préservées, et les ruisseaux ne s’en porteront que mieux. Les irrigants irrigueront, les rivières couleront : ce sera formidable.

Les choses se passeront-elles selon ce scénario de conte de fées ? Aujourd’hui, une seule des seize bassines prévues est opérationnelle, à Mauzé-sur-le-Mignon. Et le remplissage de cette unique retenue est déjà problématique : le niveau de la nappe, pourtant censée se recharger à un rythme soutenu grâce aux pluies d’automne, est si bas qu’il a fallu attendre la mi-décembre pour commencer à remplir la bassine. Les associations de défense de l’environnement estiment que c’était trop tôt pour commencer le pompage, le débit du Mignon étant encore minuscule.


On se prend à douter. Si, avec une seule retenue en service sur le bassin de la Sèvre niortaise et du Mignon, des tensions sur le remplissage surviennent déjà, comment et au prix de quels sacrifices sur les milieux, ces opérations se dérouleront-elles dans un avenir bouleversé par le changement climatique ? On se réfère donc aux « études scientifiques » chères à Bérangère Couillard, c’est-à-dire au rapport du BRGM. Celui-ci consiste en une simulation de l’impact des retenues sur le réseau hydrographique de la zone d’étude, en utilisant les données d’une période de référence : 2000-2011.

 

Pourquoi une période si ancienne ? Le BRGM explique que « la période de référence de l’étude est 2000-2011, car il s’agit des années météorologiques qui avaient été rentrées dans le modèle », et ajoute que la variabilité de la météo au cours de cette décennie rendait celle-ci « intéressante ».


Reste que cette simulation ne nous informe que sur l’impact qu’auraient eu ces mégabassines dans un monde qui n’existe plus et qui ne reviendra pas. Dans le nôtre, et plus encore dans le monde à venir, la recharge des nappes phréatiques est bouleversée par l’augmentation des températures, la baisse et l’irrégularité des pluies, l’assèchement et l’appauvrissement biologique des sols, l’allongement de la période végétative, la simplification des paysages et l’agrandissement des parcelles… Sans parler de l’évaporation de l’eau stockée en surface dans un climat réchauffé.

Mésusage de l’expertise

Comment le rapport traite-t-il de ces questions ? En les ignorant. Les termes « réchauffement », « changement climatique », etc., n’apparaissent nulle part au long des 143 pages du texte. « L’étude commandée ne demandait pas d’effectuer des simulations sur le(s) climat(s) futur(s) », explique-t-on au BRGM. Ce qui est en cause n’est ainsi pas le rapport de l’organisme public, mais le truquage en creux de sa saisine. C’est un cas d’école de mésusage de l’expertise : les pouvoirs publics ne demandent pas aux experts d’éclairer leur action, ils leur demandent de les maintenir dans l’ignorance confortable des conséquences de leurs décisions.


Dans un texte saisissant et courageux, publié le 21 décembre par la revue Sesame, Philippe Ledenvic, inspecteur général de l’environnement et ancien président de l’Autorité environnementale, met en garde contre cette inquiétante cécité. L’avenir de l’agriculture tel qu’il est projeté par les plans d’adaptation actuels est un « mirage », écrit-il. « Faute d’inviter fermement à la transition, ces exercices de planification enferment l’agriculture dans une impasse climatique en croyant la protéger (…) et l’exposent à des conflits d’usage de l’eau, ajoute l’ancien président de l’Autorité environnementale.D’ores et déjà, le bassin Adour-Garonne a connu des crises graves pour l’ordre public. Les retenues de Sivens et de Caussade ne sont que les symptômes dramatiques d’un fantasme : celui d’une ressource en eau éternellement disponible. »

Stéphane Foucart

 

Dans la Vienne, un programme de trente mégabassines lancé en toute discrétion

Un programme de trente réserves de substitution d’une capacité de 8,9 millions de mètres cubes d’eau au total a été validé début novembre.

