Démonstration de force de Macron face à ses adversaires | À la Une | Reuters
par Catherine Lagrange
LYON (Reuters) - Emmanuel Macron a fait une nouvelle démonstration de force, samedi en rassemblant 15.000 supporters à Lyon, où Marine Le Pen, en qui il a désigné son premier adversaire, donnait ce week-end le coup d'envoi officiel de sa campagne présidentielle.
"Votre présence (...) c'est une démonstration d'envie, une démonstration d'enthousiasme", a lancé l'ancien ministre de l'Economie dans une ambiance électrique. "L'envie de dépasser nos frontières, l'envie d'envisager un avenir nouveau."
A la veille d'un meeting de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la "France insoumise", également à Lyon, et de l'investiture de leur rival socialiste, Benoît Hamon, à Paris, il avait également invité quelques personnalités emblématiques récemment ralliées à son mouvement "En Marche !"
L'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, choisi par Emmanuel Macron pour présider la commission d'investiture d'"En Marche !" cotoyait ainsi le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la médaille Field, l'ancien juge anti-corruption Eric Halphen ou les économistes Philippe Aghion et Elie Cohen.
Plus anecdotique, l'ancienne organisatrice des Miss France, Geneviève de Fontenay, et la capitaine de l'équipe féminine de football de Lyon, Wendy Renard, cotoyaient l’architecte Roland Castro ou les académiciens Erik Orsenna et Marc Lambron.
D'une tribune dressée au milieu d'un Palais des sports bondé (environ 8.000 personnes et presque autant à l'extérieur devant des écrans géants), Emmanuel Macron a décliné pendant une heure et quarante minutes la devise "liberté, égalité, fraternité" en autant de têtes de chapitre de son projet présidentiel.
Ces "trois mots (...) seront notre avenir parce que nous allons ensemble leur redonner leur sens et leur vitalité", a-t-il expliqué.
MACRON CONTRE LE REVENU UNIVERSEL
Il a énuméré un certain nombre de propositions, pour l'essentiel déjà connues. Il a ainsi dit vouloir être le "défenseur du travail" et créer une "véritable sécurité professionnelle universelle". A l'heure du Brexit, il a également fait acclamer l'Union européenne.
Mais il a surtout défendu sa volonté de dépasser le traditionnel clivage droite-gauche, en invoquant les mânes de figures du panthéon politique français, du général de Gaulle à François Mitterrand en passant par le gaulliste social Philippe Seguin, mentor de l'actuel candidat de droite François Fillon.
Il a fustigé une gauche qui "a trop longtemps pensé qu’on ne pourrait promettre que l’égalité", une droite qui "pense trop souvent que la liberté seule peut servir de boussole" et attaqué tour à tour ses principaux adversaires.
Il a ainsi dit s'opposer au revenu universel, proposition phare de Benoît Hamon, "qui voudrait que la promesse faite à chacune et chacun ce soit de pouvoir vivre dignement dans une oisiveté subie ou choisie".
Il a fait allusion aux soupçons d'emplois fictifs dont auraient bénéficié l'épouse et deux enfants de François Fillon, dont la candidature est aujourd'hui fragilisée, et vouloir "restaurer la dignité de la vie publique".
Mais il a plusieurs fois interrompu les sifflets saluant les allusions à l'ancien Premier ministre : "Ne sifflez pas, jamais, on ne se rassemble pas sur des sifflets", a-t-il notamment dit.
Mais c'est à Marine Le Pen, créditée par les sondages du plus grand nombre d'intentions de vote au premier tour de la présidentiel, qu'il s'en est pris le plus vigoureusement.
Les dirigeants du parti d'extrême-droite "trahissent la liberté en rétrécissant notre horizon, ils trahissent l'égalité en décrétant que certains sont plus égaux que d'autres, ils trahissent la fraternité car ils détestent les visages qui ne leur ressemblent pas", a-t-il dit. [nL5N1FP0HO]
"Aujourd'hui, vous leur avez répondu avec moi (...). Ils ont vu notre nombre, ils ne peuvent plus dire que nous ne sommes qu'une poignée", a-t-il ajouté.
Source: fr.reuters.com