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Après le grand confinement maintenant la grande dépression.

 

 

Grand Confinement : Histoire d’une hallucination collective ?

Que s’est-t-il donc passé pour que la moitié de l’humanité accepte de se laisser enfermer ?

Source UP 3 JUIN 20203 PAR CHARLES-ELIE GUZMAN

 

Grand Confinement : Histoire d’une hallucination collective ?

 

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Liberté retrouvée ! titrent les manchettes. Au bout de deux mois et demi de confinement, petit à petit, les gens sortent, se retrouvent, revivent, un peu hagards, au sortir de cette période étrange. La crise sanitaire est en voie de se dissiper mais elle laisse la place à une crise économique et sociale sans précédent dont on ne distingue que les premières ombres. Le prix à payer pour nous protéger de la menace du coronavirus sera rude et durable. Il le fallait car le danger était promis comme immense ; l’écrasante majorité des scientifiques s’accordaient, repris en chœur par la quasi-totalité de la sphère médiatique pour annoncer une catastrophe sanitaire sans précédent. Le confinement généralisé allait de soi. Il n’y avait pas d’autre alternative. Pourtant, sans remettre en cause la gravité du Covid-19, quelques rares voix faisaient part de leurs doutes sur les solutions préconisées. Ils restèrent inaudibles face au mainstream d’une certitude inébranlable. Que s’est-il donc passé ? Les mesures de confinement étaient-elles fondées sur des bases scientifiques solides ? N’avons-nous pas succombé à la panique ? N’avons-nous pas été victimes d’une forme inédite d’hallucination collective ? Il faut commencer à apporter des réponses à ces questions pour comprendre, sans esprit partisan, et en tirer les enseignements pour le futur.

Quand tout a commencé

Le « monde d’avant » semble si lointain. C’était pourtant il y a seulement six mois. Ce 1er janvier 2020, sur le marché de Wuhan, en Chine, des hommes en combinaison de protection prélèvent avec précaution des échantillons et les placent dans des sacs en plastique scellés. Des messages inquiétants circulent sur les médias sociaux chinois, alimentés par des documents médicaux avertissant que des patients se présentent dans les hôpitaux de Wuhan avec des symptômes sérieux. Huit personnes accusées d’avoir répandu des « rumeurs » sur la maladie sont convoquées au Bureau de la sécurité publique. Un ophtalmologue de Wuhan, Li Wenliang, est réprimandé pour avoir montré à un groupe d’anciens élèves de sa faculté de médecine une analyse d’un virus qu’il croyait être le Sras.

Huit jours plus tard, le 9 janvier, la maladie mystérieuse est identifiée : des scientifiques chinois affirment que les malades de Wuhan ont contracté un coronavirus non encore découvert. Dans la nuit, un homme de 61 ans est mort dans un hôpital de Wuhan, la première victime connue.

Le 13 janvier, La Thaïlande rapporte son premier cas, un habitant de Wuhan âgé de 61 ans dont la température élevée a été détectée par un scanner de surveillance thermique à l’aéroport de Bangkok.

Un comité de spécialistes des maladies infectieuses, le Nervtag, se réunit à Londres pour discuter du virus et estime que le risque pour le Royaume-Uni est « très faible, mais justifie une enquête et des tests ». Le gouvernement chinois affirme qu’il n’y a pas encore de preuve évidente de transmission interhumaine, y compris des signes de maladie chez les professionnels de la santé.

Ce message officiel est repris par l’OMS, qui publie un communiqué de presse dans lequel elle se dit rassurée par la qualité de la réponse du gouvernement chinois. Selon les épidémiologistes, les nouvelles sont encourageantes. « S’il n’y a pas de nouveaux cas dans les prochains jours, l’épidémie est terminée », déclare Guan Yi, professeur de maladies infectieuses à l’université de Hong Kong, au New York Times.