Par Martine Valo, 27 novembre 2022

Des champs cultivés dans le département de la Vienne, en juin 2006.<img src="https://jpcdn.it/img/fe1e62e1d8cea007fa8e74280f9c254c.jpg" alt="Des champs cultivés dans le département de la Vienne, en juin 2006."><span class="Apple-converted-space"> </span> Des champs cultivés dans le département de la Vienne, en juin 2006. GUILLAUME SOUVANT/AFP

Les mégabassines font tache d’huile dans l’ancienne région Poitou-Charentes. Le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, a discrètement lancé un programme de trente réserves de substitution d’une capacité de 8,9 millions de mètres cubes d’eau au total dans le bassin de la rivière le Clain, moyennant 60 millions d’euros subventionnés à près de 70 %. A terme 120 exploitations y seront raccordées, sur les 153 engagées dans le protocole d’accord signé au soir du 3 novembre, à peine quelques jours après le week-end de contestation très médiatisé de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Pris au dépourvu, quelques centaines d’opposants se sont rassemblés in extremis dans les rues de Poitiers. Ici aussi, le soutien public en faveur de l’irrigation de l’agriculture confrontée au changement climatique est loin de faire consensus.

La préfecture reconnaît implicitement que le débat sur le partage de la ressource hydrique reste à mener, puisqu’elle annonce un éventuel projet de territoire incluant tous les acteurs de l’eau… mais pour plus tard, après le lancement du chantier des bassines. Car le protocole, objet de concertation depuis 2019, n’a pas convaincu. Il s’est soldé, quelques élus locaux et députés mis à part, par un tête-à-tête entre l’Etat et le secteur agricole, représenté par cinq groupes d’irrigants, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le Crédit agricole, Groupama… La chambre d’agriculture de la Vienne, tenue par la Coordination rurale, n’a pas voulu signer. La Confédération paysanne non plus.

 

D’autres acteurs notables n’ont pas voulu s’associer : les associations environnementales, la fédération de pêche, les syndicats de rivière, l’établissement public chargé de la gestion du bassin du Clain et surtout la communauté urbaine du Grand Poitiers, forte de quarante communes. Avec sa régie publique, celle-ci produit l’eau potable et gère l’assainissement pour les habitants de l’agglomération.


« Projet mené à l’envers »

« La Vienne connaît une sécheresse sans précédent, parce que l’eau ne coule pas de source, parce qu’elle est précieuse, indispensable et rare, économisons-la », répète sans relâche le répondeur téléphonique du Grand Poitiers. La collectivité n’a pas voulu s’associer au protocole, non par opposition de principe au fait de prélever de l’eau de novembre à mars pour l’utiliser le reste de l’année, mais « parce que ce projet est mené à l’envers avec une forme de gouvernance que nous avons découvert à la dernière minute et qui ne nous plaît pas », affirme Laurent Lucaud (PCF), vice-président de la communauté urbaine.


A la demande de l’Etat, une étude importante – dite « Hydrologie, milieux, usages et climat » (HMUC) – est engagée sur l’état de la ressource – devenue moins disponible et contaminée par les pesticides dans la Vienne –, mais ses résultats ne sont attendus qu’en 2023. « Ce travail scientifique pourrait servir à déterminer où les bassines seraient supportables pour les milieux aquatiques, pour quels volumes et quels usages. Le préfet a préféré annoncer d’abord que le protocole pour l’agriculture irriguée vaudrait ensuite PTGE [projet de territoire de gestion des eaux ] ! Il s’agit d’une affaire publique d’intérêt général. Ce n’est pas le cas pour l’instant, même si l’accord contient des éléments importants et novateurs. »L’amélioration des pratiques au regard de l’environnement demandée en retour aux exploitants y est détaillée, mais il n’est pas prévu de budget pour l’accompagnement ou le contrôle, ni pour l’application d’éventuelles sanctions, selon Laurent Lucaud.

Déficit de précipitation de 45 %

Le « désastre environnemental actuel » l’inquiète beaucoup, le déficit de précipitations atteint désormais 45 %. « Nous avons encore moins d’eau qu’en août, 1 500 kilomètres de rivières sont à sec. C’est du jamais-vu, nous ne savons pas combien de semaines nous allons encore pouvoir fournir de l’eau potable. On ne peut pas envisager de stocker le surplus en hiver dans ces conditions, mais seulement le surplus du surplus », estime l’élu.


