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Emmanuel Macron prend la mer, cap sur 2017 | À la Une | Reuters

 

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron sera candidat à l'élection présidentielle de 2017 s'il rencontre un "écho" au sein de la population française au cours des prochaines semaines, a déclaré mercredi le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, proche de l'ex-ministre.

Le ministre de l'Economie démissionnaire, qui a lancé son propre mouvement, "En Marche !" et quitté le gouvernement mardi, entretient depuis des mois l'ambiguïté sur ses intentions.

"Je suis convaincu que les choix que j'ai pu faire, les circonstances que nous vivons aujourd'hui, imposent aussi de prendre des risques et (...) de prendre la mer", s'est-il borné à dire lors de la passation de pouvoir avec Michel Sapin, qui reprend son portefeuille en plus de celui des Finances.

Emmanuel Macron, qui aime citer les classiques, a recouru à Marcel Pagnol et Antoine de Saint-Exupéry pour justifier un départ qui accentue l'isolement de son mentor le chef de l'Etat, François Hollande, à huit mois de l'élection.

De l'auteur de "Fanny", il a retenu l'idée que "si vous voulez aller en mer sans aucun risque de chavirer, alors n'achetez pas un bateau, achetez une île".

"Bercy est une île formidable (...) mais je me devais de prendre la mer dans une embarcation résolument plus frêle mais avec un cap et une volonté de prendre ce risque", a-t-il dit.

De l'auteur de "Vol de nuit", il a retenu l'idée que "dans la vie, il n'y a pas de solution, il y a des forces en marche, il faut les créer et les solutions suivent".

Après les remerciements d'usage, Emmanuel Macron a adressé un message politique à l'administration qu'il laisse aux mains de Michel Sapin, homme de confiance de François Hollande.

"Gardez cette loyauté des services (...) qui est le ciment de cette administration", a-t-il déclaré. "Et en même temps, conservez l'indispensable insolence, la volonté de toujours proposer, le goût irréductible pour la liberté des idées."

"PAS D'ACTION SANS CONFLIT"

Une insolence et une liberté qui avait fini par agacer, chez Emmanuel Macron, nombre de ses collègues du gouvernement, dont le Premier ministre, Manuel Valls, et le chef de l'Etat.

Dans sa réponse, Michel Sapin s'est employé à démentir les rumeurs faisant état de relations tendues avec l'ex-ministre, dont il a salué le talent et regretté le départ, mais a laissé échapper des indices de ce qu'ont pu être leurs relations.

"Je veux dire combien ton travail (...) au-delà de tes engagements, au-delà de ta fougue à parler de tous les sujets, dans tous les domaines (...) a été un travail profondément utile", a-t-il déclaré. Un travail qui a aussi été "parfois conflictuel" car "il n'y a pas d'action sans conflit".

Désormais libre de sa parole, Emmanuel Macron présentera le 20 septembre un bilan de la France, avant la parution en octobre d'un livre et l'annonce de ses propositions, a déclaré Gérard Collomb sur BFM TV et RMC. "Emmanuel Macron sera candidat si jamais il rencontre un écho dans les Français", a-t-il ajouté.

Selon lui, une cinquantaine de parlementaires de gauche soutiennent déjà l'ex-ministre, qui a promis mardi de "tout faire" pour transformer la France dès 2017, et des élus de droite s'apprêteraient à se déclarer.

"Nous sommes actuellement une quinzaine de députés à soutenir l'action d'Emmanuel Macron et je dirais une vingtaine de sénateurs", a pour sa part déclaré mercredi à Reuters le député socialiste Pascal Terrasse, un autre de ses soutiens, comme la sénatrice et ancienne ministre Nicole Bricq.

"Vous allez être surpris par les noms qui vont apparaître", a souligné pour sa part le maire de Lyon.

L'ancien ministre et député UMP Renaud Dutreil a annoncé mardi dans L'Opinion qu'il avait décidé de soutenir l'action d'Emmanuel Macron.

Le président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), Jean-Christophe Lagarde, a pour sa part déjà tendu la main mercredi à l'ex-banquier d'affaires, jugeant que son parti avait "vocation" à parler avec lui.

HOLLANDE "DÉÇU"

"(Emmanuel) Macron, comme nous, veut une recomposition politique", dit-il dans Le Parisien. "Il est au centre gauche, nous au centre droit, nous avons vocation à nous parler (...) Nous en discuterons avec lui et avec nos amis."

Du côté du gouvernement, des ministres ont tenté de minimiser le choc du départ d'un des rares membres de l'équipe gouvernementale pouvant se vanter d'une certaine popularité.

Selon le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, François Hollande a été "déçu" par la décision de son ministre.

"Ce n'est pas un coup dur, au fond. Il y a des moments difficiles en politique. Mais il y a aussi des déceptions humaines. Ça se surmonte", a-t-il dit sur Europe 1.

Mais pour lui, il ne fait pas de doute que l'ancien protégé de François Hollande "veut être candidat" : "Je ne suis pas naïf, je sais très bien vers quoi conduit ce processus."

Sur RTL, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s'est dite "dubitative" : "Avoir suffisamment de certitude pour s'imaginer plus utile hors de l'exercice des responsabilités, je trouve que c'est gonflé."

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a pour sa part estimé que le pays avait "besoin de cohésion, pas d'un nouveau candidat, pas d'un nouveau parti, pas d'une confusion supplémentaire".

Selon Gérard Collomb, Emmanuel Macron avait pris sa décision avant l'été et devait initialement démissionner après le meeting d'"En Marche !" à la Mutualité, le 12 juillet, mais son départ a été repoussé en raison de l'attaque du 14 juillet à Nice.

(Chine Labbé et Myriam Rivet, avec Emile Picy, édité par Emmanuel Jarry)

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