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France 2025: le rapport de Jean Pisani-Ferry préconise plusieurs priorités pour relancer le pays

PROSPECTIVE - A l’été 2013, François Hollande avait demandé au Commissariat général à la stratégie et à la prospective (rebaptisé France Stratégie) de lui remettre un rapport consacré à la France dans dix ans. Dirigé par Jean Pisani-Ferry, le Commissariat lui remet ce document de près de 200 pages ce mercredi 25 juin dans l’après-midi.

Un an après et au terme d’une longue consultation, France Stratégie dresse un constat sans concession de l’état de la France dont l’économie fragilisée peine à s’adapter aux nouvelles règles imposées par la mondialisation. “Le diagnostic est un décrochage net: la France a perdu six points de produit intérieur brut par habitant par rapport à la moyenne” des pays comparables, tranche le commissaire Jean Pisani-Ferry dans un entretien accordé au journal Le Monde.

Difficultés à réformer sur la durée et dans le consensus, refus de la mondialisation même dans ce qu’elle apporte de progrès, inadéquation de notre système institutionnel, déficits trop importants liés à une structure étatique trop lourde... Les raisons de ce décrochage pointées par ce rapport (consultable en fin d’article) sont nombreuses.

Se présentant comme “un inventaire raisonné des principales questions qui se posent à nous à horizon de dix ans”, ce rapport n’est “ni un essai de futurologie ni un exercice de projection économique ni un catalogue des réformes supposées indispensables”, préviennent toutefois ses auteurs. Ce qui explique pourquoi le Commissariat général à la stratégie préconise avant tout une batterie d’objectifs pour que la France redresse (enfin) la tête.

Réformer l’économie mais aussi la politique

Originalité de l’approche adoptée, le rapport ne prend pas le produit intérieur but comme unique critère du redressement de la France. Partant du classement de la France à la 18e place seulement de l’indicateur OCDE du bien-être qui évalue 36 pays, le Commissariat se fixe comme objectif à l’horizon 2025 de voir la France figurer dans les dix premiers, en améliorant notamment “l’engagement civique, la sécurité, l’emploi et l’éducation”, où elle est encore sous la moyenne.

L’Etat va dans le même temps devoir apprendre à se serrer la ceinture. Objectif phare: réduire la dépense publique de 6 points en 10 ans pour la faire passer de 54,8% à 48,8% du produit intérieur brut et ceci afin de stabiliser la dette à 75% du PIB.

Outre cet effort, le rapport plaide autant pour une relance de l’innovation économique qu’une réforme des pratiques politiques. Ses auteurs prônent notamment une vaste réforme territoriale pour clarifier les compétences des strates administratives. L’engagement civique et social doit être encouragé. Les auteurs du document appellent de leurs voeux une meilleure représentativité des institutions, à commencer par l’Assemblée nationale, la réduction du nombre de lois et la fin du cumul des mandats.

“Il faudrait que les élus ressemblent plus aux électeurs”, a déclaré Jean Pisani-Ferry ce mercredi sur France Inter, déplorant qu’ils soient en France des “professionnels de la politique” faits “sur le même modèle”.

Une protection résolue de l’environnement

Si Jean Pisani-Ferry précise qu’”à court terme, il est nécessaire de hiérarchiser les priorités”, il estime néanmoins que pour “bien engager une mutation”, il convient dans un premier temps de “revivifier la démocratie et de rénover ses institutions politiques”. Quand on parle à horizon 2025, un sujet crucial est la transition énergétique. Le Commissaire recommande outre le renchérissement des amendes pour atteintes à l’environnement, de “découpler croissance et pressions sur l’environnement”.

Il estime aussi nécessaire, “au moins jusqu’en 2020, de limiter les nouveaux investissements de production d’électricité tout en poursuivant le développement des énergies renouvelables, notamment pour la production de chaleur”.

D’autres pistes sont plus prévisibles et ont déjà été avancées dans nombre de rapports: réformer le système d’orientation scolaire, lutter contre les discriminations au travail, développer de nouvelles filières économes en carbone, encourager la mobilité étudiante, le bénévolat, réformer le système de formation tout au long de la vie, évaluer les politiques et services publics ou encore promouvoir la responsabilité sociale des entreprises.

Reste à savoir quelles suites le gouvernement de Manuel Valls donnera à ces préconisations. Etant donné l’urgence sociale qui plombe le pays et l’impopularité du gouvernement, les réponses palliatives pourraient avoir davantage la cote que les grandes réformes structurelles.

>> Retrouvez ci-dessous l’intégralité du rapport de France Stratégie
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