 

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Pendant quinze jours, jusqu’au 20 janvier, le virus semble avoir disparu de Chine. Mais soudain, il apparaît dans tout le pays. Vendredi 17 janvier au soir, il y a eu quatre nouveaux cas. Dimanche, 139. D’ici à la fin de la journée du 21, des cas auront été confirmés à Pékin et à Shanghai.

Il se propage dans le monde entier : le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis, où ce 19 janvier, un homme de 35 ans qui revenait de Wuhan s’est présenté dans une clinique de Seattle dans l’État de Washington avec une toux et une forte fièvre, devenant ainsi le premier cas du pays.

La panique grandit à Wuhan. À 6 heures du matin, ce 20 janvier, plus de 100 patients présentant des symptômes de coronavirus attendaient d’être vus à l’hôpital de Xiehe.

Le 24 janvier le monde apprend avec stupeur qu’à la veille des vacances du nouvel an lunaire, alors que des centaines de millions de Chinois se déplacent pour rendre visite à leurs amis et à leur famille, la ville de Wuhan est bouclée. La plupart des transports à l’intérieur et à l’extérieur de l’agglomération sont suspendus. Plus de 800 infections y ont été détectées et 25 personnes sont mortes.

A des milliers de kilomètres de là, le virus arrive en France. Trois premiers malades sont annoncés : deux à Paris et un à Bordeaux. Ces trois patients chinois avaient séjourné à Wuhan. Le trio a eu des dizaines de contacts et les autorités françaises disent qu’elles se démènent pour retrouver les cas possibles. « Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie », déclare la ministre de la santé, Agnès Buzyn.

Donald Trump a reçu sa première question des médias sur le virus lors de son séjour à Davos le 22 janvier. On lui a demandé s’il était préoccupé par une éventuelle pandémie, il a répondu : « Pas du tout. Et nous l’avons parfaitement sous contrôle ».

Le 25 janvier, la Chine passe un cran au-dessus et élargi le confinement à 56 millions de personnes. Le président, Xi Jinping, avertira que le pays est confronté à une « grave situation ».

Naissance d’une star

Alors que le monde n’a pas encore pris conscience de la menace de ce nouveau coronavirus, les scientifiques s’affairent. Les Chinois en un temps record ont publié le séquençage du génome du coronavirus et l’ont largement diffusé à leurs pairs du monde entier. Les épidémiologistes, quant à eux, sortent leurs modèles et calculent leurs prévisions. Parmi eux, figure une personnalité qui va devenir une star des médias. Neil Ferguson est professeur de médecine, membre éminent de l’Imperial College de Londres, une institution parmi les plus vénérables du monde. Ce professeur est un spécialiste des modélisations mathématiques des épidémies. C’est ainsi qu’il se présente, sur le site de l’Imperial College, arguant disposer de modèles mathématiques de propagation des maladies infectieuses, permettant grâce à des « calculs de haute performance », de « fournir des analyses prédictives et quantitatives de stratégies alternatives de contrôle et de traitement des maladies, ainsi qu’un aperçu qualitatif des processus non linéaires complexes qui façonnent la réplication et l’évolution des agents pathogènes. » Il poursuit : « Un volet important de mon programme de recherche consiste donc à développer les outils statistiques et mathématiques nécessaires pour que ces modèles de plus en plus sophistiqués soient rigoureusement testés et validés par rapport à des données épidémiologiques, moléculaires et expérimentales. »

Le professeur Ferguson n’est pas un modélisateur de base. C’est une référence, une figure scientifique incontestable. Quand il parle et prédit, il est la science. Tout le monde l’écoute religieusement, le New York Times affirmant même que Ferguson et son équipe sont le « golden standard » de la modélisation épidémiologique. Le nec plus ultra.

Et le professeur Ferguson a parlé : « des millions de morts ». Voilà ce que nous réserve le nouveau coronavirus. Selon lui et d’après ses savants calculs, l’Amérique à elle seule pleurera 2.2 millions de morts si on ne fait rien.

