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Ces fonctionnaires trop payés qui nuisent à l’économie? par Contrepoints

 

Par Daniel J. Mitchell, depuis les États-Unis un article de Cato Institute. Traduit par Contrepoints

L’année passée, j’ai partagé une remarquable étude de l’OCDE sur la relation négative entre les dépenses publiques et la performance économique. Les économistes de la bureaucratie basée à Paris ont examiné les données de ses pays membres (principalement l’Europe, l’Amérique du Nord et le Pacifique).

Ils ont découvert que les pays les plus étatistes connaissaient une croissance moins forte et ont conclu que ces pays seraient plus prospères s’ils réduisaient la taille de leur État. Et vous pouvez imaginer les chiffres qu’une telle étude aurait pu produire si des nations ayant un État de taille réellement modeste, comme Hong Kong ou Singapour, avaient fait partie des données.

Gains potentiels de PIB avec une réduction de la taille de l’État

Enfin une étude sur la rémunération excessive des fonctionnaires

Le propos du jour porte sur une étude d’une autre bureaucratie internationale : la BCE a livré une nouvelle recherche sur l’impact spécifique des rémunérations excessives accordées aux fonctionnaires. Voici les éléments clés du « résumé non technique » du document.

« Les bénéfices d’une modération de la masse salariale des organismes publics vont au-delà de l’objectif d’assainissement budgétaire. (…)

Une rationalisation des traitements des fonctionnaires et des politiques d’emploi pourrait générer des effets favorables sur le marché du travail à moyen et à long terme grâce à des gains de compétitivité et d’efficience. Les gains de compétitivité sont réalisés grâce aux effets de la modération des salaires du secteur public sur la détermination des salaires du secteur privé. (…)

Un aspect important du débat sur la limitation du traitement des fonctionnaires portent sur la durée du maintien de telles politiques. (…)

Selon la situation propre à chaque pays, les marges de manœuvre complémentaires à court terme comprennent la modération des écarts salariaux encore élevés entre le secteur public et le secteur privé ou une possible poursuite de la tendance à la réduction des emplois publics. (…)

Enfin, le document fait valoir que les réformes affectant le personnel du secteur public sont les plus efficaces et ont des effets plus soutenus lorsque les mesures mises en œuvre sont de nature structurelle. (…) Par exemple, il peut s’agir de mesures visant à rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État. »

Vous ne rêvez pas, une bureaucratie internationale explique qu’il existe des gains économiques lorsque les responsables politiques se décident à « rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État ».

Si vous êtes un mordu de politique, vous apprécierez le fait que l’étude soit remplie de nombreux chiffres et graphiques intéressants.

« (…) Les données agrégées montrent que l’écart de salaire entre les administrations publiques et le secteur privé de la zone euro est passé de 20% en 2007 à 25% en 2009, pour retomber à 23% en 2014. »

Des fonctionnaires trop payés par rapport au privé

Voici un graphique intéressant. La ligne bleue indique la proportion avec laquelle les bureaucrates sont trop payés par rapport au secteur privé. Depuis 10 ans, le « sursalaire » se situe dans une fourchette de 20 à 25%.

Ce problème de salaire excessif en faveur de la bureaucratie n’a fait que croître.

« (…) La rémunération des salariés des administrations publiques a augmenté plus rapidement que le PIB nominal durant toute la période de crise 2007-2014. »

Toutefois quand l’ère d’austérité a débuté vers 2010, il y a eu quelques réformes en matière de rémunération des fonctionnaires (en Europe, « assainissement budgétaire » a surtout signifié des impôts plus élevés et une certaine retenue dans les baisses de dépenses), notamment dans les pays contraints d’apporter des changements dans la mesure où les bailleurs de fonds devenaient de plus en plus réticents à leur prêter davantage d’argent.

Voici un graphique qui montre la rémunération des fonctionnaires en part du PIB : la barre bleue indique la quantité de production économique consommée par les fonctionnaires en 2010 et le point jaune représente le niveau en 2014.

Certains pays ont augmenté le fardeau relatif de la rémunération des bureaucrates tandis que d’autres l’ont réduit. Notez que l’Allemagne et la République tchèque méritent d’être louées pour avoir réussi à maintenir une faible charge (mention honorable pour le Luxembourg et la Slovaquie) tandis que le Danemark se distingue par ses absurdes extravagances.

Quelle part de la population est fonctionnaire ?

Pour une perspective de long terme, du moins en ce qui concerne la taille de la bureaucratie, voici un tableau indiquant la part de la population qui reçoit un chèque de l’État. Des données fascinantes.

J’aime particulièrement les colonnes de droite qui montrent que l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni méritent d’être félicités pour avoir réduit au fil du temps le nombre de fonctionnaires par rapport au secteur privé. En revanche, les nations qui se sont le plus orientées dans la mauvaise direction sont la Grèce (oh, quelle surprise !), l’Espagne, le Portugal et la Finlande.

ECB-Change-in-size-of-bureaucracy.jpgTendances à moyen terme du ratio entre les effectifs des administrations publiques (Ng)
et l’emploi total dans l’économie (N)

Examinons maintenant l’aspect économique de la bureaucratie.

