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Des limites des monnaies complémentaires

 

En étudiant les mécanismes de monnaies locales ou complémentaires, on peut y déceler un certain nombre de points faibles que l’auteur livre dans cet article.

Par Laurent Samuel, d’Association 1901.

est ce le Laurent Samuel journaliste du Monde?

Une des fonctions essentielles de la monnaie est de servir de réserve de valeur. Parce qu’elle est fongible, que son pouvoir libérateur est général et que sa valeur est en principe stable dans le temps, la monnaie peut être thésaurisée, c’est-à-dire épargnée.

D’un point de vue anthropologique, la fonction de réserve de valeur de la monnaie (auparavant des métaux précieux) a permis à l’humanité de faire un grand progrès, en s’affranchissant de la précarité économique qui résultait du caractère aléatoire du stockage des denrées périssables.

D’un point de vue philosophique et économique, la fonction de réserve de la monnaie est un facteur d’émancipation pour l’être humain, dans la mesure où elle lui ouvre la possibilité d’arbitrer entre une consommation immédiate et une consommation différée.

Dans les sociétés primitives ou celles qui fonctionnent sans monnaie, les stratégies de prévoyance sont essentiellement communautaires et reposent sur un code social très rigoureux. L’abondance momentanément disponible dans un clan ou une famille est aussitôt partagée avec la communauté, à charge pour les autres de partager lorsqu’ils seront à leur tour en situation de surplus. C’est le mécanisme du potlatch, typique des sociétés de chasseurs où la quantité de biens disponibles varie fortement d’un jour à l’autre et d’un foyer à l’autre. Dans une moindre mesure, nos sociétés rurales connaissaient un mécanisme identique avec le cochon, dont les morceaux qui ne pouvaient pas être conservés étaient redistribués aux voisins, à charge pour eux de rendre la pareille lorsqu’ils tueraient leur propre cochon.

Avec la monnaie (ou tout autre système permettant de préserver la valeur d’un bien dans le temps), le surplus constaté à un moment donné peut être converti dans une réserve de valeur qui sera utilisée en cas de besoin : c’est le passage d’un système de prévoyance reposant sur la collectivisation des surplus à un système de prévoyance individuel, plus égoïste certes, mais aussi plus responsabilisant et libérant l’individu de la pression morale de la communauté.

Certaines monnaies locales ont un caractère fondant, c’est-à-dire qu’elles subissent une dépréciation automatique dans le temps qui pénalise leur détention prolongée.

Ce mécanisme se déroule de la manière suivante :

Chaque billet a donc une durée de validité définie par le groupe (trimestrielle, semestrielle). Une fois la date de validité dépassée, la personne qui l’a en sa possession doit payer une contribution d’un montant également prévu à l’avance, de l’ordre de 2 ou 3% pour lui redonner sa valeur d’origine. Cela se fait par achat d’un timbre du montant de la contribution; ce timbre est  collé au dos du billet dans  des cases prévues à cet effet.

Il s’agit donc ni plus ni moins que d’une inflation organisée par l’émetteur de la monnaie qui spolie lentement le détenteur de la monnaie en lui imposant une taxe, passé un certain délai de détention (on parle d’ailleurs bien de « taxe d’inflation » à propos de la monnaie légale).

C’est Silvio Gesell, commerçant et économiste autodidacte du XIXème qui a théorisé le premier cette monnaie fondante. Gesell était commerçant de profession et il avait assisté à la ruine du secteur marchand argentin, confronté dans la seconde moitié du XIXème siècle à une crise déflationniste, provoquée par une politique monétaire trop restrictive imposée à l’Argentine par l’Espagne.

Il en conçut l’idée que l’argent devait « rouiller », perdre progressivement de sa valeur pour décourager toute tendance à la thésaurisation et inciter les détenteurs de monnaie à la faire circuler rapidement, entendez – à la dépenser auprès des entreprises et des commerçants.

Par la suite, les systèmes de monnaies complémentaires ou monnaies privées ont surtout été mises en oeuvre par les associations locales de commerçants (bon d’achat des quinzaines commerciales) et les grandes firmes (« miles » des compagnies aériennes). Les monnaies complémentaires ont toujours été pour les acteurs du secteur marchand un moyen de garder leur clientèle captive et de s’assurer un flux de revenus soustrait aux conditions rigoureuses de la concurrence, bref un avatar du marketing.

