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Cette France majoritaire qui vit déjà en décroissance (et prépare la résilience ?)

Il peut être estimé qu'une bonne majorité des Français vit déjà en "décroissance" (c'est en quelque sorte ce que signifie le "déclassement social", "galérer de plus en plus pour boucler les fins de mois", "avoir de plus en plus de mal à faire le plein", "commencer à se priver de loisirs" etc...). Le but de cet article est de vous rapporter des témoignages de toutes sortes et de toutes classes sociales vivant déjà en décroissance depuis une décennie (voire plus). Cela met quelque peu en perspective le débat sur "faut-il faire de la croissance ou de la décroissance ?" (on peut de toute façon douter que l'une ou l'autre puisse se décréter, mais passons), puisque la décroissance serait déjà majoritairement là, et qu'elle semble hélas en grande partie subie. C'est un constat, et je ne suis pas responsable des chiffres officiels qui permettront de l'étayer (et je pense franchement que personne ne l'est). Croyez moi, je préférerais largement que tout le monde soit de plus en plus riche et qu'on détruise de moins en moins la planète. Or c'est exactement l'inverse qui se produit.

Le but de ces témoignages est de :

1) Donner, par induction, une idée de ce que ressentent les gens et de ce que signifie de "vivre avec X€ / mois dans telle situation" ou "Y€ / mois dans telle autre situation".

2) La nature ayant horreur du vide lorsque l'Etat et/ou les entreprises abandonnent les gens, montrer que de nouveaux modèles se créent (mais ce sera le focus d'un prochain article, car ce n'était pas le but annoncé de mon appel à témoignages). La "résilience" n'a potentiellement pas attendu les séances de brainstorming de nous (et moi) "têtes pensantes" dernières rescapées du déclassement social. Elle est déjà pratiquée ici et là et des modèles apparaissent spontanément lorsque les individus sont de plus en plus livrés à eux-mêmes. J'en ai un petit aperçu en Ariège (sans nullement idéaliser la vie là-bas, qui est dure, et le serait encore davantage sans le RSA), département qui n'a jamais véritablement connu la "croissance" des métropoles, ni même celle des anciens territoires industriels.

Avant d'en venir aux témoignages, puisque le déclassement social n'est apparemment qu'un "ressenti démenti par les chiffres officiels" (je comprends de mieux en mieux pourquoi ce discours, que j'ai tenu par le passé, peut être profondément agaçant), voici justement quelques chiffres officiels. Sautez directement après le point 4 si vous n'en avez rien à secouer et voulez passer directement aux témoignages.

1) La croissance de l'économie ramollit décennie après décennie... jusqu'à être quasi-nulle depuis 2008. Nous sommes en haut de cycle économique (du moins à en croire les annonces d'une prochaine crise), et le PIB par habitant est quasiment au même niveau qu’en 2008, le précédent haut de cycle. D'après mes calculs sur des données World Bank du PIB par habitant : +5% sur la décennie 2008-2018 en PIB constant à Parité de Pouvoir d'achat, +9% en PIB courant. Autant dire de l'ordre de +0,7% par an (en moyenne, sachant qu'en principe, les pauvres et les classes moyennes ne sont pas au-dessus de la moyenne).

Et encore, d'après des analystes comme Christophe Nijdam (merci encore Christophe, votre Thinkerview fut vraiment un révélateur important) : "pour sauver le système en 2008, on a planté les germes d'une crise peut-être encore plus grave".

2) Les graphiques de cet article suggèrent la même chose. D'après Eurostat, notre PIB réel par habitant a à peine augmenté depuis 2008. D'après la Banque mondiale, notre PIB courant en dollars par habitant a baissé. Seul le PIB courant (donc non corrigé de l'inflation) en dollars PPA a augmenté. Cet indicateur constitue l'un des derniers refuges des partisans du "meuuuuh non tout va bien, ce n'est que du ressenti" (alright dude, whatever floats your boat). Ces mêmes partisans qui dans les années 2000 mettaient par exemple en avant la hausse du "pouvoir d'achat" (un indicateur contestable, dont la moyenne rassurait néanmoins ceux, comme moi, qui ne voulaient pas voir cette France qui s'appauvrissait déjà).

3) Justement, le "pouvoir d'achat" est au point mort depuis 10 ans. Cet article de l'INSEE affirme "Cette disparité entre les ménages est d’autant plus importante que la croissance du pouvoir d’achat par unité de consommation a fortement ralenti depuis la crise : +0,1 % par an en moyenne entre 2007 et 2017 au lieu de +1,9 % par an en moyenne entre 1997 et 2017."