Du côté de la direction départementale des territoires, Christophe Leyssenne, directeur adjoint de ce service, reconnaît que la signature express du protocole est motivée par l’échéance de fin d’autorisation administrative pour l’aménagement des réserves. Il se veut rassurant au sujet de l’étude HMUC, qui s’appliquera bien à terme. « Elle va avoir des répercussions énormes dans certains sous-bassins où il n’y a plus assez d’eau, nous avons trois ou quatre ans devant nous pour caler des stratégies d’adaptation, assure-t-il. Cependant, les engagements individuels des agriculteurs vis-à-vis des pesticides et des drainages vont forcément les obliger à revoir les assolements de cultures. » Autrement dit, les grandes parcelles, dont on chasse l’eau en hiver pour y passer les gros engins agricoles, mais gourmandes en irrigation en été, comme pour le maïs, pourraient être moins prisées.


L’équipe de Vienne Nature, elle, a fait ses calculs. En tenant compte des dérogations exceptionnelles accordées aux irrigants les années très sèches comme 2003, devenues récurrentes ensuite, elle conclut que les mégabassines ne relèvent pas de la substitution d’eau entre l’été et l’hiver, mais ajoutent en réalité quelques millions de mètres cubes supplémentaires aux volumes annuels autorisés. « C’est une atteinte grave à la nature. Les gens ne comprennent pas pourquoi l’irrigation des grandes parcelles s’est poursuivie jusqu’en août malgré les restrictions qu’ils doivent, eux, respecter aujourd’hui encore », rapportent Michel Levasseur et Jean-Claude Hallouin qui dirigent Vienne Nature. L’association porte plusieurs recours juridiques contre les bassines, avec la Ligue de protection des oiseaux entre autres. « Notre groupe d’organisations a lancé en novembre une consultation citoyenne, histoire de montrer ce que pourrait être un véritable PTGE pour le bassin du Clain », annonce M. Levasseur.

 

 

Le conflit sur les mégabassines pose la question de la gouvernance de l’eau

Les canicules de l’été 2022 et la sécheresse ont mis en évidence la nécessité d’une meilleure utilisation des ressources hydriques. La multiplication des mégabassines, qui ne servent que l’agriculture conventionnelle, peut semer la controverse.

Par Martine Valo, le 16 décembre 2022 

 

Les restes du « Fortin », quartier général des militants contre la mégabassine de Sainte-Soline, en construction dans le departement des Deux-Sèvres, le 8 novembre 2022.&amp;lt;img src="https://jpcdn.it/img/1701a12ab95c2757af07628870d2cc69.jpg" alt="Les restes du «&amp;nbsp;Fortin&amp;nbsp;», quartier général des militants contre la mégabassine de Sainte-Soline, en construction dans le departement des Deux-Sèvres, le 8 novembre 2022."&amp;gt;<span class="Apple-converted-space"> </span> Les restes du « Fortin », quartier général des militants contre la mégabassine de Sainte-Soline, en construction dans le departement des Deux-Sèvres, le 8 novembre 2022. YOHAN BONNET POUR « LE MONDE »

Analyse. La mégabassine, l’agriculteur irrigant et les manifestants : cette fable d’aujourd’hui risque d’occuper l’actualité encore un moment.

Après l’avoir chassée, l’hiver, de leurs champs à grand renfort de drainage, les exploitants des grandes cultures réclament que l’eau leur soit garantie l’été, la sécheresse venue. L’affaire divise et des tensions se manifestent, comme à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), fin octobre. Le drame de Sivens où, en 2014, Rémi Fraisse a trouvé la mort lors d’une manifestation contre le projet d’une retenue sur le Tescou, dans le Tarn, a déjà montré que le consensus français est rompu. Un débat large sur l’épineuse question de la gestion de l’eau – sa gouvernance, sa répartition, les économies à réaliser – ne peut être renvoyé à plus tard.

 

Faute de ce débat, les pouvoirs publics n’ont guère de chance d’aborder sereinement la question du stockage de la ressource hydrique. Est-elle pertinente ? L’idée de thésauriser de l’eau ne date pas de l’essor de l’agriculture intensive. Voilà longtemps que les sociétés humaines détournent des rivières à leur profit et récupèrent les précipitations. Mais 2022 a donné aux Français un aperçu des effets du changement climatique en cours. Tous les experts annoncent des sécheresses plus intenses et plus longues – pas seulement l’été : elles pourront être pluriannuelles, y compris dans les zones tempérées.