Sur les sites de monnaies complémentaires, on trouve d’autres justifications au caractère fondant de la monnaie, par exemple ici.

La dépréciation programmée de la valeur de la monnaie serait un moyen d’empêcher la « spéculation ». Arrêtez-moi si je me trompe. Dans un système de change fixe (1 unité de monnaie complémentaire = 1 euro) et avec une re-convertibilité limitée (en général, seuls les commerçants peuvent obtenir la transformation de leur monnaie complémentaire en euros), la monnaie ne peut techniquement pas faire l’objet de spéculation à la hausse ou à la baisse. Je pense que c’est ici encore la fréquente confusion entre thésaurisation et spéculation qui a sévi ; aujourd’hui épargnants et spéculateurs sont mis dans le même sac. C’est un grave contre-sens.

Autre justification : la fonte permet « une conversion solidaire (donner plus de Mesure que d’Euro lors de la conversion)« . Le mécanisme à caractère redistributif est le suivant : les détenteurs de monnaies complémentaires sont spoliés à échéance régulière par la fonte et les bénéfices de cette fonte servent à inciter de nouvelles personnes à rentrer dans le système en leur donnant des conditions plus avantageuses. Par exemple, ils vont obtenir 102 unités de MC pour 100 euros. On prend aux anciens pour donner aux nouveaux, une sorte de « cavalerie » ou un schéma de Ponzi qui donne au système un caractère pyramidal peu sympathique pour qui y réfléchit bien.

Il est fait également mention de la possibilité d’utiliser les produits de la fonte pour octroyer des crédits solidaires. Cela me semble beaucoup plus judicieux.

Personnellement (mais je le concède, il s’agit d’un ressenti personnel), je ne trouve pas éthique un système qui incite à la consommation (même si les monnaies complémentaires favorisent une indéniable relocalisation de la consommation), en pénalisant financièrement le détenteur de monnaie qui a choisi temporairement de ne pas la dépenser.

C’est pour moi d’autant plus suspect que les initiateurs des monnaies complémentaires sont souvent des acteurs du secteur marchand. Par ailleurs, le système peut devenir carrément inéquitable, si l’offre de produits et de services éligibles à la MC est réduite à quelques prestataires : le détenteur de monnaie complémentaire est alors piégé dans une nasse dont l’orifice se referme progressivement.

En instaurant un tel système, on ne change pas de paradigme : l’argent continue à aller à l’argent. Pressé de faire circuler la monnaie qu’il détient, le consommateur dépense les revenus de son travail auprès de commerçants et d’entreprises qui ont été en situation d’accumuler suffisamment de capital pour acquérir des moyens de production (usines, boutiques) et financer un cycle économique long (production ou stockage).

Comme l’inflation, la fonte de la monnaie complémentaire pénalise les détenteurs de revenus nominaux -essentiellement les salariés- aux dépens des agents économiques qui ont la faculté de faire varier leur rémunération, les producteurs, les commerçants. Rémunérés en monnaie fondante, producteurs et commerçants seront contraints d’augmenter leur prix pour préserver l’autofinancement nécessaire au maintien de leur structure de production, ce qui augmentera d’autant la spoliation inflationniste.

En confinant la monnaie dans son rôle de support à l’échange marchand et en forçant sa circulation, on obtient un système qui n’est pas forcément plus éthique que le précédent mais qui me semble voué à n’occuper qu’une place marginale tant il est limité dans ses fonctions économiques.

Je pense qu’il est anti-social de confiner la monnaie à sa seule fonction de support de l’échange marchand.

Je m’explique : dans un système où la monnaie ne pourrait jamais être stockée (parce qu’elle perd rapidement de sa valeur), les rôles et le statut économiques des agents sont figés de manière définitive et il n’y a pas de collaboration possible entre des agents qui disposent d’un surplus de monnaie et d’autres qui en manquent. Chacun sait que dans un contexte inflationniste, les détenteurs de monnaie sont réticents à la prêter à d’autres agents économiques. Or cette collaboration est indispensable dans la dynamique individuelle et sociale. On la trouve dans toutes les sociétés, sous une forme ou une autre, où le détenteur d’un capital accepte sous certaines conditions de le mettre à disposition de tiers.