 

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Que faire face à l’avalanche de cadavres promis par le professeur Ferguson aux gouvernants du monde entier ? Comment nous protéger devant un cataclysme aussi violent et massif ? Nous n’avons pas assez de moyens hospitaliers, pas assez de bras pour sauver tout le monde. En France, nous apprenons avec effroi que nous n’avons même pas de masques et que nos médecins sont pathétiquement désarmés.

Alors, pour se protéger du mal, les sociétés exhument une vieille recette, la quarantaine, remise au goût du jour par un mot qui sera sur toutes les lèvres : confinement. Nous nous barricadons. Les mesures de prévention que nous pourrions prendre comme les vaccins, ou les stocks de médicaments sont inutiles car nous n’avons ni vaccin ni médicaments. Le public sait que les scientifiques géniaux qui peuplent nos labos de recherche vont finir par trouver la solution. Mais en attendant, on risque de mourir et la seule protection qu’on nous propose est de ne pas nous serrer les mains, ne plus nous faire de bises et nous laver chaque heure avec une solution hydroalcoolique.  Et surtout, de nous enfermer pour retarder l’impact de l’épidémie, « d’aplatir la courbe » de sa propagation. Une situation d’incertitude absolue qui ne peut manquer de nourrir toutes les formes d’angoisse et de peur.

L’erreur informatique la plus dévastatrice de tous les temps

Le professeur Ferguson a prédit la mort, alors enfermons-nous pour y échapper. « Quoi que cela coûte ». Mais que valent les prédictions de ce professeur ? Les scientifiques ont l’habitude d’évaluer, de mesurer, de vérifier toutes les hypothèses. Toutefois, pour mener à bien ce travail, il leur faut des données, des éléments d’analyse. Qu’en est-il des prévisions de Neil Ferguson ? Celui-ci n’a communiqué que les résultats de ses prévisions mais pas la méthode. Ses collègues de plusieurs pays du monde lui demandent instamment le code informatique qui lui a servi à bâtir ses modèles. C’est important, car un modèle informatique prédictif se compose de données, d’hypothèses et d’algorithmes.  Malgré l’insistance de ses pairs, Le professeur Ferguson refuse de fournir la moindre information. Il prédit, il oriente les politiques des principaux gouvernements du monde, mais sa cuisine est privée, circulez, il n’y a rien à voir.

Il faudra attendre plusieurs longues semaines pour qu’enfin Neil Ferguson se décide à publier, le 22 mars, une version partielle et modifiée du code informatique utilisé pour faire ses prévisions. Les informaticiens qui ont analysé ce code sont effarés. Le programme utilisé est vieux de treize ans, autant dire une éternité en informatique, il n’est pas documenté et comprend de nombreux bugs. Neil Ferguson avoue lui-même sur Twitter « j’ai écrit le code (des milliers de lignes de langage C non documentées) il y a plus de 13 ans pour modéliser les pandémies de grippe… » 

Ce modèle est un « méli-mélo qui ressemble plus à de la programmation spaghetti qu’à un programme finement ajusté », a regretté David Richards, cofondateur de la société britannique de technologie de données WANdisco. « Dans notre réalité commerciale, nous licencierions n’importe qui pour avoir développé un code comme celui-ci et toute entreprise qui en dépendrait pour produire des logiciels à vendre ferait probablement faillite ».

Pour leur part, les scientifiques de l’Université d’Édimbourg découvrent qu’il leur est impossible de reproduire les mêmes résultats, à partir des mêmes données, en utilisant le modèle. L’équipe a obtenu des résultats différents en utilisant des machines différentes, et même des résultats différents pour les mêmes machines. « Il semble y avoir un bogue dans la création ou la réutilisation du fichier réseau. Si nous tentons deux exécutions complètement identiques, ne variant que dans la mesure où la seconde doit utiliser le fichier réseau produit par la première, les résultats sont assez différents », écrivent les chercheurs d’Édimbourg sur Github.

Mais c’est pourtant sur la base de ces modèles que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, fait volte-face, à la fin mars. Partisan jusqu’alors d’un certain « laisser-faire » face au nouveau virus, il opte finalement pour le confinement généralisé de la population, alignant sa politique sur celle de la plupart des autres pays européens. Les États-Unis adoptent également le modèle, qui prévoyait plusieurs millions de décès aux États-Unis sans action appropriée.