+0,1% par an, autant dire zéro. C'est une moyenne, et cela m'étonnerait que la majorité des Français soit au-dessus (sauf à penser par exemple que les 70% du bas auraient fait de la croissance, et que les 30% du haut auraient fait de la décroissance).

De surcroît, le pouvoir d'achat est une mesure imparfaite (l'article de l'INSEE l'explique très bien lui-même), mais ses imperfections ne plaident guère dans le sens de la prospérité. L'indicateur n'intègre pas, par exemple, le fait que les "dépenses contraintes" (carburant, logement) augmentent plus vite que l'inflation, et plus vite pour les pauvres que pour les riches (cela est développé dans les points 8 et 10 de cet article). Par ailleurs, l'indicateur du pouvoir d'achat n'intègre pas le fait que les produits de luxe deviennent des nécessités, un exemple notable de la dernière décennie étant le smartphone pour toute la famille.

4) D'après des analystes comme Christophe Nijdam, à défaut de donner du pouvoir d'achat aux gens, on leur a donné du crédit. En effet, le crédit n'est pas intégré au revenu servant à calculer le pouvoir d'achat. On peut néanmoins douter que les ménages modestes aient un accès  significatif au crédit ou, lorsque c'est le cas, que cela soit particulièrement signe de prospérité.

Voici maintenant les 17 témoignages reçus sur Facebook de ceux qui vivaient la décroissance, copiés-collés tels quels (6-7 témoignages FB furent reçus de personnes vivant en croissance, mais pour une démarche scientifique fiez-vous plutôt aux "chiffres officiels").

Certains font état d'une grande perte d'espoir en notre société et en l'avenir, mais aucun ne m'est apparu malveillant, bien au contraire, je suis même étonné d'un tel degré d'apaisement au vu des désastres sociaux et écologiques en cours. Notre communauté d'intérêt semble entretenir un esprit de paix malgré les difficultés senties ou pressenties, ce qui est rassurant. Merci !

"J'étais patron d'une PME dans le bâtiment qui a fait faillite en 2008. Depuis, j'ai jeté l'éponge, j'ai fui ce système qui détruit le vivant, pour préparer l'autonomie et la résilience (alimentaire, mais pas seulement) avec mon voisinage. J'ai encore des dettes à payer, j'y arriverai, je ne dépense quasiment rien à part cela, et je serai totalement libre lorsque ma dette sera payée. Sur la décroissance subie, effectivement c'est bien pire que tu ne sembles le penser Cyrus. Les personnes des classes inférieures subissent déjà de plein fouet la crise depuis longtemps."

"C'est évident pour moi qui fréquente un panel sociologiquement extra-large que la décroissance est déjà là. L'écart se creuse de plus en plus en effet, et les plus modestes déploient, pour certains, des stratégies à la marge pour amortir les chocs. Tu le vois aussi beaucoup plus en milieu "rural" (la majorité du territoire étant rural contrairement à ce que les statistiques prétendent ... qui considèrent que n'est plus rural un environnement au delà de 5000 habitants ... or avec les com-com il n'y aurait donc que de l'urbain ... ce qui est une gageure). Bref, c'est un autre sujet, mais en tous les cas, je peux te dire que les pauvres augmentent en nombre... partout."


"Je crois que pour une grosse majorité les revenus n’augmentent plus depuis longtemps. Je suis médecin (praticien hospitalier) et notre point d’indice n’a pas augmenté depuis 12 ans, et notre pouvoir d’achat perdu 25% en 20 ans. Alors même dans un milieu bourgeois, beaucoup sont plus ou moins décroissants.Je ne roule plus en voiture, je ne prends pas l’avion donc passe mes vacances en France, le plus souvent en bivouac en montagne, et fait les trajets en vélo. Donc oui, même en milieu bourgeois en île de France, pour maintenir une certaine qualité de vie, il a fallu trancher dans les dépenses. Par ailleurs, en tant que médecin légiste (thanatologie et vivants) je vois en consultation des gens de tous milieux sociaux, du SDF migrant toxicomane aux benzodiazepines au cadre très supérieur. Et la majorité des gens que je vois ne sont pas franchement aisés dans leur vie quotidienne, que ce soit des gens CSP+ ou défavorisés. Les seuls gens réellement aisés que je vois en consultation sont soit des boomers, soit des retraités, soit des salariés du tertiaire ne produisant rien de réellement utile. Cela m’attriste profondément sur la société actuelle."

