Le plan Borloo pour les banlieues
Invité de "Restons poli(tique)s", Stéphane Gatignon s'est exprimé sur les enjeux du plan Borloo pour les banlieues.
Par L'Obs Publié le 05 avril 2018 à 18h28
Son plan d'action est très attendu. Missionné par Emmanuel Macron, Jean-Louis Borloo doit remettre la semaine prochaine ses propositions sur la politique de la ville. Parmi ces mesures, certaines devraient concerner la lutte contre la radicalisation, a confié Stéphane Gatignon, jeudi 5 avril, lors de l'émission "Restons Poli(tique)s".
"La vision qui a guidé ce rapport, c'est que ce n'est pas la dernière chance mais pas loin. Il en va de la République", explique l'élu, qui affirme avoir eu des contacts avec Jean-Louis Borloo depuis l'annonce de sa démission de sa fonction de maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), le 27 mars dernier. "La question (du radicalisme) sera abordée par Jean-Louis Borloo car il a conscience du défi", a-t-il affirmé. "Sa vision de la banlieue, de la jeunesse a évolué."
Il y a un retour du religieux en banlieue", a expliqué Stéphane Gatignon. "Qu’on le veuille ou non, le religieux est sur la place publique. Le mouvement sectaire est aussi très puissant dans une ville comme Sevran. Cette situation est préoccupante et s'explique par l'abandon du politique.
"C'est la désespérance qui conduit notamment les jeunes vers le radicalisme", a poursuivi Stéphane Gatignon. "Dans une ville comme Sevran, 25% de la population a moins de 14 ans. Ce qu'on va leur dire avec ce plan va structurer les quinze ans qui viennent pour ces personnes-là [...]. Il faut redonner de l'espérance, de l’espoir pour faire en sorte que ceux qui ont moins de 15 ans aujourd’hui ne plongent dans le radicalisme."
"Pour ne pas tomber dans une radicalité forte, il faut que la République reparle à la population. [...] L'enjeu, c'est qu'il n'y ait pas de rupture dans la société française."
"On a perdu la maîtrise de ce qui se passe sur le terrain"
Toujours au sujet de la radicalisation, le maire démissionnaire de Sevran s'est montré par ailleurs très critique envers la suppression des renseignements généraux, décidée par Nicolas Sarkozy en 2008.
"Cela a rendu l’Etat aveugle. On a perdu la maîtrise de ce qui se passe sur le terrain. Le contrôle de l’Etat, c’est aussi la démocratie, sinon ce sont d’autres personnes qui le font."
Stéphane Gatignon a également appelé à en finir avec les amalgames entre musulmans et terrorisme. "On a trop souvent l’impression que tout musulman va ou peut finir terroriste", a-t-il déploré.
"Si on va dans ce sens-là, on va dans l’opposition de tout le monde contre tout le monde. Ce n’est pas possible, c’est injuste, et c’est d’une violence envers les musulmans."
S.B.
Regardez l'intégralité de l'émission "Restons poli(tique)s" avec Stéphane Gatignon :
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