Le quotidien britannique The Telegraph titrait ce 16 mai : « Le modèle de Neil Ferguson de l’Imperial College pourrait être l’erreur informatique la plus dévastatrice de tous les temps ». C’est pourtant sur ce modèle que le choix du confinement fut proposé par le biais de l’OMS comme une réponse uniforme à tous les gouvernements du monde.

Chœur tragique dans les médias

Cette décision a mis l’économie à l’arrêt. Du jamais vu, avec une multitude de conséquences que l’on n’arrive pas encore à mesurer. Rares sont ceux qui ont remis ou remettent en cause la stratégie d’enfermement de la population prise par les États. Le confinement serait le postulat face à l’épidémie, repris par tous les médias, comme le thème d’un chœur de théâtre tragique. « L’une de ses manifestations les plus spectaculaires n’a échappé à personne : les courbes, cartes et graphiques relatifs à l’épidémie, les ordonnances de confinements, de quarantaines et de fermetures frontalières, qui ont captivé et nourri quotidiennement l’ensemble des médias de la planète » écrit l’anthropologue Denis Duclos. Une communication homogène dispensée par tous les flux du mainstream a nourri les confinés ; les médias se gardant « d’accréditer des informations qui remettent en cause la doctrine gouvernementale et la nécessité du confinement ».

Dans son analyse acérée, Denis Duclos poursuit : « Comptages quotidiens macabres, toxicité du voisin, prévisions apocalyptiques, images morbides en boucle : sous couvert de protection contre le Covid-19, les médias ont organisé la terreur sanitaire au sein d’une population française prise pour aussi mûre qu’un enfant en bas âge … »

C’est ainsi que s’installe partout dans les esprits l’impérieuse nécessité d’accepter les décisions de confinement généralisé, les atteintes aux libertés les plus fondamentales, la mise sur le flanc des économies de dizaines de pays. Toute la société occidentale et sa caisse de résonnance médiatique n’ont tourné qu’autour de cet événement. Les projecteurs se sont braqués d’abord sur les moyens hospitaliers ; les personnels médicaux se succédant sur les écrans de télévision pour alerter non seulement sur la dangerosité du virus mais aussi sur la pénurie des moyens hospitaliers. Les médecins ont occupé les plateaux pour expliquer les mesures à prendre pour éviter l’engorgement des services d’urgence. Pendant des jours et des semaines, la France, comme le monde, a vu l’épidémie à travers le nombre de lits de réanimation disponibles, les stocks de masques et la disponibilité de gel hydroalcoolique. Face à la crise sanitaire, les dirigeants politiques ont scrupuleusement justifié leurs décisions sur les préconisations de leurs conseils scientifiques. Pendant plusieurs semaines, un grand nombre de pays occidentaux ont été dirigés par des médecins. Peu importait les incohérences, les revirements de positon au gré des connaissances acquises sur le virus, les querelles de chapelles entre labos ou grands pontes, la parole scientifique était d’or. Quasiment personne n’osait la défier ou simplement la questionner.  

Certaines voix pourtant se sont élevées pour proposer des alternatives. Pourquoi un confinement généralisé alors que seules certaines catégories très précises de la population sont concernées ? Pourquoi enfermer tout le monde, empêcher le travail et l’activité économique, alors que seules quelques personnes à risque sont menacées par le Covid-19 ? Dans un article publié dans UP’ le professeur Jean-François est un des rares à avancer l’idée de proportionner le confinement à ceux qui sont les plus susceptibles de développer les cas graves de la maladie :  personnes de plus de 65 ans, malades cardiaques et vasculaires, insuffisants respiratoires ou rénaux, transplantés, personnes obèses, etc. Ce faisant, il lui parait inutile « d’immobiliser 80% de la population active et surtout pas ceux qui en sortent guéris et immunisés après deux semaines – et contribuent, avec les jeunes et les plus actifs, à éteindre l’épidémie en réduisant la taille de la population cible ».