"Pour être né en 1970, et comparé le niveau de vie de mes parents à l'époque, ce qui a augmenté et fait la différence : l'énergie gaz essence, clop, forfaits et téléphone portable et internet, les ados sont plus la cible des marques à la con aussi !Bref si j'habille tout le monde chez Kiabi, que je paye mes clops 1€le packet, que je jette les iPhones et autres, en mettant de l'essence à 60 centimes ! Je peux rivaliser avec les générations passées..."

"Je vois de plus en plus de gens sauter des repas ou acheter des produits de mauvaise qualité qui n'étaient même pas proposés à la vente auparavant. Rien de plus écoeurant que ce poulet à bas prix ou ces galettes des rois toutes sèches vendues actuellement dans les rayons premiers prix (qui n'existaient pas non plus il y a quelques années)."

"En tant que paysan je n'ai que 800 euros de retraite mensuelle.Mais j'ai une épouse qui a 1400. Donc ça va bien.Par contre j'ai un gros atout, je me fiche royalement de ce que possèdent les autres, je ne suis pas du tout envieux. Et quand je vois à la télé des télé-réalités ou des reportages dans le luxe... Ça me dégoûte plus qu'autre chose. En plus quant on voit les résidences de riches personnes on s'aperçoit qu'ils ont souvent des goûts de chiottes. Je plains ces gens. Je pense même que leur avenir est compromis."

"J'ai effectivement l'impression de devenir un cas social au fur et à mesure que le temps passe 🤔 c'est un ressenti... c'est surtout un sentiment d'impasse le cliché de la personne qui ne s'en sort pas, toujours au ras des pâquerettes, qui a besoin d'aides financières extérieures (pour l'instant on jongle mais chaque mois je me demande comment on va faire le mois suivant pour manger bien... tous les 3 mois à quelle sauce la CAF va estimer que j'ai bien travaillé ou trop... et il faut changer notre unique voiture), on se rend compte que si on ne bosse pas comme des calus ce ne sera pas mieux que nos aides sociales et nos petits plus qui sauvent la mise... quel choix ! j'ai toujours géré les paperasses et là je sature de brasser du papier... j'ai souvent été au ras des pâquerettes sauf qu'on s'en est toujours sorti, avec bien moins. On rentre proportionnellement plus que ce qu'on est plus nombreux... Pourtant on ne gaspille pas et on n'a même plus de loyer !!! Ce choix d'habitat a été choisi mais je pense qu'on y aurait été contraint... sentiment d'impuissance et d'insécurité. Je sais aussi que je manque d'enthousiasme à remuer les administrations pour obtenir par ici un prêt d'honneur, par là un don modique, renouvelable 1 fois par an..."

"Ancienne parisienne « bobo », expatriée pendant 10 ans, revenue en France en province, vivant de revenus fonciers avec des locataires très modestes.... nous sommes dans 1 village de 1200 âmes, nos locataires sont soit retraités soit au RSA, 3 travaillent sur 12 ! 4 ont les APL. 10 sur 12 ont ce que j appellerai une vie de « merde », ils ne partent jamais en vacances, n ont jamais pris l avion, n ont pas d ordinateurs, certains sans voiture en +, aucun débouchés.... évidemment c est la mal bouffe, les saucisses, steak hachés surgelés par paquet de 20.... les soucis de santé qui vont avec.... bref, la fameuse France périphérique obligée d avoir un smartphone pour les démarches administratives, une voiture pour le moindre déplacement en l absence quasi totale de transport en commun.... aberrant les 2 bus qui passent chaque jour desservent les 2 petites villes du coin mais pas la ville où se trouve l ANPE, la CAF.... du coup il faut prendre 1 bus + 1 train pour aller aux RDV ANPE.... ceux qui sont convoqués avant 11h du matin ne peuvent y être sans voiture !!!! Tout est fait par les mairies et les communes pour « enliser « cette population, fermetures progressives des commerces de proximité, pas de crèche, pas de lycée.... nous nous retrouvons à jouer les assistantes sociales, à remplir les formulaires, leur faire leurs démarches malgré les retards de loyers... de notre côté nous nous estimons privilégiés et réinvestissons chaque année la quasi totalité de nos revenus dans l entretien de nos locations à 5 euros du m² !!! Nous avions le choix vendre et mener grande vie ou réduire notre train de vie.... nous sommes 3 et vivons avec 1500 € par mois (heureusement pas de loyer !) nous sommes donc devenu des « pauvres propriétaires « . Tout notre budget passe dans l alimentaire de qualité auprès de petits producteurs locaux bio...."

