A propos de Mélenchon et de son ras le bol Vénézuela
Mélenchon, ses 17 députés et ses fans insoumis n'ont pas fini d'occuper la scène, politique, sociale et économique. Ils sont la seule voix d'opposition audible aujourd'hui, ce que reconnaissent tous les médias. Jean-Luc Mélenchon est un formidable tribun capable d'enflammer des auditoires acquis et fournis; mais c'est un moins bon débatteur quand il est confronté à des idées différentes. L'émission politique du 30 novembre 2017 sur France 2 l'a montré quand il a déclaré en avoir “ras-le-bol” d’être interrogé sur son soutien aux régimes socialistes vénézuéliens de Hugo Chavez et Nicolas Maduro (lien).
La violence des propos est ici:
[video]https://youtu.be/i9tPz-iFCBA[/video]
Cet évènement de l'actualité politique et médiatique me donne cette réflexion.
Dans toute société et partout dans le monde il a existé, et il existe toujours, des promoteurs d'idées de changement plus ou moins radical de l'organisation sociale existante, le plus souvent construit et imposé par les élites via des institutions qu'elles ont créées et imposées démocratiquement ou non. Le changement est toujours perçu par des "radicaux" comme souhaitable voire nécessaire pour s'adapter à des conditions nouvelles; que ce soit l'environnement, le climat, la disponibilité en eau, l'exploitation des ressources naturelles ou les effets des progrès techniques par les inventions et les innovations, car tous ces facteurs ont des effets systèmiques sur les relations sociales. Toutes les idées radicales encore aujourd'hui se réfèrent à Karl Marx "le Capital", à la lutte des classes et à la révolution marxo-léniniste. Au passage, je rappelle que la division de la société en classes est aussi celle d'Adam Smith et celle de l'Inde avec son système de castes.
Il y a donc toujours des idées "radicales" de changement présentes dans les sociétés. En régimes démocratiques, le changement se fait de manière progressive sous l'influence des mouvements "radicaux" qui les proposent (nos Insoumis aujourd'hui), ou de manière plus radicale par l'action, souvent accompagnée de violences, quand les conditions de vie - nourriture, logement, disponibilité des moyens de vivre essentiels - sont tellement mauvaises que le peuple se révolte, répondant aux leaders radicaux qui les appellent à le faire.
Le radicalisme s'est exprimé ainsi de manière totale lors de la révolution française en 1789, entraînant un bouleversement qui affecta toute l'Europe jusqu'à la fin 19è siècle jusqu'à la guerre mondiale 1914-1918. Auparavant il y eut la réforme avec les 95 thèses de Luther (1517) dont le résultat furent les guerres de religion et le siècle dit des "lumières". La révolution en Angleterre de 1688 dite "glorious revolution". Plus près de nous, la révolution russe d'octobre 1917 et le grand bond en avant chinois de Mao Tse Tung. En Amérique du Sud le 19è siècle, faisant écho à ce qui se passait en Europe, ce fut l'émancipation de la domination espagnole; enfant, mes parents m'avaient offert un livre sur Simon Bolivar, le libérateur.
Des évènements analogues se déroulent ainsi depuis qu'Homo.sapiens existe car nous sommes des animaux sociaux.
Ma question est donc comment réaliser les changements nécessaires que nous imposent nos techniques et leur effet sur l'environnement dont nous dépendons pour notre survie d'espèce. L'histoire montre que les révolutions radicales ont échoué, ou plutôt qu'elles ont été suivies par des corrections, retours vers des relations sociales basiques ou quasi universelles: la famille, le respect du droit de propriété, l'organisation de la production de biens et de services partagés sur un marché d'échanges et un équilibre, entre la puissance de l'état et du secteur privé, démocratiquement choisi et spécifique à chaque peuple. L'histoire montre qu'on ne peut pas éradiquer ces éléments qui sont dans l'ADN de notre espèce. Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley et 1984 de George Orwell ont décrit ces mondes radicalisés comme des dystopies. Une dystopie est le contraire d'une utopie.
Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. L'auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d’une idéologie (ou d’une pratique) présente à notre époque.
Tout ce qui passe aujourd'hui en France depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, puis l'élection des députés d'En Marche à l'Assemblée Nationale va dans ce sens. Le rappel à Mélenchon de son engouement d'un temps pour le Vénézuela et Cuba, sont compréhensibles, surrtout venant de Laurence Debray, fille de Régis Debray - ex-castriste et théoricien de la guérilla marxiste-léniniste - qui fut un temps lui aussi, promoteur d'idées radicales vécues en Amérique du Sud. Laurence Debray incarne justement la réaction humaine universelle face à la dystopie (de son père).