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Un ex-protégé de l’Élysée, dur aux pauvres, anti-35 heures et pro-patronal

Gérald Rossi

Idée fixe. À l’heure de sa nomination au gouvernement, en août 2014, Emmanuel Macron laissait immédiatement deviner le fil conducteur de ce que serait sa ligne politique au ministère de l’Économie : « Nous pourrions autoriser les entreprises à déroger aux règles du temps de travail et de rémunération. » Depuis, le banquier d’affaires installé à Bercy par la volonté de François Hollande, après avoir assuré la direction du pôle « économie et finances » au secrétariat général de l’Élysée, n’a cessé de multiplier les petites phrases, souvent choquantes, toujours libérales, qui alimentent les réseaux sociaux sur la Toile.

Tout le monde a noté une de ses dernières sorties médiatiques, le 19 août dernier au Puy-du-Fou, le parc de loisirs vendéen, quand, devant le très réactionnaire Philippe de Villiers, il a avoué : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste. » Ce qui n’avait en vérité rien d’un scoop. D’ailleurs, le même désormais ex-ministre ne disait-il pas un mois plus tôt « Vous savez, c’est très dur de savoir ce qui nous fait de gauche ou de droite » ? En juillet 2015, il croyait aussi déceler « un absent dans la politique française, la figure du roi, dont (il) pens(ait) fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort ».

Pour le reste, le ministre a été conforme à ce qu’on pouvait redouter de la part de l’un des rédacteurs du rapport de la commission Attali commandé par Sarkozy en 2008 : pour lui, le statut de la fonction publique « n’est plus adéquat ». La France n’a « pas su développer un environnement fiscal favorable aux entrepreneurs ; il existe une préférence pour les hausses de salaires et le versement des dividendes plutôt que pour l’emploi et les investissements ». L’année dernière, à l’université d’été du Medef (où il était invité à nouveau en tant que ministre aujourd’hui), ce sont encore les 35 heures qu’il avait dans le viseur en indiquant devant la mine réjouie des grands patrons que « la France a cru qu’elle irait mieux en travaillant moins, c’était une fausse idée ».

Aux jeunes Français, il conseille d’avoir « envie de devenir milliardaires », expliquait-il quelques mois plus tard aux Échos. Mais il serait injuste de penser pour autant que l’ancien énarque n’a jamais pensé aux petites gens. « Avec la relance des autocars, les pauvres voyageront plus facilement », a-t-il développé, pour justifier l’émergence d’un droit au transport à deux vitesses littéralement. Le mépris était encore présent dans le discours lors d’une visite dans un abattoir de volailles à Lampaul-Guimiliau (Finistère) quand il notait « qu’il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées ». Même morgue à Lunel (Hérault) face à un ouvrier qui l’apostrophait : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt, lui répondait-il. La meilleure façon de se payer un costume, c’est de travailler. » Comme le font sans doute les entrepreneurs « pour qui la vie est beaucoup plus dure que celle d’un salarié », ajoutait-il en janvier cette année… De toute façon, « vu la situation économique, ne plus payer plus les heures supplémentaires, c’est une nécessité », précisait-il aussi. En décembre déjà, il estimait « pas réaliste d’imposer un doublement de la rémunération pour les salariés travaillant le dimanche ».

Autre sortie remarquée, quand il note que le FN « est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française d’extrême droite ». En mai dernier, devant un parterre d’investisseurs, Emmanuel Macron faisait un autre aveu : « Si j’étais en désaccord avec ce que fait le gouvernement, j’aurais moi-même pris mes responsabilités. Ce n’est pas le cas. » Que s’est-il passé depuis ?

 

Source: humanite.fr