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Les experts estiment « possible » un lien entre lignes à très haute tension et leucémies infantiles

 

L’Agance (sic) nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande d’éviter de construire de nouvelles crèches ou écoles à proximité de lignes THT et de surveiller l’exposition des femmes enceintes à certains champs électromagnétiques.

21 juin 2019

Eviter la construction de nouvelles crèches ou écoles à proximité de lignes à haute tension, surveiller les expositions professionnelles à certains champs électromagnétiques, en particulier s’agissant des femmes enceintes. Et poursuivre la recherche.

Telles sont les principales recommandations émises par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), dans un avis du 5 avril rendu public vendredi 21 juin, et évaluant les risques liés aux champs générés par les lignes à haute tension, certains transformateurs ou stations électriques.

 

L’Anses répondait à une saisine des ministères de la santé et de l’agriculture, consécutive à la publication d’une étude épidémiologique française, dite Geocap, suggérant un lien entre le fait de résider à moins de 50 mètres de l’aplomb d’une ligne à très haute tension et un risque accru de leucémie infantile pour les enfants de moins de cinq ans. Cette étude n’était pas la première, tant s’en faut, à mettre en évidence une telle association, mais d’autres enquêtes épidémiologiques donnent des résultats contradictoires.

La co-saisine par le ministère de l’agriculture était justifiée par les suspicions d’effets délétères sur les animaux d’élevage. L’Anses a abordé cet aspect dans un rapport précédent, rendu en 2015, qui ne mettait pas en évidence de liens.

 

Le lien de causalité n’est pas démontré

« S’agissant des suspicions d’effets sur les humains, nous avons voulu passer en revue l’ensemble de la littérature sur le sujet, des études menées in vitro ou sur l’animal, aux études épidémiologiques disponibles, explique Olivier Merckel, chef de l’unité Agents physiques, nouvelles technologies et grands aménagements à l’Anses. Plusieurs ont été publiées depuis 2010 et trouvent plutôt moins fréquemment de lien entre lignes à haute tension et leucémies infantiles que les études plus anciennes, mais un certain nombre d’entre elles indiquent toutefois une association. »

Le caractère hétérogène des résultats peut être lié à la difficulté de caractériser précisément l’exposition réelle ou encore à des facteurs de confusion insuffisamment pris en compte.

Au total les leucémies infantiles sont ainsi les seules maladies dont l’Anses estime qu’un lien avec les champs basses fréquences est « possible ». « Cela provient d’un niveau de preuve “limité” chez l’humain », dit M. Merckel. En l’absence d’étude probante sur l’animal et d’un mécanisme biologique connu susceptible d’expliquer le lien entre champs électromagnétique basses fréquences et leucémies infantiles, le lien de causalité n’est pas démontré, estiment les experts de l’Anses.

 

A la demande de l’agence, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a conduit une étude destinée à estimer la proportion de Français potentiellement concernés. Les résultat indiquent, précise l’Anses dans un communiqué, qu’« environ 40 000 enfants de moins de 15 ans (0,35 % de la population) sont exposés à leur domicile à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT [microTesla], et environ 8 000 enfants (0,18 %) sont scolarisés dans une école exposée à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT ».


Intensifier la recherche

Des liens ont également été recherchés avec d’autres pathologies, mais les données disponibles n’ont pas permis de conclure.

 

C’est le cas pour les tumeurs du système nerveux central de l’enfant, le cancer du sein ainsi que d’autres pathologies cancéreuses de l’adulte, de même que la maladie de Parkinson. Les experts mandatés par l’Anses se sont aussi penchés sur les expositions professionnelles – dans l’industrie, notamment, où l’utilisation de machines générant un fort champ basses fréquences expose certains salariés de manière chronique. Des suspicions de risques accrus de maladie d’Alzheimer ou de sclérose latérale amyotrophique ont été soulevées par certaines études mais, là encore, non confirmées par d’autres.

 

Toutefois, dans le cas d’expositions fortes, précise l’Anses, « des études expérimentales ont mis en évidence la possibilité d’effets biologique : stress oxydant, effets génotoxiques, effets sur la physiologie cellulaire ». Cependant, l’agence indique que les études épidémiologiques sont trop hétérogènes pour établir un lien entre l’exposition professionnelle et l’apparition de pathologies chroniques, en particulier de maladies neurodégénératives et de tumeurs du système nerveux. L’agence recommande donc de caractériser les expositions des travailleurs potentiellement exposés, et d’intensifier la recherche sur le sujet.

 

L’agence note en outre que dans le cas particulier des femmes enceintes, des précautions particulières s’imposent. En effet, dans certains scénarios d’exposition de la mère, les courants induits peuvent excéder pour le foetus les valeurs limites d’exposition définies pour la population générale.

L’agence recommande donc la diffusion de cette information aux services de médecine du travail afin que ceux-ci « informent les femmes de l’existence de dispositions réglementaires qui prévoient l’aménagement de leur poste de travail lorsqu’elles sont enceintes, pour limiter l’exposition du foetus aux champs électromagnétiques basses fréquences. »