JustPaste.it
premium.lefigaro.fr

 

Fichés S : quand Philippe défendait les mesures qu'il dénonce aujourd'hui

 

3134eafd629f21bc84f4146880564d99.jpg


LE SCAN POLITIQUE - Le premier ministre a renvoyé mardi la droite à sa «méconnaissance» après qu'elle a réclamé plus de fermeté pour les individus fichés S. Pourtant, Edouard Philippe se joignait aux mêmes propositions lorsqu'il était encore membre des Républicains.

Les archives sont parfois cruelles. Après les attaques dans l'Aude, Laurent Wauquiez a remis sur la table des propositions chères à la droite en matière de lutte contre le terrorisme. Le président des Républicains a notamment réclamé au gouvernement de durcir le ton à l'encontre des individus fichés S jugés dangereux. Il demande leur enfermement préventif pour ceux qui ont la nationalité française et l'expulsion pour les étrangers. Des propositions relayées mardi par le président du groupe LR Christian Jacob lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Estimant que ces «questions méritaient d'être posées», Edouard Philippe a tout de même répondu à la droite avec un brin d'ironie. «J'entends aussi le débat sur les fichés S. Certains nous disent “expulsez-les tous”, d'autres nous disent “enfermez les tous”, certains disent même les deux à la fois! Dire cela, c'est méconnaître profondément nos outils de renseignement», a estimé le premier ministre, s'opposant ainsi à l'explusion ou à la rétention à titre préventif des fichés S.

Rattrapé par son passé de député LR

Lorsqu'il était encore sur les bancs des Républicains en tant que député-maire du Havre, Edouard Philippe semblait pourtant plus en phase avec les propositions avancées par la droite. En octobre 2015, il figurait parmi les cosignataires d'une proposition de loi réclamant notamment «l'expulsion à titre préventif» et «avant toute condamnation» d'individus étrangers fichés S dangereux. Le texte avait à l'époque été impulsé par Bruno Le Maire - devenu lui aussi ministre d'Emmanuel Macron - pour répondre à l'attentat manqué du Thalys en août 2015. «Ayoub El Khazzani, le ressortissant marocain mis en examen à Paris [...] faisait pourtant l'objet d'une fiche “S” des services de renseignement français. Les Français sont en droit de se demander pourquoi cet individu n'a pas fait l'objet d'une interdiction d'entrée sur le territoire alors qu'il faisait l'objet d'une fiche “S”», pouvait-on notamment lire dans le texte.

Moins d'un an avant son arrivée à Matignon, en juillet 2016, Edouard Philippe avait cosigné une autre proposition de loi du groupe LR à l'Assemblée nationale, qui suggérait également «que l'expulsion d'un étranger puisse être prononcée» si l'individu faisait «l'objet d'une fiche “S”, ou inscrit au nouveau fichier des personnes radicalisées constituant une menace à la sécurité publique ou à la sûreté de l'État». Le texte proposait par ailleurs de permettre «au seul ministre de l'Intérieur» d'interdire à un «individu qui constitue, par son comportement, une menace grave pour la sécurité et l'ordre public» «la fréquentation de certaines personnes, de l'assigner à résidence, de le placer sous surveillance mobile, voire de le placer en rétention.» Un dernier point formellement rejeté aujourd'hui par le premier ministre.