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Attaque de Nice : un projet « mûri depuis plusieurs mois » et plusieurs complices

 

Loin d’être un tueur compulsif isolé, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui a tué 84 personnes à Nice le soir du 14 juillet, semble avoir « mûri » son projet depuis plusieurs mois et bénéficié de « complicités », a déclaré lors d’un point presse, jeudi 21 juillet, le procureur de la République de Paris, François Molins.

Cinq personnes soupçonnées d’avoir aidé le criminel dans l’élaboration de la tuerie – toutes inconnues des services de renseignement – ont été mises en examen, jeudi soir, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Trois d’entre eux – Ramzi A., un Franco-Tunisien de 21 ans né à Nice ; Chokri C., un Tunisien de 37 ans né à Sousse ; et Mohamed Walid G., un Franco-Tunisien de 40 ans, également né en Tunisie – ont été en outre mis en examen pour complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Des échanges de SMS semblent indiquer que ces trois hommes connaissaient le projet de Mohamed Lahouaiej Bouhlel.

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« Chokri et ses amis »

Selon les informations du Monde, le tueur a enregistré un message audio le 14 juillet vers 17 heures sur son téléphone : « Chokri et ses amis sont prêts pour le mois prochain, maintenant ils sont chez Walid. »

A 22 h 27, soit un quart d’heure avant l’attaque, il envoie un dernier SMS à Ramzi A. : « Je voulais te dire que le pistolet que tu m’as ramené hier, c’était très bien, alors on ramène 5 de chez ton copain. C’est pour Chokri et ses amis. » Demandait-il la fourniture d’autres « pistolets » pour une attaque prévue « le mois prochain » ? Les enquêteurs ne l’excluent pas.

Le destinataire de ce dernier message, Ramzi A., a en outre été mis en examen pour infractions à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste, de même qu’un couple d’Albanais – Artan H., 38 ans, et Enkeledgia Z., 42 ans – soupçonné d’avoir fourni le pistolet dont le tueur a fait usage contre les policiers.

Durant sa garde à vue, Ramzi A. a par ailleurs indiqué aux enquêteurs la cache d’une kalachnikov, évoquée dans plusieurs messages. A ce stade, « on ne sait pas à quoi elle était destinée », précise M. Molins.

« Je ne suis pas Charlie »

L’analyse du téléphone du tueur de Nice a permis d’établir qu’il était en contact intense avec Mohamed Walid G., qu’il connaît depuis quinze ans, dans les mois qui ont précédé son crime.

Tous deux semblaient partager une sympathie pour la cause djihadiste. Le 10 janvier 2015, trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, Mohamed Walid G. avait ainsi envoyé au futur tueur de Nice le SMS suivant : « Je ne suis pas Charlie… Je suis content, ils ont ramené des soldats d’Allah pour finir le travail. »

Dans le téléphone de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, les policiers ont aussi découvert plusieurs photos datant des 11 et 13 juillet 2016, représentant les deux hommes à bord du camion qui servira à commettre l’attaque. Le lendemain du massacre, Mohamed Walid G. retournera d’ailleurs sur la promenade des Anglais pour filmer, à l’aide de son portable, « la scène de crime », a relaté le procureur de Paris.

« Charge le camion »

Début 2016, les modalités du passage à l’acte du tueur de Nice semblent s’être précisées. Le 4 avril, Chokri C. lui envoie un message sur Facebook : « Charge le camion, met dedans 2 000 tonnes de fer, et nique, coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde. » Selon les caméras de vidéosurveillance, l’auteur de ce message s’est promené au côté du tueur à bord du poids lourd sur la promenade des Anglais, le 12 juillet à 20 h 30, soit deux jours avant l’attaque.

A en croire différents clichés retrouvés dans son téléphone, Mohamed Lahouaiej Bouhlel semblait s’intéresser d’assez près aux festivités populaires : l’un a été pris lors du feu d’artifice de Nice du 14 juillet 2015, un autre pendant un concert sur la promenade des Anglais, le 17 juillet 2015, et un troisième pendant le feu d’artifice du 15 août 2015.

Trois photos d’articles retrouvés dans son téléphone semblent indiquer que le tueur mûrissait son projet de longue date. La première, en date du 1er janvier 2016, s’intitule : « Il fonce volontairement sur la terrasse d’un restaurant. » Une deuxième, datée du 9 janvier – « L’homme tué devant le commissariat de Barbès est un Tunisien » –, raconte comment un homme armé d’un couteau s’est présenté devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris avant d’être abattu par les policiers.

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« ADA »

Mohamed Lahouaiej Bouhlel ne semble pas avoir pris beaucoup de précautions pour protéger ses complices. D’innombrables photos et SMS ont été retrouvés dans son téléphone. Un texto envoyé à ses trois complices tunisiens, le 5 juillet, mentionne ainsi « ADA », le nom de la société de location dans laquelle il avait réservé un camion le jour même.

L’enquête devra désormais s’attacher à déterminer si Mohamed Lahouaiej Bouhlel, les mis en examen ou d’autres complices en lien avec eux « entendaient acquérir d’autres armes, et si oui, dans quel but », a précisé François Molins. Elle devra également vérifier si des liens – « non établis à ce jour » – existent entre certains de ces suspects et l’organisation Etat islamique, qui a revendiqué l’attaque.

 

Source: Le Monde

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Le Point
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Une semaine après le carnage commis par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, on discerne un peu mieux la manière dont cet homme a mûri son projet. Il apparaît désormais clairement qu'il n'a pas agi seul et qu'il a prémédité son acte plusieurs mois auparavant.