Malgré ces avertissements, le confinement fut accepté comme la solution, indiscutable. Appliquée scrupuleusement par les dirigeants politiques, elle s’est traduite notamment en France par un système de surveillance inédit, accepté par tous, sans broncher. Le rêve du dictateur le plus fou de contraindre toute sa population, de lui ôter la liberté la plus fondamentale de se déplacer, de travailler, d’envoyer ses enfants à l’école, s’est réalisé sans aucun heurt, en toute servitude volontaire.

Le sacrifice de la population et de l’économie du pays étant incommensurable, il fallait que les résultats obtenus sur la maîtrise de l’épidémie vaillent la peine. La question fut donc posée par les politiques aux scientifiques : le confinement a-t-il été efficace ?

La question méritait d’être posée car, alors que les nouveaux traitements médicaux proposés pour guérir les cas de Covid-19 doivent être validés par des protocoles médicaux précis et notamment des études en double aveugle, les avantages et les risques des stratégies de confinement ne font l’objet d’aucun test comparatif. Le cadre éthique et méthodologique d’une étude randomisée est bien entendu impossible à établir à l’échelle des populations (or c’est pourtant le fondement établissant la validité scientifique des essais thérapeutiques) et fait donc défaut pour déterminer le bénéfice de mesures telles que le confinement, ayant elles aussi des effets secondaires importants et durables.

Une étude dirigée

La réponse à la question du gouvernement, « le confinement a-t-il été efficace ? »  est venue d’une étude dirigée par le professeur Jonathan Roux et publiée le 23 avril dernier sur le site de l’École des Hautes Études de la Santé Publique. Elle présente une modélisation du nombre d’hospitalisations, de patients en réanimation et de décès potentiellement évités par le confinement en France depuis le 17 mars. Les résultats de cette étude aboutissent à cette conclusion : « L’étude montre qu’un mois de confinement aurait permis d’éviter jusqu’à 60 000 morts et que sans confinement, plus de 100 000 lits de réanimation auraient été nécessaires au 20 avril 2020 ».

C’est sur les conclusions de cette étude que le premier ministre Edouard Philippe a justifié, devant l’Assemblée nationale, l’efficacité du confinement ordonné en France depuis le 16 mars.

Or il apparaît que l’étude de l’EHESP pose plusieurs problèmes méthodologiques : les intervalles de confiance autour des courbes modélisées sont importants, ce qui pourrait remettre en cause les modèles eux-mêmes. D’autre part, la courbe diverge des points réels ayant servi à valider le modèle et surestime le nombre d’événements qui auraient pu se produire sans confinement. Enfin, les valeurs du modèle augmentant avec le temps de manière exponentielle, la modélisation amplifie systématiquement les résultats à mesure que le temps passe. En clair, « le modèle surestime notablement les effets positifs du confinement ».

Le chercheur franco-américain Thomas Meunier donne plus de détails dans un article publié sur medRxiv et confirme ces réserves. Le rapport d’analyse prévient d’emblée : « Nous montrons ici que les données disponibles ne montrent aucun effet des politiques de confinement total appliquées en Italie, en Espagne, en France et au Royaume-Uni dans l’évolution temporelle de l’épidémie de COVID-19. » Il poursuit : « aucun changement positif n’est remarqué dans la tendance du taux de croissance quotidien des décès, du temps de doublement ou du nombre de reproduction, des semaines après que les politiques de confinement auraient dû avoir montré leurs effets. »

Les chercheurs affirment qu’« aucune vie n’a été sauvée par cette stratégie [de confinement]», en comparaison avec les politiques de distanciation sociale moins restrictives que le confinement total. Ils poursuivent : « La comparaison de l’évolution de l’épidémie entre les pays totalement verrouillés et les pays voisins appliquant uniquement des mesures de distanciation sociale, confirme l’absence de tout effet du confinement à domicile. »

Les études sur la question de l’efficacité du confinement commencent à instruire le dossier que les historiens ouvriront bien un jour. Elles convergent pour révéler comment nos comportements imposés par les politiques d’État d’urgence reposent sur des bases scientifiques faibles voire falsifiées.

Mathématiques de complaisance

C’est le cas d’une étude publiée dans Science ce 13 mai et signée par 17 scientifiques appartenant à des institutions prestigieuses comme l’institut Pasteur, l’université de Cambridge, Santé publique France, etc. L’auteur principal de cette étude est Simon Chaumenez, mathématicien, ancien étudiant du professeur Neil Ferguson.  Le résumé de l’article affirme de façon très sûre des conclusions fondamentales pour les prises de décision gouvernementales : « Le confinement a réduit le nombre de reproduction (de base) du virus de 3.3 à 0.5 (84 % de réduction). Au 11 mai, lorsque les interdictions seront levées, nous estimons que 3.7 millions de personnes (intervalle de confiance 2.3-6.7), soit 5.7% de la population, auront été infectées. Insuffisant pour créer une immunité collective et pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle sont relâchées à la fin du confinement »

Les résultats de cette étude furent repris par un grand nombre de médias français et contribuèrent à installer la doxa de l’efficacité du confinement.

Une étude de ce type développe et appuie ses conclusions sur des équations complexes, des concepts mathématiques qui sont à des années lumières de la portée d’un lecteur profane. On ne peut que faire confiance aux auteurs et accepter leurs conclusions. En revanche, un mathématicien averti aura un œil plus critique. C’est le cas de Vincent Pavan, mathématicien à l’université Aix-Marseille, auteur d’un ouvrage référence sur « Les algèbres extérieures » publié chez ISTE, qui a procédé à une analyse critique de l’article de Science.

Il écrit : « Je ne peux cacher hélas, malgré les réserves d’usage qu’impliquent la relecture d’un travail scientifique – chacun peut toujours se tromper et le travail scientifique doit inviter à la modestie – que ma surprise et ma colère furent totales ». Il poursuit : « Pour un chercheur et un enseignant en mathématiques, l’article cumulait en effet toutes les atrocités possibles contre lesquelles je mets quotidiennement en garde mes étudiants. Pire, dans l’analyse détaillée des prétendus résultats des auteurs, on pouvait découvrir ce qu’il y a de plus odieux en science dure : le non-sens des formules, les fausses références, les courbes trafiquées, les équations sans solution dont on force un résultat, la faillite totale des méthodes numériques, les graves manques de compréhension des notions pourtant les plus basiques. »

Son analyse de près de 100 pages est publiée ci-dessous et intéressera les lecteurs avertis. Ses principales conclusions établissent que la plupart des paramètres employés pour justifier l’efficacité du confinement sont erronés.

 

Dans son livre Détournement de science qui vient de paraître chez Ecosociété, l’universitaire Jean-Marie Vigoureux explique avec force détails comment les sciences sont souvent convoquées pour « faire taire l’interlocuteur et imposer les décisions ». Dans le sillage de Tzvetan Todorov, l’auteur affirme que les politiques se servent volontiers des sciences et des études d’experts pour justifier leurs décisions : « c’est mathématique » explique-t-on pour justifier des choix. L’auteur conclut « La science aurait ainsi réponse à tout et serait donc propre à clore les débats ».

Il n’y a jamais eu débat sur l’opportunité du confinement généralisé. Fallait-il confiner 4 milliards d’êtres humains ? Cette grande question semble ne pas souffrir d’opposition. On peut débattre sur la pénurie de masques, sur les carences de lits de réanimation, sur tel ou tel remède. Mais on ne peut mettre en question le confinement. C’est un sujet devenu tabou par l’ampleur même du sacrifice qu’il a imposé.  Un sacrifice fondé sur une peur telle qu’elle nous a conduit à négocier avec nos libertés, à ne plus résister au pouvoir, à construire une société hygiéniste, méfiante et distante.

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