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Olivier Corel, Fabien Clain, Sabri Essid… les ombres fuyantes du procès d'Abdelkader Merah

Plusieurs personnes, dont l'influence sur le frère du terroriste est sans cesse rappelée, échappent toujours à la justice.

La justice antiterroriste a la réputation de ratisser large. Or, dans le dossier Merah, plusieurs personnes dont l'influence sur Abdelkader est sans cesse rappelée au procès, dont le verdict est attendu le 2 novembre, sont passées à travers les mailles du filet. À commencer par Souad, sœur de Mohamed et Abdelkader Merah. De nombreux témoignages décrivent l'ultra radicalité de cette femme qui, à Toulouse, portait la burka. N'a-t-elle pas déclaré un jour qu'elle pourrait commettre un attentat suicide avec ses propres enfants, afin qu'ils aillent tous ensemble au paradis?

Ultra radicalisée, Souad Merah réside actuellement en Algérie. Elle n'a jamais été mise en examen

Mariée à un certain Abdelouahed El-Baghdadi, condamné la semaine dernière à Paris à neuf ans de prison pour djihadisme, elle avait cherché à se rapprocher de lui quand il combattait en Syrie. Officiellement, elle est restée du côté turc de la frontière… Souad Merah réside actuellement en Algérie. Elle n'a jamais été mise en examen.

D'autres noms ont été régulièrement prononcés lors des débats devant la cour d'assises: Corel, Clain, Essid. Sabri Essid est celui qui a mis Abdelkader Merah, petit voyou de la cité des Izards, sur le chemin du salafisme. Ce prêcheur efficace, décrit par l'accusé visiblement admiratif comme portant la barbe et une tenue traditionnelle, roulant en Mercedes cabriolet, fascinait nombre de jeunes paumés du quartier, qu'il envoyait en apprentissage à la mosquée tenue par ses amis. Un ancien responsable du renseignement toulousain a évoqué à la barre son «fanatisme incroyable», son inclination pour la «violence totale», son «discours manichéen». Tout un symbole: Abdelkader Merah a arrangé le remariage de sa mère avec le père de Sabri Essid, parti combattre en Syrie.

«Redoutables propagandistes»

Ce missionnaire extrémiste fait partie de la garde rapprochée des frères Jean-Michel et Fabien «Omar» Clain, ce dernier ayant prêté sa voix à Daech pour la revendication des attentats du 13 novembre 2015. Ces «redoutables propagandistes», pour reprendre les termes du policier toulousain, sont des rouages essentiels de la filière d'Artigat, du nom du village ariégeois où habite son gourou, Olivier Corel. De son vrai nom Abdel Ilat Al-Dandachi, Syrien né en 1946 et naturalisé dans les années 1980, il est aussi connu comme l'«émir blanc». Il dispense un enseignement jusqu'au-boutiste, fondé sur la haine des «mécréants» et le mépris pour les autres mouvances jugées trop modérées. Abdelkader Merah était aussi un familier de MM. Corel et Clain.

 

Soupçonné d'être la tête pensante d'un réseau de formation de combattants islamistes, l'«Émir blanc» a bénéficié d'un non-lieu en 2009, contrairement à Sabri Essid et Fabien Clain. C'est Olivier Corel qui a envoyé ses messagers dans les quartiers défavorisés de Toulouse pour y recruter des adeptes ; tandis que les frères Clain se voyaient attribuer le secteur de la Reynerie, Sabri Essid s'occupait des Izards.

Alors que tous les regards convergent, au procès d'Abdelkader Merah, dans la direction d'Artigat, Olivier Corel n'a fait l'objet d'aucune poursuite dans le dossier. De même, Sabri Essid et les frères Clain n'ont pas été renvoyés aux assises, ne serait-ce que symboliquement puisque, s'ils sont encore en vie, ils se trouvent quelque part entre la Syrie et l'Irak.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 27/10/2017.

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