Comment les fonctionnaires trop payés nuisent au secteur privé

Les auteurs se réfèrent aux recherches universitaires actuelles, dont une grande partie s’intéresse au niveau de rémunération excessif du secteur public, facteur de distorsions à l’échelle de l’économie qui rendent les pays moins concurrentiels et entraînent une croissance plus lente.

Fondamentalement, une rémunération excessive accordée aux fonctionnaires oblige également les employeurs privés à augmenter les salaires, mais d’une manière qui n’est pas soutenable au regard des niveaux sous-jacents de productivité.

« Une recherche séminale d’Alesina et al. (2002) a constaté qu’une baisse des dépenses salariales du secteur public génère des réductions de salaires par employé dans le secteur privé, ce qui favorise la compétitivité, la hausse des bénéfices, les investissements et la croissance économique. (…)

Un argument essentiel est que la contrainte salariale publique peut déclencher un ajustement du marché du travail par le biais des interconnexions avec les rémunérations du secteur privé. (…)

La littérature a démontré que les traitements des fonctionnaires et les rémunérations des salariés du secteur privé sont significativement corrélés. Une foule d’études empiriques récentes prouvent une relation causale directe entre ces variables. (…) La littérature empirique tend à conclure que l’emploi public évince l’emploi dans le secteur privé. »

Mais lorsque les pressions budgétaires forcent les responsables politiques à freiner les rémunérations excessives des fonctionnaires, cela permet au secteur privé d’avoir des niveaux de salaire compatibles avec une croissance soutenable à long terme.

Les auteurs partagent certaines de leurs nouvelles découvertes :

« La récente période d’assainissement a contribué à certains gains de compétitivité dans la zone euro, en raison des preuves fournies sur la réduction partielle de l’écart salarial public-privé. (…) Globalement, la modération des traitements des fonctionnaires a directement réduit la progression des coûts de main-d’œuvre unitaires de la zone euro au cours de la période 2010-2014. (…)

L’existence de distorsions dans les écarts salariaux entre les secteurs public et privé (…) peut être particulièrement préjudiciable à la compétitivité étant donné que les activités du secteur public sont concentrées dans les secteurs non marchands, moins exposés à la concurrence internationale. (…) Il est prouvé que la récente compression des salaires dans le secteur public a conduit à une correction partielle du sursalaire du public par rapport au privé dans la zone euro. »

Les auteurs terminent en discutant certaines implications politiques :

« Des politiques et des réformes bien menées de l’emploi public et du traitement des fonctionnaires peuvent générer des gains de compétitivité économique et améliorer l’efficience du marché du travail. (…) Les ajustements en matière d’emploi public peuvent avoir une influence positive sur le PIB et sur l’emploi de l’ensemble de l’économie, s’il y a des gisements d’efficience dans le secteur public. (…)

De plus, s’il existe un sursalaire public, ce dernier effet positif de la modération salariale dans le secteur public s’amplifie à mesure que les inefficiences du marché du travail diminuent. »

C’est une recherche utile. Il n’est pas fréquent qu’une administration publique publie une étude montrant que des bureaucrates trop payés entravent la performance économique globale. Même si je me presse d’ajouter que l’étude ne s’intéresse qu’à l’effet macroéconomique d’une rémunération excessive. Comme je l’explique à la fin de cette vidéo réalisée pour le Center for Freedom and Prosperity, il y a un autre problème : les diverses bureaucraties se livrent à des activités économiquement nuisibles.

La bonne nouvelle est que l’étude de la BCE reconnaît également la nécessité d’une réforme structurelle. C’est la raison pour laquelle il est fait allusion à la nécessité de « rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État ». La mauvaise nouvelle est que les responsables politiques n’ont que faire de ce genre d’étude.


Source: Cato Institute. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

Ce texte est une traduction d'un billet de Daniel J. Mitchell  Senior Fellow au Cato Institute de Washington, expert dans le domaine des réformes fiscales. C’est un fervent défenseur de la flat tax et d’une concurrence fiscale internationale.publié dans Cato Institute

Le Cato Institute est un site libertaire américain dans la mouvance de Mises ... une culture profondément ancré dans l'anti état fédéral... et opposé à l'Obama Care program.

 

Mon commentaire:

Les dépenses publiques sont les services publiques et les emplois au service du public. Je ne vois pas en quoi la privatisation de ces services bénéficierait à la population française. Privatiser signifie marchandiser et transformer le service en le distribuant à un nombre plus ou moins élevé de prestataires dans le territoire; lesquels agiraient pour engranger des bénéfices en fin d'année afin de les distribuer et/ou d'accumuler du capital. La France n'est pas les États-Unis. Cela n'empêche pas qu'il faut améliorer l'efficacité des services publics. Efficience et efficacité disait Philippe Seguin. Et le paiement des intérêts de la dette aux créanciers, français, européens et internationaux est une contrainte qui grève le budget et qui oblige à des réductions de dépenses si on n'augmente pas les impôts pour tous ou sélectivement pour les plus riches.