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Plusieurs dossiers préoccupent les responsables de la Confédération paysanne qui militent pour un changement de modèle agricole et soutiennent des initiatives porteuses de développement.

2cd74ba9ad89fdcb67d2ebc55df55477.jpgPorte-parole régional de la Confédération paysanne, Olivier Bel n'a pu se rendre hier à une réunion débat à Correns en raison de l'état des routes enneigées. C'est donc au téléphone que cet éleveur a répondu aux questions de Var-matin.


En plein salon de l'agriculture, quelles sont vos inquiétudes?


Les choix précédents du ministre de l'Agriculture, notamment sur la non-revalorisation sur les 52 premiers hectares, laissent craindre le pire quant aux négociations de la PAC (Politique Agricole Commune) 2020 et à la voix portée par la France. Les filières d'élevage vont être très impactées. La gestion des aides PAC qu'il s'agisse du dossier des surfaces pastorales ligneuses (SPL) ou des zones défavorisées simples, est catastrophique. Le Ministère a redéfini le zonage ouvrant droit à l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN). Une grande partie du Var va sortir du périmètre. On peut remettre en cause les aides publiques, mais les annonces sont toujours faites au dernier moment et les gens mis devant le fait accompli. Nous sommes sur la programmation 2015-2020, des jeunes se sont installés en misant dessus. Pour 2018, après les déclarations PAC faites au printemps, ils risquent déjà de ne plus les percevoir. Idem pour les SPL, importantes pour les éleveurs mais aussi le commun. Il est question qu'elles ne soient plus éligibles aux aides de la PAC. Cela déstabilise les éleveurs et les paysans dans leur ensemble. Le gouvernement a jusqu'au 31 mars pour agir en faveur de centaines de paysans privés brutalement d'aides PAC auxquelles ils avaient droit il y a un an encore.


Croyez-vous au changement de modèle agricole ?


On le souhaite mais on est toujours dans des négociations de bouts de ficelle qui maintiennent les acquis du modèle agroalimentaire. Ce n'est pas une politique agricole. On a, dans les discours, un président de la République qui parle à Rungis d'une transition indispensable, les États généraux de l'alimentation avec des effets de déclaration sur le changement du modèle, mais la réalité, c'est que quels que soient les sujets, on est dans une suppression des aides en faveur d'une autre agriculture. Le modèle dominant, pourtant en faillite, n'est pas remis en cause. Et le processus s'accélère. C'est presque schizophrène, avec des discours sur le bien manger, la démocratie alimentaire, et dans les faits rien de cela...


Que pensez-vous du nouveau plan loup?


C'est le changement dans la continuité! Ce plan n'a pas pris la mesure de ce qu'il se passe depuis 25 ans, les éleveurs ne sont pas écoutés. On va à la catastrophe. On risque de voir une radicalisation des paysans et des défenseurs du loup.


Quelles sont vos propositions?


Notre réponse se construit sur les territoires avec des gens qui s'organisent, des initiatives pour développer une agriculture paysanne, parmi lesquelles l'expérimentation d'un outil d'abattage de proximité dans le Lubéron, la mise en place d'un comité d'action juridique dans le Var, structure d'accompagnement des exploitants sur le droit rural, le droit agricole. Mais la réglementation n'est pas adaptée à ces initiatives-là. L'administratif prend de plus en plus de place et de temps. On a heureusement des relations satisfaisantes avec les services décentralisés de l'État en Paca, contrairement avec nos interlocuteurs du Conseil régional.


Quelles ont été vos récentes actions régionales?


Nous sommes acteurs de la transition, force de soutien et de solidarité envers les exploitants en difficulté. Par exemple, nous nous sommes mobilisés en janvier pour des éleveurs de Régusse en conflit avec leur propriétaire. Nous avons travaillé sur un guide de biosécurité pour les petits élevages de volailles en vente en circuit court. Sur les sangliers, nous n'avons de cesse d'alerter les autorités car la situation n'est plus possible, certains producteurs ont jusqu'à 70 % de pertes de récoltes. Face à une fin de non-recevoir de l'administration, nous insistons pour obtenir rapidement une réunion avec toutes les parties prenantes. Nous avons aussi accompagné la possibilité pour la brousse du Rove de devenir la deuxième AOC fromagère de Paca. C'est presque fait.


PROPOS RECUEILLIS PAR V.G. vgeorges@nicematin.fr

Retrouvez Olivier Bel, éleveur, sur ces pages.