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Les violences en France, du pain bénit pour les climatosceptiques en Amérique

 

 

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Aux États-Unis, les Gilets jaunes sont montrés en exemple pour mettre en garde face aux effets de mesures potentielles contre les émissions de carbone. DE NOTRE CORRESPONDANTE À WASHINGTON, HÉLÈNE VISSIÈRE

La violence en France est du pain bénit pour les conservateurs climatosceptiques. Le président Donald Trump a donné le ton, affirmant que les accords sur le réchauffement climatique étaient la cause des manifestations. Il a tweeté samedi matin : « L'accord de Paris ne marche pas si bien pour Paris. Manifs et émeutes partout en France. Les gens ne veulent pas payer de grosses sommes d'argent, pour l'essentiel à des pays du tiers monde (qui sont gérés de manière discutable) dans le but peut-être de protéger l'environnement. Scandant “Nous voulons Trump”. Aime la France. »

The Paris Agreement isn’t working out so well for Paris. Protests and riots all over France. People do not want to pay large sums of money, much to third world countries (that are questionably run), in order to maybe protect the environment. Chanting “We Want Trump!” Love France.

Il a continué à mettre son grain de sel dans la politique française et à récupérer la situation à son avantage tout en égratignant son «  ami  » Emmanuel Macron. Quelques heures plus tard, il a de nouveau tweeté : «  Jour et nuit très tristes à Paris. Peut-être est-il temps de mettre un terme au ridicule et très onéreux accord de Paris et rendre l'argent aux gens sous la forme de baisse d'impôts.  »

Les conservateurs américains moquent Macron

Mardi, il avait retweeté un message de Charlie Kirk, un jeune conservateur trumpiste convaincu qui clamait que les émeutes étaient «  une rébellion de la classe moyenne contre le marxisme culturel  ». Ce même Charlie Kirk, sur Fox News, s'était moqué des revendications contradictoires des Gilets jaunes : «  Les manifestants français semblent dire que l'État-providence, c'est bien – en fait, ils veulent même qu'on leur donne plus d'avantages sociaux –, mais dans le même temps, ils veulent une baisse des impôts. Hum, on enseigne l'arithmétique en France ?  »

Rush Limbaugh, l'animateur d'un talk-show radio très à droite, s'en est donné à cœur joie plusieurs jours de suite. «  On nous parle de l'utopie européenne. Les Européens font tout bien ! Les Européens savent vivre au XXIe siècle. Ils ont des trains, ils ne polluent pas. Les Européens sont tous en faveur de mesures contre le réchauffement climatique… Ils sont sophistiqués !… Et ce petit type macaron (ou je sais plus son nom, Macron)… pense qu'il a été élu pour augmenter les impôts afin de résoudre le changement de climat. Alors, il y va et le ciel lui tombe sur la tête, et il est sonné, sonné. Il pensait que sa cote de popularité allait s'envoler.  »

Macron, cible et symbole de la colère ?

Tous les conservateurs se servent de la France comme d'un épouvantail pour mettre en garde contre les effets de mesures potentielles contre les émissions chez eux. «  Le chaos en France devrait servir d'avertissement clair  », affirme le site d'extrême droite le Daily Signal. Le Wall Street Journal, dans un éditorial, reprend la même rengaine : «  Rien ne révèle davantage que la taxe carbone, la déconnexion entre l'électeur ordinaire et une classe politique qui plane à distance (...) La France est un test sur l'avenir politique des restrictions d'émissions.  »

Le New York Times, lui, est allé faire un reportage en zone de guerre, avenue Foch et avenue Kléber, pour interviewer les riverains qui, évidemment, ne sont pas contents. On leur a brûlé leur voiture. Il en tire une comparaison historique : «  L'évolution des révoltes populaires précédentes dans l'histoire française va peut-être contre (Macron). Elles ont tendance à devenir progressivement plus extrêmes comme la Révolution de 1789 par exemple. Et alors qu'une grande part de la colère s'est focalisée sur M. Macron lui-même, il est devenu à la fois la cible et le symbole, comme Louis XVI pendant la Révolution.  »

Macron comparé à Louis XVI dans le New York Times

Dans un édito, le quotidien reconnaît que le président français «  sans beaucoup d'expérience politique ou de parti établi derrière lui n'a pas vu monter la colère et, quand elle a explosé, n'a pas semblé avoir beaucoup de réponses à part battre en retraite  ». Le magazine centre gauche The Atlantic, lui, manie l'euphémisme : la révolte actuelle «  n'est pas une crise idéale  » pour Emmanuel Macron, écrit-il.

«  Le jeune président français excelle à la haute rhétorique, souvent abstraite ; aux gestes symboliques ; aux grands moments…  » «  Macron est peut-être du bon côté de l'histoire avec beaucoup de ses politiques comme la taxe sur l'essence, mais pour nombre de citoyens français, même ceux qui l'ont soutenu, il apparaît comme insensible et déconnecté de la réalité  », ajoute le journal.

Publié le 09/12/18 à 17h20 | Source lepoint.fr