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Meurtre par balle à Paris : un suspect adepte des théories complotistes d’extrême droite en garde à vue

 

Un homme a été abattu, dans la nuit de vendredi à samedi, dans le 18ᵉ arrondissement de la capitale. Son meurtrier présumé est une figure mineure des sphères complotistes opposées à la politique sanitaire.

 

Le mystère demeure sur les raisons qui ont poussé un quinquagénaire, qui circulait en voiture boulevard de Clichy, à Paris, dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 mai, à abattre un jeune homme d’une balle dans la tête. Le conducteur se serait interposé dans une rixe opposant plusieurs personnes, sortant une arme pour tirer sur l’un des protagonistes, avant de repartir en voiture, indiquent des sources policières à l’Agence France-Presse. Rapidement identifié par vidéosurveillance, le véhicule de cet homme a été retrouvé, et a été arrêté au terme d’une brève course-poursuite.

Interrogé par Le Monde, le parquet de Paris confirme que l’homme est en garde à vue et qu’une enquête de flagrance du chef de meurtre a été ouverte et confiée au 2e district de police judiciaire. Le maire de Poissy (Yvelines), Karl Olive, a rendu hommage, samedi sur Twitter, à la victime, un jeune homme de 25 ans originaire de la ville, dont la famille vit dans le quartier du Clos-Miroir.

Quant à l’auteur du meurtre, si le parquet se refuse pour l’instant à confirmer l’identité du suspect, selon les informations de plusieurs médias, confirmées au Monde de source policière, il s’agirait de Martial L., une figure des sphères conspirationnistes opposées au passe sanitaire et au port du masque. Cheveux grisonnant et lunettes à larges montures, Martial L., chanteur originaire de Haute-Saône, était actif sur YouTube et Twitter depuis quelques années.

 

« Sauver la France »

Dans ses vidéos, d’abord filmées depuis le Japon où il a longtemps résidé, Martial L. affichait sa proximité avec les thèses antisémites et conspirationnistes d’Alain Soral ou lançait des appels à « sauver la France » des « racailles », en « renversant » François Hollande (alors président de la République), présenté comme un « vassal de Nétanyahou » (ex-premier ministre israélien).

 

Les références antisémites et négationnistes abondent dans ses publications et ses vidéos, de même que les prises de position violemment anti-immigration. Sur l’un de ses profils en ligne, il relayait dès 2018 les actions du Conseil national de transition français, groupuscule d’extrême droite appelant à un coup d’Etat, fondé par Eric Fiorile, interpellé en 2020 dans le cadre d’une enquête sur un projet d’attentat contre Emmanuel Macron.


Revenu en France en 2020, après avoir, selon ses dires, été emprisonné quelques jours au Japon, il s’est fait connaître des militants antipasse sanitaire en septembre 2020. Présent dans le public de l’émission de Cyril Hanouna « Balance ton post », sur C8, il avait pris la parole pour tenir un discours décousu sur le « gérontocide » mené selon lui par le gouvernement aux débuts de la pandémie de Covid-19, obligeant l’animateur à interrompre le programme.

 

Dénoncer les « moutons »

Ce discours sur un « génocide » des aînés, Martial L. l’a ensuite décliné dans une chanson, Rivo-Thrill – jeu de mots sur le Rivotril, médicament mis en cause par les conspirationnistes, qui estiment qu’il a servi à « euthanasier » les personnes âgées dans les Ehpad – et surtout dans les rues de Paris, où il se promenait muni d’un mégaphone pour dénoncer les « moutons », complices de la « dictature sanitaire », en appelant parfois à Dieu pour l’aider dans son combat.


Lors de plusieurs rassemblements d’opposants au passe sanitaire en 2021, Martial L. s’affiche aux côtés de figures de la sphère conspirationniste, comme la youtubeuse suisse Chloé Frammery. Il fait également de nombreux « live » sur des réseaux sociaux avec des personnalités comme la militante Farida Belghoul, proche d’Alain Soral.

Son discours d’opposition au port du masque ou au vaccin se double d’obsessions complotistes, qui l’amènent à accuser le controversé professeur marseillais, Didier Raoult, figure pourtant populaire chez les opposants à la politique sanitaire, d’incarner l’« opposition contrôlée ». Il est peu à peu banni de YouTube, Twitter et Facebook, et se réfugie sur des réseaux sociaux plus confidentiels, comme Odysee, une plate-forme de vidéos prisée des conspirationnistes, ou VK, le « Facebook russe ». Il continue d’y décliner ses obsessions d’un complot mondial à l’origine de la pandémie de Covid-19.


C’est la seconde fois en quelques mois qu’un militant d’extrême droite est soupçonné d’assassinat. Fin mars, Loïk Le Priol était mis en cause pour le meurtre par balle du rugbyman argentin Federico Martin Aramburu. Interpellé en Hongrie, il est en détention provisoire.