C’est le mécanisme du prêt, qui porte sur la main d’œuvre dans les sociétés rurales (« Avec ma famille, je viens t’aider à moissonner tes champs, à charge pour toi de venir avec tes enfant quand je ferai ma récolte »). Dans nos sociétés moderne, tout capital peut être converti en monnaie et la monnaie permet d’acquérir toute forme de capital.

La monnaie thésaurisée a une réelle utilité sociale. Par le crédit, elle peut être mise à disposition d’agents qui en ont besoin, parce que que leurs revenus sont momentanément insuffisants pour couvrir leurs besoins ou parce qu’ils souhaitent investir dans un capital productif. Dénoncer l’économie de la dette, c’est remettre en question un certain fonctionnement du système reposant sur un monopole des banques mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. En supprimant de facto la possibilité de se prêter la monnaie, on se prive de la « fluidification » sociale (pardon pour le barbarisme) qu’autorise la mise à disposition temporaire d’un capital au profit d’un agent qui n’en dispose pas.

Tous ces arguments relèvent -vous allez me dire- d’une macroéconomie de comptoir et tombent d’eux-même face à des systèmes de monnaies complémentaires dont la vocation est réduite au champ local et la fonction essentiellement pédagogique. Les promoteurs de monnaies complémentaires se plaisent à dire que « la voie est dans le chemin, pas dans le but ». J’entends la critique.

En revanche, je ne partage pas cet objectif qui se cantonne à l’éveil des consciences : je suis intimement persuadé que l’heure n’est plus à l’agit-prop mais bien à l’invention et la mise en place d’infrastructures alternatives, qui soient réellement opérationnelles pour prendre la relève d’un système qui a atteint ses limites et dont nous commençons à mesurer le caractère profondément toxique.

Pour cette raison, les monnaies complémentaires doivent se considérer autrement que comme un sympathique système de bons d’achats permettant d’entretenir des relations plus conviviales avec son commerçant de proximité. A l’heure où le risque systémique n’est plus un concept théorique, les monnaies complémentaires doivent réfléchir à l’ensemble des fonctions de la monnaie et à son utilité sociale pour imaginer des alternatives crédibles au monopole du système bancaire.

Plus: Monnaie sur Wikibéral

Les monnaies complémentaires au service des échanges de proximité

 

Source: contrepoints.org  24/05/2012 (le lien vers la source   http://www.assolidaires.com est mort maintenant car changement de site)

Commentaires des lecteurs

 

  • « Une des fonctions essentielles de la monnaie est de servir de réserve de valeur. » Voilà une affirmation un peu trop péremptoire et contestable : la réserve de valeur pourrait bien n’être qu’une conséquence accessoire de la fonction unique de la monnaie qui est de servir de moyen d’échange. L’idée que la fonction de réserve de valeur serait primordiale ne traduit-elle pas une certaine confusion entre épargne et investissement ?

    1. Fonction première ou conséquence, c’est un débat que je laisse aux experts et qui a finalement reste assez théorique. Ce qui me parait évident, c’est que la capacité de la monnaie à préserver la valeur dans le temps ouvre la possibilité d’épargner.
      L’épargne permet de différer sa consommation ou d’investir.

      1. Merci pour votre réponse.

        Je ne pense pas que la monnaie épargnée soit à même de conserver de la valeur dans le temps, sinon sur une très courte période. Ne serait-ce qu’à cause du coût de stockage et de protection de la monnaie, le simple objectif de conservation de la valeur implique une création de valeur en parallèle, qui sera obtenue grâce à des investissements financés par cette monnaie épargnée, mais dont il faudra accepter le risque.

        Comme on le voit, sans être théorique, la monnaie n’a pas pour propriété de conserver de la valeur. Et on n’a même pas encore évoqué les variations de prix…

  • La monnaie n’a de fonction de réserve de valeur qu’en tant qu’elle est un titre sur un bien … qui conserve sa valeur.
    Une monnaie fondée sur un bien qui se dégrade au cours du temps, ou (ce qui revient au même) dont la conservation génère des soins particuliers et donc des couts, ne garde pas sa valeur.
    En pratique toutes les monnaies perdent de la valeur au cours du temps, à un taux variable ; même une chose quasi-inaltérable comme l’or à des couts de conservation, une usure des pièces, etc.
    (parenthèse : inversement un bien qui s’apprécierait au cours du temps ferait une excellente réserve de valeur mais une très mauvaise monnaie : pourquoi s’en séparer si la conservation enrichi ?)