"Vivant légèrement au dessus du seuil de pauvreté, mon ressenti est qu’il est de plus en plus difficile de joindre les 2 bouts. Je fais parti des « assistés » pointés du doigts par nos élites. Nous avons la chance d’avoir à coté une famille nombreuse aisée et des amis aisés donc matériellement on récupère de nombreuses choses (vêtements pour les enfants par exemple), ce qui compense le budget alimentaire (allergies de mes enfants aux plv et au soja par exemple donc choix restreint et plutôt cher) et le unschooling (qui est loin d’être gratuit car les activités et déplacements coûtent un fric fou) entre autre. Les reformes des allocations dont je dépends (AAH, APL) m’inquiètent à un plus haut point car on va vers plus d’opacité sur nos droits... et changer de mode de vie est difficile quand on n’a pas de filet de sécurité... mais on y crois 🙂"

"Notre économie est, comme la technologie, l'art, la philosophie, à bout de souffle. Notre monde se meurt sous une couche de vernis , maintenue par une pseudo élite se raccrochant à de pitoyables restes. La paupérisation des masses est une réalité palpable, dont les mouvements sociaux, rien qu'en France, sont les symptômes. Ce qui est triste c'est l'aveuglement volontaire des masses; je croise des personnes de tout milieux socio-économiques , qui en face à face disent que "c'est mal parti", "que c'est la fin", etc. Mais seule une minorité change sa façon de vivre, s'accrochant, par peur ou par égoïsme à son "confort". L'inconscient collectif sent une "mort" prochaine; tout comme chaque individu la réaction face à une fin inéluctable est souvent le déni mais aussi un rapprochement au spirituel."

"Ayant était un véritable rebelle de la société jusqu'en 2005. j'ai franchi le pas pour créer des entreprises, pour vivre mieux. bien sur j'ai du m'endetter. chose que je refusé de faire, pour ne pas alimenter le système. en 2014, le premier coup de hache est tombé, résultat des soucis de 2008. j'ai donc décide de m'endetter plus pour relancer une nouvelle entreprise. depuis 2017, je compte mes efforts, mes gains, mes nouveaux soucis de chef d'entreprise. je vois mes clients....après 2 ans d'incertitude, de questionnement, faut il développer, ce battre, ou rester à la calé. enfin de compte, c'est l'Etat français, aider de ses sentinelles de la mort (URSSAF, Impots) qui mon fait prendre la décision de revenir vers mon ancienne vie , celle d'avant 2005. car travailler comme un chien pour toujours gagner moins ne ma pas convaincu que j'avais fait un bon choix. donc, a l'heure actuel, je suis dans un mode "survivaliste, décroissance brutale"."

"Ca me fait vraiment bizarre de lire que des personnes peuvent vivre dans des mondes si différents. Les difficultés économiques augmentent pour les plus pauvres depuis trente ans. La décroissance est effectivement subie pour plein de gens. Les salaires n'ont pas augmenté en proportion de l'inflation. Les aides sociales sont de plus en plus réduites et difficiles à avoir. Les loyers explosent. J'ai gagné plus que le SMIC pendant trois ans de ma vie (1600 bruts pendant 2 ans et 1900 bruts pendant 1 an), ce furent mes années de riche ^^ J'espère atteindre de nouveau de tels salaires un jour car pour moi ça suffit largement pour vivre bien. Tu connais le journal Fakir de François Ruffin, Cyrus ? Ça pourrait t'éclairer sur la réalité de la vie des non-bourgeois. Je suis vraiment triste de la déconnexion qui existe entre les classes sociales, entre les politiques et beaucoup de gens. Entre les citadins et tous ceux qui n'ont pas les moyens de vivre en ville et se réfugient dans les campagnes. Ce sont d'abord les ouvriers qui ont subi de plein fouet la mondialisation avec le chômage et la misère comme résultats. Les classes intermédiaires suivent avec un décalage de pas mal d'années. Les classes supérieures seront les derniers. Le problème c'est qu'ils tiennent le gouvernail. Mais ils continuent d'écouter l'orchestre sur le pont du haut pendant qu'en bas les autres ont déjà de l'eau jusqu'à la taille."

"Je vis sous le seuil de pauvreté depuis quelques années déjà, et depuis les dernières années, tout s'est accéléré, ça devient particulièrement difficile de vivre, tout augmente sauf les minimas sociaux."