Pénuries prévisibles

Désormais, tout le monde veut donc sa retenue collinaire, son barrage, son lac artificiel, son réservoir : de l’eau pour éteindre les incendies de forêts, pour produire de l’hydroélectricité, fabriquer de la neige, arroser fruits et légumes, abreuver les animaux, soutenir les débits des rivières où les poissons ont du mal à survivre dès le printemps… Diversifier les prélèvements pour l’eau potable ne suffit plus : une centaine de communes ont dû être approvisionnées par camions en juillet et août.

Face aux pénuries prévisibles, l’hydrologue Florence Habets suggère d’envisager des formes nouvelles de stockage dans des nappes souterraines préservées ou des lacs de montagne bien protégés. La démarche n’aura de sens que si l’on s’autorise à n’y puiser qu’en dernier recours, prévient-elle.

L’opinion publique peut donc légitimement s’interroger sur les priorités de l’Etat. Certes, il n’y a pas d’agriculture sans eau, mais il n’y a pas non plus de vie tout court. Consteller le territoire d’immenses infrastructures, essentiellement financées par de l’argent public, pour quelques poignées d’exploitants irriguant principalement des grandes cultures ne constitue qu’une réponse parcellaire. D’autant que leur modèle intensif ne représente que 5 % de la superficie de la ferme France.

Le projet controversé de Sainte-Soline est destiné à desservir une douzaine d’exploitations. Pourtant, ce cratère tapissé d’une bâche en plastique s’étend sur 16 hectares de terre agricole ; son volume est de 720 000 mètres cubes, l’équivalent de 200 piscines olympiques. Seize nouvelles autres sont prévues dans le département. Que le contenu des retenues de substitution comme celle-ci soit pompé dans les nappes phréatiques en hiver pour servir à la saison chaude ne change pas grand-chose au sentiment d’appropriation d’une ressource que la loi consacre comme un bien commun.

Cette perception est renforcée par la façon dont l’Etat opère dans les régions. Non pas qu’il n’y ait pas de concertation organisée en amont. Mais lorsque les discussions butent sur des désaccords, l’autorisation est tout de même accordée et l’élaboration en commun d’un éventuel « projet de territoire pour la gestion de l’eau » renvoyé à plus tard. C’est ce qui s’est passé dans la Vienne, où ont été annoncées, en novembre, trente nouvelles mégabassines, contre l’avis de l’agglomération de Poitiers qui produit elle-même l’eau potable pour ses habitants.

Le « Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique », qui a rendu ses conclusions début 2022, semble avoir donné un coup d’accélérateur à la multiplication des retenues. Lors de cette consultation où la parole leur a été majoritairement réservée, les professionnels de l’agriculture conventionnelle ont plébiscité ce type d’équipements. Leur choix prend donc forme sur le terrain, malgré le manque d’études sur les effets de ces infrastructures à l’égard de l’environnement. Drôle de pari sur l’avenir.

Rôle déterminant du préfet

Paradoxalement, la France se targue d’avoir une approche du cycle de l’eau si exemplaire qu’elle l’a exportée dans de nombreux pays depuis les années 1960. Dans l’Hexagone, la ressource est appréhendée par grands bassins-versants cohérents sur lesquels veillent six agences de l’eau. Ces dernières ont pour mission d’intérêt général de collecter une redevance pour soutenir des actions de préservation des milieux aquatiques. Elles sont aussi chargées de mener des réflexions prospectives, d’accompagner les collectivités locales dans leurs investissements… et de financer les fameuses bassines. Un comité de bassin associe diverses catégories d’usagers à l’orientation des programmes des agences. Mais, à la fin, le rôle du préfet qui préside leur conseil d’administration reste déterminant.


Un rapport du Sénat sur l’avenir de l’eau, rendu public le 7 décembre, passe en revue toute la chaîne de décision concernant la gestion de l’eau, analysant comment sa complexité a fini par livrer le secteur aux techniciens. Les auteurs observent que le citoyen en est écarté. Ils plaident pour une politisation de la gouvernance de ce bien commun vital. Difficile de ne pas acquiescer.

Mais les sénateurs en déduisent qu’il est urgent de donner plus de pouvoir en la matière aux élus locaux, au premier rang desquels les conseillers départementaux. Sachant que les représentants du secteur agricole sont nombreux parmi eux, il n’est pas sûr que cela rééquilibrerait le débat.