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Qui a tué François Fillon?

 

Sur BFM TV lundi soir la question était « Qui a tué François Fillon ? ». Il y a été fortement suggéré que si François Fillon a perdu les élections il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Mais à la vérité, il n’a jamais été question des vrais assassins, si ce n’est l’odieux personnage de Robert Bourgi, le truand qui a sciemment « offert » les costumes au moment décisif. Pour éliminer François Fillon, il fallait aussi assassiner la démocratie française.

Pendant trois mois, les équipes de Grand Angle ont enquêté sur la chute de François Fillon. Le candidat de la droite était pourtant le favori de l’élection présidentielle. A-t-il été victime d’un complot? D’un cabinet noir? De règlements de compte au sein de son propre camp? N’a-t-il pas aussi été victime de lui-même? Les principaux protagonistes de cet incroyable feuilleton ont accepté de revenir sur les coulisses de cette descente aux enfers. Des têtes d’affiche de la droite, des membres de l’équipe de campagne, des amis, des ennemis. "Qui a tué François Fillon? L’enquête". Ce documentaire a été diffusé samedi 3 février sur BFMTV.

Voir ou revoir le film de BFM TV en replay.

Voici ce qu'en dit Jacques Garello sur libres.org

Dans le débat qui a suivi cette « enquête » savamment montée Valérie Boyer, députée des Bouches du Rhône et actuelle secrétaire générale de LR, a mis en évidence les raisons de la chute de François Fillon : barrer la route de l’Elysée à celui qui en décembre 2016 était pratiquement assuré d’être Président de la République. Il y a bien eu « assassinat de la démocratie », a-t-elle soutenu avec talent. Deux forces se sont coalisées : celle des politiciens « de droite » battus dans la primaire, mais aussi celle des soutiens à Macron qui disposaient d’une puissance médiatique, relationnelle et financière incroyable. Si le comportement de Juppé, Sarkozy et leurs amis a été évoqué, rien n’a été dit de Drahi, Berger, Niel ou Arnault, ni des réseaux des grands corps de l’Etat, de Bercy, des rats qui avaient quitté le navire Hollande, et enfin de tous ceux que le capitalisme de connivence a enrichis – notamment avec la France Afrique (dont Bourgi aura été le bras vengeur).

Le coup du costume a été fatal puisqu’après le succès énorme et inattendu du Trocadéro, la campagne de Fillon avait repris avec vigueur, et l’effet de la mise en examen organisée par un tribunal et des juges d’exception était pratiquement neutralisé. Mais juppéistes et sarkozistes ont continué à brouiller les cartes, et certains, comme Solère ou Raffarin ou Apparu (témoins dans l’émission) se permettent aujourd’hui  de plastronner et de louer Emmanuel Macron qui leur doit son étroit succès.

Sur l’essentiel, c’est bien la démocratie qui a été assassinée, mais aussi le libéralisme. Bien que la conversion de François Fillon ait été récente (le passé de gaulliste de gauche était pesant pour lui), ce sont les thèmes de la liberté économique qui ont été novateurs dans la première phase de sa campagne et lui ont valu le succès à la primaire, tandis que ses concurrents se complaisaient dans le centrisme le plus mou possible (Juppé) ou l’étatisme le plus maffieux possible (Sarkozy). Il y a bien eu un vote libéral le 23 novembre 2016, et il portait François Fillon à l’Elysée. Mais bien que plusieurs aspects du programme Fillon aient été loin de « l’ultra libéralisme », d’autres permettaient une alliance entre liberté économique et conservatisme moral, et rendaient une rupture de la droite avec l’étatisme dirigiste et jacobin enfin possible. Il y avait en gestation une majorité d’électeurs séduits par cette innovation et prêts pour un changement radical bâti autour d’idées cohérentes et adaptées à la situation de la France. Mais les copains et les coquins ont cassé cet espoir. Ce sont les vrais assassins, récidivistes depuis 1945. Mais la vérité vaincra, tôt ou tard.