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Source: leplus.nouvelobs.com


Ma famille a participé à un défi "Zéro déchet". En un an, on a vraiment gagné en bien-être



En un an, la famille de Frédérique a dit adieu à de nombreux emballages (MOURAD ALLILI/SIPA).

Il y a un peu plus d’un an, j’ai appris que notre syndicat local de gestion des déchets cherchait des familles pour participer à un défi "Zéro déchet". Personnellement, je travaille dans ce domaine, j’y suis donc particulièrement sensible.

Avec mon conjoint, on éduque nos enfants dans le respect de la planète et de l’environnement. Mais il faut bien reconnaître qu’avant de se lancer dans ce défi, on n’était pas vraiment au point. On avait l’impression de faire attention, mais en fait, on était vraiment pris dans la société de consommation et on ne voyait pas d’alternative. Donc on s’est dit que ça pourrait être bien d’essayer de se lancer.

Tout mesurer dans un tableau Excel

On a eu une première réunion d’information avec le syndicat de collecte et de traitement des déchets, qui nous a présenté des outils pour nous aider au quotidien, ainsi qu’un grand tableau Excel qui nous permettrait de mesurer l’évolution de notre progression. Il faudrait noter tous les mois le poids des déchets verre et papier, évaluer le volume des recyclables et de nos ordures ménagères.

Si on le souhaitait, on avait aussi la possibilité de se fixer un objectif mensuel et d’essayer de réduire significativement la part de tel ou tel déchet dans notre vie quotidienne. Avec un accompagnement toute l’année, via des ateliers pratiques.

Avant tout cela, il nous a été recommandé de faire l’inventaire de toute la maison. Je parle bien de la liste de ce qu’il y avait dans chacune des pièces. Personnellement, je n’en ai pas vu l’utilité et je me suis sentie un peu désarmée face à l’ampleur du chantier. Je n’ai eu le courage de faire qu’une seule pièce.

Tout ce qu’on accumule a vocation à devenir un déchet

Au fil du temps, j’ai compris à quoi servait l’exercice : ça permet de se rendre compte de tout ce qu’on accumule, des choses dont ne se sert plus, qu’on ne peut pas réparer, dont l’usage est obsolète, etc. Tout ce qu’on possède est déchet potentiel. J’ai pris conscience de ça progressivement et de fait, en se lançant dans ce défi, notre vie s’est un peu simplifiée.

Le changement ne s’est pas fait du jour au lendemain. On a décidé d’y aller doucement pour éviter de se fatiguer, se frustrer et finir par abandonner. On a commencé par s’attaquer à l’alimentation facile. Pour les pâtes, le riz ou encore la semoule, j’ai d’abord acheté des bocaux et je me suis mise au vrac.

J’ai aussi troqué mes sacs de courses en plastique contre des sacs en tissu, qui me servent aussi pour les fruits. Si on fait vraiment attention au nombre de sacs plastiques qu’on prend pour chacune des variétés de fruits et de légumes qu’on achète, on se rend compte que c’est relativement vertigineux.

Pour la viande et la charcuterie, j’ai pris l’habitude de venir avec mes propres boîtes pour éviter les emballages. Au début, ça donnait lieu à des situations légèrement coquasses… et des regards surpris de la part des autres clients. En effet, on paie souvent la charcuterie au poids, donc il fallait que le vendeur tare sa balance… Si jamais la personne n’a pas l’habitude, ça peut prendre du temps et faire grincer des dents. Aujourd’hui, ils ont pris l’habitude, et quand ils me voient, ça nous permet aussi de discuter.

Après, il n’est vraiment pas question de faire du prosélytisme, je n’impose rien du tout. Simplement, si un client agacé me pose une question, je vais répondre et expliquer. Il y a néanmoins certains magasins que j’ai arrêté de fréquenter parce que le personnel m’a bien fait comprendre que je les ennuyais.

On est une famille comme les autres

Progressivement, on a banni le gel douche, le shampoing et le déodorant de la salle de bain. Même chose pour le dentifrice. On est passé au shampoing solide, que l’on achète dans les magasins bio. Au savon que l’on achète chez un petit producteur non loin de chez nous et au déodorant à base d’huiles essentielles. Pour ce qui est de l’hygiène dentaire, on utilise des brosses à dents en bois et on confectionne notre propre dentifrice.