"Depuis le temps que j'ai pris ma retraite, mon niveau de consommation a été divisé par deux à peu près. J'ai d'abord contourné le problème en allant vivre dans un pays pauvre moderne, la Chine. Mais ce pays est devenu riche. Donc, replié dans mon pays natal entre-temps appauvri, je continue d'aller bien, en rétrécissant ma vie matérielle."

"Je vis dans un "quartier" dans une ville de 40 000 habitants dans le nord est. Autour de moi, je vois en effet une forme de décroissance subie, comme vous dites. Mes voisins achètent d'occasion ce qu'ils achètent à leurs enfants, mais globalement, la préoccupation est d' acheter de la nourriture ( pas chère) . L'école du quartier de ma fille fournit absolument tout le matériel, parce que sinon il y aurait des gamins sans stylos.... Les vêtements , on les achète en friperie, Emmaus, ressourceries etc et on se les refile ... la plupart des mères de famille autour de moi n'ont pas de voiture, pas de permis de conduire, pas de travail et courent partout pour essayer de faire des petits emplois en espérant être moins anxieuses par rapport aux courses alimentaires le mois suivant .... C'est le quotidien. Il me PARAIT plus rude qu'il y a 30 ans ds le même quartier, où je vivais déjà , que j'ai quitté pour une métropole plus riche et où je suis revenue parce que je n'aime pas vivre parmi les bourgeois ......Au plaisir de continuer de vous lire."

"Il y a 8 ans j'ai commencé à voyager en tant que marin. Au cours des années j'ai allégé mon sac à dos. Aujourd'hui il pèse moins de 10kg. C'est tout ce que je "possède" dans la vie.Plutôt que d'investir à l'extérieur, j'ai investit en moi, cherchant les fondements de la vie. Après plusieurs années je peux donc vivre n'importe où, en confiance. De part mon savoir, mes connaissances des langues mais surtout de ma confiance en la vie et en son tempo. Certain appellent ça la chance, moi j'y vois une partition. Je n'ai pas vu le hasard pendant ces années (et pourtant à l'origine grand défenseur des thèses de Monod).Si la question est le niveau de vie, il faut alors le définir, c'est lié au confort ? Matériel ? Nourritures, eau, qualité ?Quand je vois mon niveau de vie avec en gros 500 euros par mois.Il est plutôt lié à ma capacité à NE pas dépenser.Car du point de vue de la qualité de vie sur cette planète, elle me paraît décliner. Pollution des eaux, dégradations des sols, mort des forêts, mort de la nuit, mort du silence.Donc la qualité de vie décroît dans tous les domaines, c'est pourtant ça nos richesses, on les perd chaque jour un peu plus.C'est cette qualité d'environnement qui fait notre santé, mental et physique. En effet tout est sur le déclin. Alors quand je vois des personnes plus haut défendre le 0,1 %de croissance économique, à base de rhétorique. Bref, c'est pas le pouvoir d'achat qu'il faut défendre, c'est les organismes vivant en nous et autour, partout.Forcément notre science ne progresse plus non plus. On a créé de la monoculture d'humain. Flemme de développer tout ça, plus envie de défendre des points de vu.Cependant les signaux sont partout, arrêterons de nous mentir, s'il vous plait."

"Il y a 7 ans, on s'est cassés de Paris et nos 26m² royaux rue du faubourg saint-antoine pour 2 pour se retrouver à Descartes, ville industrielle sans industries (avec le prix de l'immobilier qui va avec).Changement total de cercle social, fini les IPA, les musées, cinés, concerts et les discussions de gauchistes, bienvenue foot de campagne, tournées au PMU et foire au boudin.Il y a 4 ans bientôt on a eu la possibilité d'acheter ailleurs, on est parti dans un hameau au fin fond du sud du département, peuplé en majorité d'anciens agriculteurs, beaucoup moins de misère sociale malgré tout ( les agriculteurs retraités, même avec peu de bêtes et terres s'en sortent bien, maisons refaites à neuf, des économies au point de dépenser plus de 10000€ pour faire goudronner 200m² de cour intérieur...) mais en ce qui concerne les discussions, ça tourne pas plus haut que dans notre ancien village. Aujourd'hui on vit à 2 sur mon salaire d'informaticien (60h/mois en télétravail pour 1000€), sans loyer, et on a jamais été aussi "riches".Sans magasin à disposition, sans pubs en continu, sans aller sur les sites de vente en ligne, on manque vite de rien, et on se fait pas tenter par de l'inutile."

 

Source: collaborativepeople.fr par Cyrus Farhangi 3/1/2020