    Mesurer ces couts et les rendre publics est un progrès par rapport à la situation où on fait semblant de croire que la valeur est constante. A condition évidemment de se baser sur une évaluation objective de la dépréciation, et non sur décision idéologique sur des considérations utilitaristes selon lesquelles la fonte doit être nulle, lente ou rapide parce que ceci ou cela.

  • Aucune véritable monnaie alternative ne paut exister. L’Etat impose une monnaie. Les expériences de monnaies alternatives ne sont que des bons d’achat, pas possible d’être autre chose.
    Le terme thésauriser signifie garder de la monnaie sans rien en faire, pas la prêter, ni la placer. C’est de la monnaie inemployée. C’est l’épargne qui peut être prêté.

  • Monsieur,

    Je viens de lire votre article et le trouve particulièrement à charge contre les monnaies complémentaires locales (MCL).

    Afin de créer un nouveau contre-point à votre article, voici mon point de vue. Je suis coordinateur du sol-violette de Toulouse et vice président du mouvement national Sol, initié par Patrick Viveret, dont le but est une réappropriation citoyenne de la monnaie.

    Tout d’abord, les MCL ne sont pas contre la fonction de réserve de la monnaie mais la sépare des deux autres celles d’unité de compte et d’échange.

    Nous ne demandons pas aux citoyens de transformer la totalité de leur euros en MCL mais juste la part qui leur est nécessaire pour échanger. 15% d’un budget est une bon objectif.

    La fonction de réserve est donc assuré par l’euro, à laquelle les MCL ne cherchent pas à se substituer mais à compléter afin de garantir à l’économie réelle des moyens d’échanges suffisants.

    Les MCL veulent favoriser le rapprochement de ceux qui ont des besoins avec ceux qui peuvent les satisfaire, c’est à dire prioritairement les citoyens, les entreprises locales, et les collectivités territoriales.

    Il faut savoir qu’aujourd’hui 97% des transactions se font sur les marchés financiers contre seulement 3% dans l’économie réelle selon les chiffres même de la banque mondiale (Morin 2006)

    Ces marchés financiers sont dopés par le crédit ( création ex-nihilo de la monnaie-dette) à ne pas confondre avec le prêt (transfert d’épargne). Cette monnaie-dette n’existera que le temps de son remboursement ce qui obligera les acteurs économiques ( ménages, entreprises et collectivités) à s’endetter en permanence pour reconstituer la monnaie-dette sous peine de ne plus avoir de moyens d’échange pour continuer à produire et distribuer leur production.

    Cette course à l’endettement engendre des intérêts composés dans les prix et nous a conduit aujourd’hui dans le situation de faillite en chaîne de nos ménages, de nos entreprises voire celle incroyable de nos collectivités. Les secousses financières de 2008, ne sont que les premières d’une longue série dont les effets seront de plus en plus destructeurs sur le développement durables et la cohésion sociale.

    Les MCL sont une réponse de la société civile à la financiarisation de l’économie. Cette réponse tente de remettre la monnaie centrale ( la seule vrai monnaie, celle émise par les banques centrale, comme la BCE en Europe) au service de la finance, la finance au service de l’économie et l’économie au service de la vie. Elle s’articule en 5 points :

    1-les MCL remettent les transactions au service de l’économie réelle. Pour se faire en échangeant un euro contre une unité de MCL ( par ex: un sol-violette), vous ferez en sorte que cette euro ne crée plus des transactions financières mais des transactions locales dans économie réelle. Un coupon billet sol-violette ne peut être échangé que dans un réseau d’acteurs agréés.

