La Semaine européenne de réduction des déchets a commencé hier et s'achève dimanche prochain. En la matière, notre région ne brille pas. Comment faire pour y remédier ?
Mettre en avant les bonnes pratiques de production et de consommation, voici l'habituelle ritournelle de la Semaine européenne de réduction des déchets. Alors que débute sa 10e édition, coordonnée en France par l'Agence de la transition écologique (Ademe), les animations fleurissent un peu partout pour tenter de changer les habitudes du plus grand nombre, du particulier aux collectivités en passant par les professionnels, sans culpabiliser. Elles devraient recevoir un écho particulier puisque 88 % des Français, soit 9 Français sur 10, considèrent que « la réduction des déchets doit être une priorité nationale »(1).
Prêts à changer de mode de vie
Entre la COP26 de Glasgow et les possibilités accrues de tri des déchets, le contexte est, certes, favorable. Pourtant, l'exercice de la prévention autour des déchets demeure toujours aussi délicat. Car cela signifie rentrer dans la vie privée des gens en leur demandant de changer de mode de vie...
« Habitants relais » dans les quartiers
Partant du principe que rien ne remplace la proximité et l'humain, l'idée de former des » habitants relais » dans les quartiers et des agents à la prévention des déchets pour toucher plus d'habitants, fait son chemin dans certains territoires. Encore faut-il que le courant passe entre cet « habitant relais » (qui serait salarié) et sa source « cible » qui devra certainement user de trésors de diplomatie pour éviter la surtension » de directives.
Supermarchés du don à l'horizon
Outre la tendance à la réduction des emballages, l'essor du vrac et le retour à la consigne si «joliment» évacuée durant les années 80, le mouvement est en route vers les « recycleries » (57 % des Français adhérent au principe), avec pour objectif de « créer de nouveaux sites de collecte et de tri, filières et espaces dédiés au réemploi ». Aboutissement ultime, la création dedonneries, sortes de super marchés du don, fixes ou mobiles où des particuliers proposent de céder des biens dont ils n'ont plus utilité. Une pratique qui a fait florès tout particulièrement clans le secteur de la petite enfance (habits, jouets...), les prix de revente étant souvent « symboliques ».
Initiatives locales ludiques
Nombre de communes à travers la Région rivalisent d'initiatives pour que cette semaine ne s'apparente pas à un événement donneur de leçons ». Un exemple parmi tant d'autres, la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez organise différents ateliers, de la fabrication de sa propre lessive à l'élaboration de ses cosmétiques en passant par son goûter et ses décorations de Noël (bombe à neige, etc.) « zéro déchet ». A découvrir encore, le « bee wrap », comme alternative au plastique pour préserver les aliments. Le tout additionné d'une distribution de combos tours et d'un accès libre au Repair Café pour redonner vie aux objets du quotidien (programme et inscriptions sur www.cc golfedesainttropez.fr).
Le frein de la pulsion
« La main qui répond au civisme de la récupération continuera-t-elle à faire bon ménage avec celle qui obéit aux pulsions d'achat ?» Une question posée de longue date par l'économiste français Gérard Bertolini, membre du CNRS et spécialiste de la question des déchets. Car ceux qui sont prêts à jouer le jeu de la collecte & co sont-ils aussi disposés à recalibrer à l'unisson leurs habitudes de consommation ? Une lueur semble poindre au fond de la poubelle si l'on reprend les conclusions du sondage cité plus haut. 56 % des Français considèrent qu'il faudrait aller plus loin et adopter de nouvelles façons de consommer pour mieux réduire nos déchets. Minoration de cet enthousiasme, 64 % d'entre eux jugent que « l'État ne les encourage pas suffisamment ». Pas sûr que la « tarification incitative » (lire par ailleurs), parmi les mesures envisagées, soit perçue comme idéale pour soutenir les ménages dans leurs efforts.
Source
LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr