JustPaste.it

Plus de 300 000 personnes ont signé un contrat d’engagement jeune en un an

Le dispositif, qui inspire la réforme du RSA voulue par Emmanuel Macron, repose sur une quinzaine d’heures hebdomadaires et une allocation mensuelle revalorisée le 1er avril.

Par Thibaud Métais

Publié le 01 avril 2023

Un premier bilan encourageant, mais peut encore mieux faire. Un peu plus d’un an après sa mise en œuvre, le 1er mars 2022, le contrat d’engagement jeune (CEJ) a bénéficié à plus de 300 000 personnes. Cela correspond à l’objectif révisé fixé par le premier ministre de l’époque, Jean Castex – il avait d’abord visé 400 000 contrats signés en un an avant que ce chiffre soit revu à la baisse.

 

Parmi les dernières réformes sociales du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le CEJ s’adresse aux 16-25 ans et aux moins de 30 ans en situation de handicap qui ne sont ni en études, ni en activité, ni en formation, et qui peinent à accéder à un emploi durable. Le jeune qui signe un contrat d’engagement s’inscrit dans un parcours de six à douze mois (voire dix-huit dans certains cas) et s’engage avec son conseiller d’insertion dans un accompagnement de quinze à vingt heures hebdomadaires pour lequel il peut bénéficier d’une allocation mensuelle. Comme d’autres prestations sociales, celle-ci est revalorisée à hauteur de 1,6 % samedi 1er avril pour atteindre environ 530 euros maximum.

 

Au 31 janvier, 301 725 jeunes s’étaient engagés dans le dispositif, 188 715 en missions locales et 113 010 à Pôle emploi. Cela correspond plus ou moins au dispositif que le CEJ a remplacé, la Garantie jeune, qui ne concernait en revanche que les jeunes inscrits en missions locales. Plus de la moitié (54 %) des CEJ signés l’ont été par des jeunes entre 18 et 21 ans et 44 % par des jeunes sans diplôme. En matière d’insertion professionnelle, le gouvernement affirme que, parmi la première cohorte du CEJ – ceux ayant signé un contrat en mars 2022 –, 76 % ont accédé à un emploi dans les neuf mois suivant leur entrée, 63 % à un emploi d’un mois ou plus et 43 % à un emploi durable.

« Accompagnement de qualité »

Des chiffres à relativiser, selon le président de la commission de l’insertion des jeunes au Conseil d’orientation des politiques de jeunesse, Antoine Dulin : « Quand on parle d’emploi, cela peut être un contrat de seulement deux jours et, pour l’emploi durable, cela signifie un CDD de plus de six mois, il faut donc être vigilant. » Ce dernier alerte également sur le public concerné. Comme la mise en place du CEJ s’est faite à marche forcée lors des six premiers mois, « les conseillers des missions locales et de Pôle emploi ont essuyé les plâtres » et ne se sont donc pas concentrés sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi.

 

« Le but n’est pas atteint de ce côté-là, on n’a pas rattrapé les jeunes en rupture », précise Antoine Dulin, qui avance par ailleurs des pistes d’amélioration du dispositif. D’abord ouvrir aux signataires l’accès à divers droits (complémentaire santé solidaire, tarifs réduits dans les transports et la culture, etc.) comme pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ; augmenter la durée moyenne des contrats pour garantir un meilleur accès au logement notamment ; simplifier les procédures administratives des conseillers d’insertion ou encore permettre le versement de l’allocation aux jeunes en rupture dès le début de la démarche sans attendre la signature du contrat d’engagement.

 

L’accompagnement, de son côté, est source de satisfaction. Avec dix-sept heures d’activités en moyenne, qu’elles soient individuelles, collectives ou en autonomie encadrée, le suivi est plutôt intensif et apprécié des jeunes, selon le gouvernement, qui s’appuie sur un baromètre trimestriel lancé par Pôle emploi et les missions locales. « Beaucoup de moyens ont été mis sur la table pour que cet accompagnement soit de qualité et qu’il soit réussi », avance Antoine Dulin. Résultat, on compte environ un conseiller pour 30 à 50 jeunes plutôt qu’un pour 100 à 150 avant le dispositif.

 

Un élément bienvenu pour l’exécutif, car c’est cette logique qui l’inspire pour réformer le RSA. Dans le cadre de la création de France Travail, structure qui doit rassembler tous les acteurs de l’emploi et de lutte contre le chômage, des expérimentations doivent démarrer très bientôt dans dix-huit territoires – la Seine-Saint-Denis vient d’annoncer qu’elle se retirait du dispositif – pour conditionner le RSA à une quinzaine d’heures d’activité hebdomadaires.

Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, la proposition a été réaffirmée par le chef de l’Etat lors de son entretien à TF1 et France 2, mercredi 22 mars. « Il faut aller chercher toutes celles et ceux qui sont au RSA et les aider à revenir vers l’emploi », a-t-il déclaré, avant de préciser que cela doit se faire dans une logique de « droits et devoirs renforcés pour les bénéficiaires ». Une réforme qui devrait être intégrée au futur projet de loi sur l’emploi annoncée par le gouvernement pour les prochaines semaines.