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 Déchets sauvages du BTP: problème récurrent! et insoluble?

 

T'as 24 heures pour nettoyer ta merde  Source: le Monde 31 mars 2018

 

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Planches de bois, plaques de plâtre, bouts de tuyaux, vieux pots de peinture et gravats divers… Les déchets du BTP empoisonnent la vie des édiles de communes rurales.

Au printemps 2014, tout juste élu maire (sans étiquette) de Laigneville, un bourg de l'Oise d'un peu moins de 5 000 âmes, Christophe Dietrich, 46 ans, a vu rouge lorsqu'il a repéré un énième dépôt sauvage sur le parcours de son jogging quotidien.

" J'ai décidé d'adopter la méthode du “retour à l'envoyeur” ", explique ce sous-brigadier de la police aux frontières en détachement, également vice-président du conseil départemental de l'Oise chargé de la sécurité.

M.  Dietrich s'est mis à systématiquement enquêter " à l'ancienne " pour dénicher des indices menant aux sources de cette pollution, parfois situées à plusieurs dizaines de kilomètres de Laigneville.

Pour preuve, il extrait des " pièces à convictions " d'une armoire de son bureau. Tel ce fragment de matériau isolant porteur d'un prénom et d'un numéro de téléphone lui ayant permis de " remonter " jusqu'à un syndic de copropriétés. Lequel est tombé des nues en apprenant qu'il utilisait les services d'un plombier peu respectueux de l'environnement…

Une fois le contrevenant – ou son donneur d'ordre – débusqué, Christophe Dietrich et ses employés municipaux débarquent en camionnette dès potron-minet sur le pas de sa porte et se délestent du chargement dont l'indélicat s'imaginait débarrassé.

" Je ne fais que rapporter à leurs légitimes propriétaires ce qui leur appartient ", sourit l'édile qui ne manque jamais de filmer ces " opérations commando " durant lesquelles ses véhicules sont parfois " coursés à 6 heures du mat' par un type en slip hors de lui ". Ces vidéos font un tabac sur les réseaux sociaux, assurant à ceux que M. Dietrich appelle " les crasseux " une publicité dont ils se passeraient volontiers.

" Le bouche-à-oreille a fonctionné, se réjouit Christophe Dietrich. On est passé de quatre ou cinq incidents par semaine sur Laigneville à un ou deux par an. " Selon lui, ils sont essentiellement" le fait de particuliers qui refont leur maison ou de petites entreprises véreuses ". Et il assure que les dépôts ne se sont pas reportés sur les communes voisines, car nombre de maires l'imitent désormais, " à quelques variantes près ".

Christophe Dietrich reconnaît néanmoins que ses pratiques sont " limite sur le plan légal ". Au printemps 2017, grisé par la présence d'une équipe de télévision qui le filmait, il s'est fait passer au téléphone pour un agent de la Caisse d'allocations familiales afin de soutirer son adresse à une assistante maternelle dont l'identité était apparue dans un dépôt de pots de peinture et de produits chimiques au bord de la Brèche, affluent de l'Oise qui traverse Laigneville.

" Je veux un procès public "

" La CAF a porté plainte pour usurpation d'identité, raconte-t-il. J'ai refusé de plaider coupable comme me l'ont proposé les gendarmes pour expédier l'affaire, je veux au contraire un procès public afin que l'Etat soit mis devant ses responsabilités ; les 600 maires du département me soutiendront. "

Les plaintes que l'édile dépose de son côté sont systématiquement classées sans suite. " On m'explique chaque fois qu'il faut prendre les contrevenants sur le fait, ou, si j'ai déjà fait nettoyer, que l'infraction n'est plus constituée, soupire-t-il. Un sentiment d'impunité prédomine chez ceux qui commettent des atteintes à l'environnement. "

Sapeur-pompier volontaire durant vingt-sept ans dont quinze dans son département natal du Var, l'élu se revendique " amoureux pragmatique de la nature " et fustige "l'écologie de salon " qu'il accuse les gouvernements successifs de pratiquer.

Il s'affranchit cependant peu à peu de ses méthodes de shérif face aux " crasseux ". " Maintenant, je commence par téléphoner et je leur dis : t'as vingt-quatre  heures pour nettoyer ta merde ", affirme M. Dietrich qui jure préférer la " prévention " à la contrainte.

Ainsi a-t-il fait installer deux portiques et des poteaux EDF pour compliquer l'accès des véhicules à moteur à des chemins communaux, sans pénaliser les engins agricoles. Il fait aussi nettoyer promptement tout dépôt sauvage sur son territoire afin de ne pas créer de nouvelles " tentations ". Et il peut désormais compter sur ses administrés, " responsabilisés " par ses initiatives, pour l'aider à veiller au grain. " Les membres des associations de chasse, de pêche et ceux du club de randonnée m'appellent chaque fois qu'ils repèrent un véhicule au chargement suspect ", jubile-t-il.

 

Parcourez la ZA de Fondurane en partant d'ex Aldi..... c'est édifiant!  je ne mets pas de photos récentes, car cela ferait de la peine aux chers élus qui n'en peuvent mais! Voici ce que c'était à la limite de la zone

 

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