Vu de l’étranger. De Rugy et ses dîners de luxe, “une boule puante politique” pour Macron
Le ministre de la Transition écologique a été épinglé pour avoir organisé plusieurs soirées dispendieuses à l’hôtel de Lassay lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale. Maintenu à son poste, François de Rugy et ses dépenses entachent la présidence d’Emmanuel Macron, jugent certains journaux étrangers.
“Le tournant écologique et ‘social’ d’Emmanuel Macron vient de se prendre un mur de granite fait des goûts d’ultra-riche, comblés par de l’argent public, de l’un de ses protégés, François de Rugy”, estimeABC ce jeudi 11 juillet. Le journal conservateur espagnol s’appuie sur l’enquête de Mediapart, qui a révélé mercredi plus d’une dizaine de dîners somptueux organisés par l’actuel ministre de la Transition écologique lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, en 2017 et 2018, pour des amis et aux frais de l’État.
“Découvrir qu’un écologiste historique organise des dîners et des repas dispendieux, avec de l’argent public, tombe comme une boule puante politique en France”, ajoute ABC. Après un entretien avec le Premier ministre jeudi, François de Rugy a sauvé son poste en s’engageant à soumettre ses frais de réception aux autorités de contrôle de l’Assemblée nationale et à rembourser “chaque euro contesté” si besoin.
Un scandale dans la foulée des “gilets jaunes”
“La séquence fait des dégâts, souligne The Guardian outre-Manche, car De Rugy est en train de mener la politique écologique d’Emmanuel Macron et que le gouvernement se trouve dans une période de réduction des coûts et du gâchis.” Le journal britannique rappelle que le pouvoir français est encore en train d’essayer de se remettre de la période des “gilets jaunes”,qu’il décrit comme “un mouvement de manifestations contre les inégalités économiques et la déconnexion des politiques avec les gens ordinaires”.
À ce titre, les révélations de Mediapart scandalisent le journal belge Le Soir :
Les détails de l’enquête menée par le média français sont plus affligeants les uns que les autres : verres en cristal, porcelaines, petites cuillères en or, chandeliers, vaisselles d’apparat, bouquets de fleurs composés pour l’occasion ‘selon la couleur choisie par madame’. Côté assiette : homards géants, côté verre : de très grands crus. Comptez 500 euros la bouteille.”
D’après le quotidien de Bruxelles, le débat ne doit pas porter sur la réduction des frais de réception de l’État français, “mais plutôt de dénoncer les pratiques d’un ministre en exercice, alors président de l’Assemblée nationale, qui aurait utilisé des fonds publics à des fins privées. De suspicion de détournement d’argent public.”
Si l’affaire est loin d’être finie, elle laissera quoi qu’il arrive des traces dans l’esprit des Français, avance ABC. “Il ne fait aucun doute que le président de la République n’est pas personnellement responsable des goûts et des dépenses somptuaires de son ministre, écrit le journal espagnol. Il n’empêche…”