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La grande divergence industrielle du couple franco-allemand

GUILLAUME DE CALIGNON Le 04/10 à 13:04

 

 

Entre 2000 et 2016, la production des constructeurs et équipementiers dans l'Hexagone a baissé de 28 % quand, sur la même période, celle de leurs concurrents outre-Rhin grimpait de 57 %. - THOMAS KIENZLE/AFP

Une étude du Trésor montre qu'entre 2000 et 2016, la production industrielle a reculé de 3 % en France alors qu'elle a bondi de 25 % outre-Rhin. L'Hexagone ne s'en sort que dans l'aéronautique et la pharmacie.

Le  constat est connu mais les chiffres précis, eux, le sont moins. Et ils sont impressionnants. Entre 2000 et 2016, c'est-à-dire depuis la création de l'euro, l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce et, plus globalement, l'explosion du commerce international avec l'émergence de puissances économiques régionales telles que le Brésil ou l'Inde, la production industrielle a reculé de 3 % en France. Et dans le même temps, elle a grimpé de 25 % en Allemagne. Conséquence : « La part de l'industrie dans le PIB a reculé de 16,5 % au début des années 2000 à 10 % en 2016 », notent les économistes du Trésor  dans un rapport annexé au projet de loi de finances pour 2019 .

 

La grande divergence industrielle du couple franco-allemand

Effondrement de la production automobile

Plus précisément, la production française s'est nettement réduite dans les secteurs de moyenne-haute technologie alors que l'Allemagne a très bien résisté à la mondialisation. Ce constat est vrai dans des branches comme les machines, la chimie, les équipements électriques et surtout l'automobile. Dans ce dernier secteur, la France s'est effondrée : la production des constructeurs et équipementiers dans l'Hexagone a baissé de 28 % quand, sur la même période, celle de leurs concurrents outre-Rhin grimpait de 57 %.

Délocalisation, fermeture d'usines, crise de 2008, difficultés des pays du sud de l'Europe, nos principaux clients, coût du travail élevé et réglementation contraignante mais aussi stratégie low-cost exigeant de faire fabriquer à l'étranger les véhicules : les raisons de la débâcle de l'automobile « made in France » sont nombreuses.

Recherche et développement

Dans les branches de moyenne-basse technologie et de basse technologie, la France n'a pas beaucoup mieux résisté. Dans la métallurgie, la production a baissé de 10 % en seize ans, dans le raffinage du pétrole, de 34 % et dans le textile, le cuir et les chaussures, de 51 % ! L'agroalimentaire sort du lot avec une croissance de 5 %. Mais, là encore, l'Allemagne, comme dans la quasi-totalité des secteurs, fait mieux que l'Hexagone.

 

Certes, les économistes du Trésor notent que « hors effet de structure sectorielle, les entreprises françaises présentent une intensité relativement plus élevée de recherche et développement par rapport aux autres pays », tels que l'Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Ce qui, théoriquement, devrait soutenir la compétitivité de l'offre industrielle tricolore. Mais cela n'empêche pas l'Hexagone  d'accumuler les déficits commerciaux depuis 2005 alors que l'Allemagne engrange des excédents. Une telle divergence des deux économies moteurs de la zone euro ne peut que mettre en danger le projet européen à terme.