    2- Avec l’euro gagé contre chaque sol-violette, nous relocalisons l’épargne dans des comptes épargnes éthiques qui financent des micros crédits pour des personnes en situation d’exclusion financière et nous investissons dans le capital d’entreprises locales respectueuses des humains et de la nature

    3- par la fonte ( 2% par trimestre) nous garantissons à cette monnaie sans fonction d’échange et ainsi, avec moins d’euro nous pouvons échanger plus de richesse. Il ne s’agit donc pas de pousser les gens à la consommation mais de leur dire de n’échanger en sol-violette que ce dont ils ont besoin. Ainsi, à quantité égale d’euro , le volume de biens échangés en sol-violette est bien supérieur que celui de l’euro. Nous disons que « la richesse se crée quand la monnaie circule »

    4- Les productions vendue dans le réseau sont des productions respectueuses des humains et de la nature car les entreprises agréées se sont engagés dans une démarche de développement durable.

    5- Le réseau est gouverné au sein d’une association qui représente dans des collèges toutes les parties prenantes de l’économie locale : acheteurs, vendeurs, financiers et collectivités. Les décisions sont prises au consensus, sinon au consentement au pire au deux tiers des voix, ce qui permet une réappropriation citoyenne de cette monnaie par ceux qui l’utilisent et un réel intérêt général

    Enfin, l’intégralité des produits de la fonte ainsi que ceux de l’épargne sont transformés en pouvoir d’achat supplémentaire pour les adhérents. Quand un toulousain transforme 20 € il reçoit 21 sols afin d’augmenter son pouvoir d’achat dans le réseau local. Ce n’est que lorsqu’il change en euro ses sol-violette qu’on les lui reprend.

    Ainsi, je pense que les MCL ont une fonction d’utilité commune que partagent ceux qui l’utilisent au quotidien.

    Ce n’est pas pour rien que le conseil municipal de la Ville de Toulouse, majorité et opposition confondu, on voté non seulement pour son expérimentation en 2011 sur un territoire de 100 000 habitants mais pour son expansion en 2012 à Toulouse et son agglomération.

    pour plus d’infos : http://minilien.fr/a0mxla

    Bien à vous,
    Frédéric Bosqué

    1. Merci pour ce long commentaire qui éclaire vraiment notre débat et qui me donne l’occasion de préciser à la fois ma pensée et mon intention en écrivant cet article.

      Tout d’abord, je suis un fervent partisan des MLC et des circuits courts d’une manière générale. J’ai publié sur mon blog une petite présentation de ces systèmes qui n’a rien de péjorative : http://is.gd/o0PSsa où je souligne leur apport dans la construction du vivre-ensemble.

      L’article repris par Contrepoints était initialement intitulé : « Pourquoi certaines monnaies complémentaires n’en sont pas vraiment » et mon propos était simplement de regretter que les monnaies à vocation économique soient exclusivement tournées vers l’échange marchand (c’est à dire la consommation) et découragent par la fonte (lorsqu’elles pratiquent la fonte, évidemment) l’arbitrage entre consommation immédiate et consommation différée (en thésaurisant), cette possibilité de choix étant l’une des fonctions de la monnaie (dans la doctrine économique au moins).

      Je regrettais également que cette monnaie fondante ne puisse que difficilement circuler par le prêt qui n’est pas forcément spéculatif et qui a une vraie fonction sociale, dans la mesure où il permet à certains qui n’ont pas accès au capital de solliciter la confiance de ceux qui en dispose.

      L’intention de cet article était d’attirer l’attention des promoteurs de MLC sur la nécessite -l’urgence, on pourrait dire- d’envisager toutes les dimensions d’une démarche visant à replacer l’argent au coeur des relations sociales, y compris au profit de personnes qui accèdent plus difficilement à la consommation ou qui n’ont pas les marges de manoeuvre suffisantes pour affecter une partie de leur budget à des achats au sein d’une communauté restreinte.

      La monnaie « bon d’achat » remet du lien social dans la consommation ; c’est effectivement un premier résultat et il n’est pas négligeable. Mais je crois -et vous le soulignez aussi- qu’aujourd’hui, les enjeux sont aussi dans l’invention de véritables alternatives à ce système dont nous voulons nous débarrasser. Des alternatives, pas seulement des compléments.

      Avec Assolidaires, nous conduisons une réflexion visant également à faire circuler la monnaie (la vraie) au sein des communautés de proximité que sont toutes les associations 1901. En savoir plus ici : http://is.gd/tcx4wl

      Source: Larent Samuel d'Association1901.fr via Contrepoints.org

       

      Plus: Les monnaies complémentaires au service des échanges de proximité