FOCUS - En voulant faire de l’ISF un impôt sur la «rente» immobilière, Emmanuel Macron souhaite ne plus taxer les placements financiers, l’épargne et autres valeurs mobilières. Mais que pèsent-ils au juste dans l’ISF ? Explications.
À l’instar des économistes de gauche, Emmanuel Macron semble avoir la dent dure contre les propriétaires. Tour à tour, Thomas Piketty, le Conseil d’analyse économique, l’OFCE ou encore France Stratégie ont réclamé, pour rétablir selon eux une forme d’équité fiscale, de surtaxer les propriétaires qui n’ont ni crédit ni loyer à payer. L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, lui, veut taxer la rente immobilière. Une mesure approuvée à 53% par les Français (les électeurs de gauche y sont favorables à 56%), selon un sondage Odoxa publiée ce mardi.
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«Rente», le mot est lâché! Celui-là même que son prédécesseur à Bercy, Arnaud Montebourg, avait prononcé, il y a un peu plus de deux ans, pour s’en prendre aux professions réglementées et qu’un certain... Emmanuel Macron avait rejeté. «Taxer les propriétaires de rentiers est profondément choquant, réagit Jean Perrin, président de l’Unpi, le syndicat qui représente les propriétaires et qui réclame la suppression pure et simple de l’ISF. Les propriétaires occupants n’ont rien demandé à personne pour le devenir. Quant aux bailleurs, la gestion locative est une activité et non pas une rente. Macron, qui était censé libérer l’économie, applique des vieilles idées sectaires pour tuer le marché immobilier».
Qu’en est-il dans la réalité? Que pèse l’immobilier dans l’ISF? On a souvent l’habitude d’entendre que l’ISF est un impôt immobilier. Il semblerait que non. Aucune donnée officielle n’a été publiée sur le sujet. Les experts économiques proches de l’ancien ministre estiment que le capital immobilier représente quelque 40% des rentrées fiscales de l’ISF. On retrouve un chiffre quasi similaire dans le dernier rapport du Conseil des prélèvements obligatoires qui s’appuie sur des données de la Direction générale des finances publiques. De son côté, le capital mobilier (placements financiers, liquidités, biens meubles...) qu’Emmanuel Macron veut donc supprimer de l’assiette de l’ISF, pèserait environ 49%. Aujourd’hui, l’ISF rapporte un peu plus de 5 milliards d’euros à l’État. Tout particulier ou foyer fiscal est concerné par l’impôt sur la fortune si la valeur de son patrimoine excède 1,3 million d’euros. En moyenne, les 342.942 Français assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune s’acquittent d’un montant moyen de 15.233 euros.
Conscient que la question est hautement sensible pour l’opinion publique, l’entourage d’Emmanuel Macron a corrigé le tir, préférant au terme de «rente immobilière» celui d’«ISF immobilier». «Tous les propriétaires ne sont pas nécessairement rentiers», reconnaissent les experts d’En Marche! Surtout, il n’est pas question d’augmenter la fiscalité sur l’immobilier. Le barème et le taux resteraient les mêmes, l’abattement sur la résidence présidence principale serait maintenu mais l’assiette serait plus faible. Le manque à gagner pour l’État serait de deux milliards d’euros à court terme. Si la question de la fiscalité de l’immobilier est très sensible, c’est aussi et surtout que les Français aiment la pierre et que l’immobilier est déjà un des actifs les plus taxés.