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Notre Dame des Landes: Gérard Feldzer: un des 3 membres de la commission:  « Notre boulot, était de comprendre et d'expertiser »

 

Rappelez-nous le rôle de la « mission de médiation de Notre-Dame-des-Landes »?

Le but de la mission, c'était d'écouter tous les gens qui en faisaient la demande, les pour et les contre, sans exception. Toutes proportions gardées, je pense que nous avons oeuvré dans le même esprit que la mission du dialogue initiée par Michel Rocard pour ramener la paix en Calédonie, au moment des événements de 1988. Nous avons ainsi rencontré des associations, des industriels, des politiques, des syndicats, des riverains, tout l'échantillon représentatif du secteur. Au total, cela fait environ 200 personnes, dont certaines assez proches des zadistes. Ces gens sont évidemment radicalement convaincus, mais ce qui m'a surpris et touché, c'est leur sincérité. Ils ont malgré tout un vrai point commun qui est l'attachement à leur territoire, à sa protection et à son développement. Notre boulot, c'est de comprendre et d'expertiser. Nous aussi (*) nous avons des ressentis différents, mais nous nous attachons à en sortir parle haut.


Sachant que votre mission était cataloguée anti « Notre Dame », puisque initiée par Nicolas Hulot...


C'est vrai. Mais nos interlocuteurs ont bien vu, dès nos premiers échanges, que nous étions des gens responsables qui étions capables de dépasser nos opinions personnelles pour écouter et comprendre. A Nantes nous avons reçu toutes ces personnes en même temps. Ce fut une avancée, car qu'ils soient favorables ou opposés au projet, ils ont pu s'exprimer et s'écouter, dans un même lieu. Nous sommes parvenus à leur faire approuver le choix d'un cabinet, pour justement expertiser leurs points de désaccords, à commencer par les conséquences environnementales puis sur l'opportunité de refaire l'aéroport actuel ou d'en construire un autre. Quel coût, combien de temps? Quels que soient les résultats de ces nouvelles études, nous avons la garantie qu'ils seront admis par les uns et les autres. Je fais mienne cette citation de Saint-Exupéry: « Nos différences, loin de nous éloigner, nous enrichissent ».


Qu'est-ce qui vous a le plus frappé durant cette mission?

 

L'indépendance dont nous avons bénéficié. le pensais que nous allions avoir des pressions de partout, à commencer par les ministères, et bien pas du tout. Une agréable surprise. Evidemment, il y a le problème des zadistes, qu'on ne peut pas ignorer. Nous n'avons pas de réponse à apporter aux gens ultra-violents... Le second enseignement, c'est que pour changer les hommes, il faut leur donner envie. Raison pour laquelle nous faisons des propositions positives. Cette leçon de démocratie, car c'en est une, doit concerner tous les futurs grands projets d'aménagement du territoire, car on ne va pas à chaque fois passer 30 ans pour les résoudre! Dans le cas présent, il faut aussi prendre en compte le fait que des gens se sont déplacés pour voter dans le cadre d'une consultation, et non pas d'un référendum. Oui on peut discuter du périmètre des gens concernés, de la question posée, mais tout cela est désormais derrière nous. Nous avons traité toutes les questions qui portent sur le bruit, le survol de la ville etc. Les réponses sont, je pense, assez claires.


La décision finale portera de toute façon sur la construction d'un nouvel aéroport ou l'agrandissement de l'actuel Nantes Atlantique?

Probablement. Mon rêve personnel consisterait à profiter de ce projet mal engagé pour en faire un exemple, et transformer
l'image de Notre-Dame-desLandes « la castagne » en opportunité. Cela veut dire imaginer de nouvelles procédures pour faire moins de bruit en imaginant des avions tractés jusqu'à la piste de décollage, en construisant des bâtiments à énergie positive etc. Il faut se projeter dans l'avenir du trafic aérien, qui ne va pas croitre indéfiniment, et imaginer des avions autonomes et beaucoup plus silencieux... Raison pour laquelle nous avons également travaillé avec les compagnies aériennes. Toutes nos propositions seront positives et je l'espère, donneront des idées aux autres aéroports. Il y a énormément de possibilités quelle que soit la solution retenue. Le tout sans freiner le développement de Nantes.


Source Var Matin 14/12/2017


(*) La mission était composée de la préfète Annie Baquet, de l'ancien président de l'autorité environementa!e et toujours membre du Conseil économique  social et environnemental Michel Badré, et de Gérard Feldzer ancien pilote et spécialiste aéronautique