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 Des centres d'accueil, oui mais... le point de vue de Denis Jeambar



Leur terre promise n'est pas la France. Bien d'autre nations, et la Grande-Bretagne au premier rang d'entre elles, font rêver les milliers de réfugiés entassés dans la Jungle de Calais. La plupart savent, en effet, que leur futur économique n'est guère assuré dans un Hexagone miné par le chàmage. Le pays des Droits de l'homme peut-il, pour autant, renier sa tradition d'accueil et refuser d'offrir à ces malheureux un refuge convenable et, dans l'esprit de la plupart, simplement transitoire! Peut-il offrir au monde le spectacle sinistre d'un monstrueux bidonville où vient s'entasser toute la misère du monde? L'ouverture de centres d'accueil et d'orientation disséminés à travers le pays est donc une nécessité pour que cesse ce scandale humanitaire indigne de notre histoire. Les réticences que suscite la création de ces lieux sont néanmoins compréhensibles dans une France saisie par le doute, inquiète du devenir de son identité. Il revient aux hommes po- litiques d'en démontrer la nécessité mais aussi de prendre les mesures nécessaires pour aller au-delà des simples questions matérielles. D'abord, pour savoir, d'une part, qui peut rester au nom du droit d'asile et des règles de droit en général, d'autre part, qui doit repartir dans son pays d'origine sans que des vies soient mises en danger. Ensuite, pour orienter sérieusement ces migrants déracinés et les informer à la fois de leurs droits et de leurs devoirs en France. Certes, la plupart ont couru les pires dangers avant d'échouer en Europe. Rien, cependant, ne les exonère de faire l'effort d'accepter nos règles, notre mode de vie, notre langue, nos moeurs, bref de respecter le pays qui leur offre l'asile.

La France républicaine est ouverte mais elle n'est pas communautariste et ne le sera jamais sauf à la pousser à la révolte et à la briser. Les pouvoirs publics ont donc la lourde responsabilité, pour éviter des tensions dont on voit les prémices b travers le refus ici ou là des centres d'accueil, de mettre en place des programmes exigeants
et contraignants pour que ces réfugiés ne demeurent pas des corps étrangers dans la nation française. C'est la crainte qu'il en soit ainsi qui alimente le malaise actuel. La tâche est impérative. Il est donc désolant de dresser ce constant: aucune politique nationale cohérente, volontariste et d'envergure n'existe. On bricole, gesticule et improvise au gré des crises migratoires. La France sera d'autant plus prête à accueillir des migrants que ceux-ci démontreront qu'ils veulent l'adopter sans vouloir en modifier la tradition, les usages et, notamment, cette singularité qui fait son vivre-ensemble: la laïcité.

 

Plus sur Denis Jeambar, ex directeur de l'Express