Ça peut paraître un peu radical, mais en fait, est vraiment une famille comme les autres. On se rend simplement compte qu’en faisant plus attention à ce que l’on consomme, on va naturellement vers des produits qui sont plus sains pour nous. Malgré tout, on continue de prendre la voiture et d’hésiter face au dilemme : "faire 50km pour aller acheter dans un magasin zéro déchet" versus "ne faire que 3km et acheter dans une enseigne 100% déchets".

Ne pas se faire avoir par le marketing

Là où je me suis vraiment rendu compte qu’il y avait un problème avec notre mode de vie d’avant, c’est avec les produits d’entretien. Quand on ouvre les placards, on voit tout ce qu’on est capable d’accumuler juste parce qu’il y a une promo sur tel ou tel bidon pour nettoyer les sols.

Le marketing et la publicité nous font croire qu’on a besoin d’avoir deux ou trois bouteilles, au prétexte que le lot est moins cher. Mais si on regarde ça en détail, on s’aperçoit qu’on paie trois fois pour le même emballage… et que la société doit, elle aussi, payer pour le recyclage.

On a encore des petits points faibles

Il y a encore des choses sur lesquelles on travaille pour essayer de faire mieux. En ce qui concerne la lessive, par exemple, on a testé beaucoup de choses, mais on n’a pas encore trouvé de recette qui soit satisfaisante. On échange beaucoup sur internet avec d’autres familles pour voir ce qui marche ou pas chez elle, je suis sûre qu’on va trouver. Pour ce qui est de la poudre du lave-vaisselle, on mélange de la soude et du savon de Marseille. Ça marche plutôt bien.

En revanche, on utilise encore des couches jetables pour le dernier : ça nous frustre un peu… mais bon, c’est comme ça. Le but, c’est avant tout d’essayer d’agir à notre niveau et de faire en sorte que nos enfants soient conscients de notre démarche… et qui fait maintenant vraiment partie de notre mode de vie. Un sac-poubelle de 30 litres dure entre 5 et 6 semaines chez nous, contre 8 à 10 jours il y a un an. Ça veut bien dire que nous avons changé.

Une vraie expérience familiale

Ce qui nous a beaucoup aidés, c’est de savoir qu’on n’était pas seuls et livrés à nous-mêmes avec ce défi. Les ateliers pratiques organisés par le syndicat ont joué un rôle prépondérant dans cette réussite. Grâce à eux, on a récolté plein d’astuces pour confectionner nous-mêmes des produits de substitution, pour mieux consommer et pour faire face aux obstacles liés à notre ancien mode de vie.

Le syndicat a aussi organisé des rencontres entre toutes les familles participantes, ce qui nous a permis d’échanger de bons plans, de bonnes adresses et des astuces. C’était aussi l’occasion de vider un peu notre sac, si une période ou un objectif a été un peu plus difficile qu’un autre. Ce qui est génial – et je voudrais vraiment insister là-dessus – c’est que cette expérience nous a permis de vraiment réfléchir et d'apprendre en famille. Chacun a du trouver des solutions. On s'est mis à la cuisine, on partage beaucoup plus de moments ensemble, on essaie de privilégier les sorties en famille plutôt que d'acheter tel ou tel jouet quelconque. Ce changement de vie nous a incité apprécier davantage tous ces petits moments, qui pouvaient avant cela passer inaperçus.

Même si le défi est terminé aujourd’hui, on a pris la décision avec d’autres familles de monter une association "Zéro déchet". On a vraiment envie de poursuivre sur ces bases-là parce que le bien-être est au rendez-vous et que c’était une chouette aventure. Dans l’avenir, on espère monter des rencontres nous aussi, et, pourquoi pas, faire de nouveaux adeptes.

Source: Nouvel Obs Propos recueillis par Henri Rouillier.

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Problème ou pas? Zéro déchets vu comme ça signifie décroissance (lien). Donc pour employer les gens, leur donner les revenus nécessaires pour vivre même avec zéro déchets, payer les impôts et les services publics.... il faudra trouver autre chose.... un changement de société et même de civilisation.

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