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Présidentielle 2017. Macron: le renouveau, ce n'est pas un sourire Colgate

Source Yves de Kerdrel Valeurs actuelles 13 avril 2017


La France n'a nul besoin d'un président qui cherche à être aimé, mais au contraire d'un chef d'État prêt à l'impopularité. Lot de tous ceux qui ont redressé leur pays.  Le hasard de la vie fait que j'ai rencontré Emmanuel Macron il y a bientôt dix ans, alors qu'il était rapporteur adjoint de la Commission pour la libération de la croissance française créée à la demande de Nicolas Sarkozy et dont le président était Jacques Attali (*). J'ai rapidement sympathisé avec ce garçon agile, brillant, plein d'entregent et qui ne semblait, alors, motivé que par le souci de l'intérêt général. Une fois les travaux des deux "commissions Attali" terminés nous avons continué à nous parler, à nous voir, lui travaillant avec David de Rothschild et moi au Figaro. Ce n'est qu'à l'occasion de la "primaire citoyenne" de 2011 que j'ai découvert qu'il était socialiste et qu'il conseillait François Hollande.
(*) Yves de Kerdrel faisait aussi partie de la commission Attali (lien: libérer la croissance)


Lui devenu secrétaire général adjoint de l'Élysée et moi directeur général de Valeurs actuelles, nous avons continué à échanger régulièrement. Et j'appréciais cette ouverture d'esprit de sa part, si rare dans son camp. Lui-même ne me cachait pas ses états d'âme à conseiller un président qui ne l'écoutait que trop rarement. Ces discussions régulières ont fini par se retourner contre moi. Et certains, en ayant eu connaissance, ont fait circuler l'information calomnieuse selon laquelle je le soutenais dans son ambition présidentielle.


Emmanuel Macron a fait du renouveau en politique le mot d'ordre de sa campagne électorale. Il a raison et c'est en affichant ce positionnement et en se détachant du vieux Parti socialiste qu'il a pu bouleverser la donne politique au point d'empêcher son ex-mentor, François Hollande, de se présenter pour un nouveau mandat. Il a raison parce que les Français sont effectivement lassés de cette alternance entre une fausse droite et une fausse gauche qui a conduit la France, en quarante ans, au bord du précipice financier et de l'explosion sociale.


Mais le renouveau ne peut pas se résumer à un "sourire Colgate" qui avait permis à Jean Lecanuet, il y a cinquante ans, de mettre en ballottage le général de Gaulle. Le renou- veau ne consiste pas à ne s'intéresser qu'à la France des start-up ou à se croire moderne en niant l'existence d'une culture française. Le renouveau n'autorise pas à traiter lespieds-noirs de criminels, à les insulter une seconde fois en déclarant «je vous ai compris » ou à considérer que les gradés de l'armée française sont bons à devenir du jour au lendemain des animateurs de colonies de vacances pour jeunes de banlieue en manque de civisme.


Le vrai renouveau, celui que les Français attendent depuis des années, c'est de voir des dirigeants capables de présenter enfin des budgets à l'équilibre et d'arrêter cette machine infernale à fabriquer de la dette. Le vrai renouveau, c'est d'ambitionner le plein emploi tel qu'il existe désormais en Allemagne ou au Royaume-Uni et non pas de viser un taux de chômage à 7%. Le vrai renouveau, c'est de transformer notre État goinfre et nounou en un État économe et respectueux de la liberté de chacun, et non pas de promettre d'un côté 60 milliards d'euros  d'économies tout en créant  50 milliards de dépenses nouvelles.

Le vrai renouveau, c'est de constituer un gouvernement composé de personnalités expérimentées et compétentes. Mais surtout,
le vrai renouveau, ce n'est pas de chercher à être aimé en disant oui à tout le monde, mais au contraire de savoir être impopulaire comme l'ont été tous ceux qui ont redressé leur pays, de Gerhard Schrôder à Mariano Rajoy en passant par David Cameron. Les Français commencent à comprendre qu'il vaut mieux un balafré de la politique pour transformer notre pays qu'une gravure de mode. Espérons que le bon sens les amènera à faire le bon choix, sans quoi le "renouveau" ne sera que cinq années de sursis accordées à cette clique socialiste qui a soigneusement démoli la France depuis 2012. •