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Matthieu Pigasse, plus dure serait la chute

Même si Lazard conforte son rang, le banquier vedette est fragilisé par ses investissements personnels. Au point de quitter le navire ?Par Marie Bordet

Enfin, Matthieu Pigasse entre dans la pièce. Il apparaît, à l'heure dite - matinale, 8 h 30 -, dans le salon de réception à la lumière tamisée. Sur le mur, un tableau du XIXe siècle représente un banquier fondateur de Lazard au regard sévère. Le maître des lieux nous mène vers une table où est dressé un copieux petit déjeuner et prend place en face de nous. Quelques minutes plus tôt, un huissier en complet noir nous avait guidée dans les couloirs du siège de la prestigieuse banque d'affaires sise au 121, boulevard Haussmann, à Paris. Matthieu Pigasse apparaît tel qu'en sa légende. Visage taillé à la serpe, cintré dans un costume Dior sans cravate et teint pâle, à la limite du translucide. On se souvient alors d'une description clinique que nous avait glissée une de ses vieilles connaissances : « Matthieu, c'est le type à qui on a toujours envie d'offrir un pain au chocolat. Il fait pitié, vraiment. Trop maigre. » Le voir ainsi, en chair et en os, face à des croissants et de la brioche qu'il n'effleurera jamais, relève du miracle. Cela faisait dix jours, déjà, que l'on était partie à sa recherche. « Un rendez-vous ? Oui, oui, je vais en parler à Matthieu », nous répétait sa directrice de la communication.

Mais voilà, Matthieu est très occupé. Matthieu est à New York, Matthieu est dans l'avion. Matthieu est occupé. Matthieu est à Lyon (en séminaire Lazard), Matthieu est injoignable, Matthieu est en meeting avec Dominique Strauss-Kahn. Matthieu ne répond plus. Parce que, souvent, Matthieu a des absences, d'autres priorités et, alors, il ne répond pas. Ni à ses clients, ni à ses amis, ni à ses collègues, ni à ses associés, ni à ses nombreux cousins (on y reviendra). Matthieu vit en apesanteur, toujours en décalage horaire.

Banquier punk. A ce stade, il faut préciser que tous, ennemis ou amis, proches ou moins proches, appellent Matthieu Pigasse par son prénom. C'est surprenant, mais il ne faut pas l'interpréter comme une marque d'irrespect, plutôt comme celle d'un irrépressible attendrissement (qui se double, malgré tout, bien souvent, d'un niveau aigu de dépit, d'agacement, voire de détestation) devant un grand enfant aussi brillant et charmant que mal élevé et insupportable. On repense aux mots d'un autre ancien compagnon de route qui, comme la plupart des personnes interrogées pour cet article, a requis le off (ce qui prouve que, si Pigasse a des contempteurs, ils le craignent) : « Matthieu cherche les limites et ne les trouve pas. Mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Le patron américain de Lazard le laisse tout faire et tout dire. »

Tout faire ? Tout être, oui. Etre le boss du très sérieux bureau de Lazard à Paris depuis dix ans, mais le propriétaire endetté d'un groupe de médias français en difficulté, l'actionnaire de L'Obs et surtout du groupe Le Monde qui a mis le feu, récemment, à l'une des rédactions les plus puissantes du pays en faisant entrer, en catimini, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky au capital. Tout dire ? Matthieu Pigasse, 51 ans, qui écoute six à sept heures de musique par jour et se revendique banquier punk, dingue du groupe The Clash ou des Ramones, n'hésite pas à « vomir les bourgeois », à dauber publiquement sur les présidents de la République française successifs, avec une acidité toute singulière pour l'actuel occupant de l'Elysée, ou à exposer ses sympathies pour des idées d'extrême gauche.

 

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Frasques. Depuis quelques semaines, la place parisienne s'agite autour d'un bruit assourdissant : Pigasse serait au plus mal. Il a échappé de peu à la faillite personnelle et son départ de la banque Lazard serait acté. Choses entendues : « Pigasse est toujours passé entre les gouttes, mais pour combien de temps encore ? »« On dirait que Lazard est là pour le financer. Mais ça sent la fin… »« Pigasse est un acrobate qui danse sur un volcan depuis des années. Il est dans la fuite en avant. »« Il me fait penser au gars qui fait une chute d'un building de 80 étages et qui, au niveau du 30e étage, se dit : "Jusqu'ici, tout va bien." »« Etre banquier d'affaires et en difficulté financière personnelle, c'est baroque, non ? » Il semblerait donc que le numéro un de Lazard, l'Américain Ken Jacobs, ait fini par être très las des frasques et des déboires financiers du Français. L'absence de Matthieu Pigasse à une réunion d'associés Lazard à New York, en septembre, a été remarquée, puis disséquée comme un signe de désengagement de sa part.

Dans le secret des alcôves, on certifie que Lazard et Pigasse, c'est une belle histoire mais que le divorce est imminent. On parle d'une migration du banquier vers une « boutique » américaine spécialiste des fusions et acquisitions ; peut-être Evercore ou Centerview. Les yeux dans les yeux, Pigasse nous répond : 1/ qu'il ne commente pas les rumeurs ; 2/ que cela fait des années qu'on répète qu'il va quitter Lazard demain et que, regardez devant vous, il est toujours là ; 3/ que Ken Jacobs tient beaucoup à lui ; 4/ que peut-être, un jour, il quittera la banque, sait-on jamais ; 5/ qu'il est un garçon libre, de toute façon. Mais dans le lot de toutes ces réponses, le banquier ne souhaitera assumer aucun propos entre guillemets. Conclusion : après avoir posé la « question qui tue » au principal intéressé, on n'est pas beaucoup plus avancée qu'au début de notre enquête.

Mentalité anglo-saxonne. Matthieu Pigasse entre à Lazard Paris en 2002. Il a 34 ans. Il en prend les commandes à 41. Enarque dont le classement de sortie ne lui permet pas d'accéder aux grands corps, il fourbit ses armes et épaissit son carnet d'adresses dans les cabinets de Strauss-Kahn et de Fabius à Bercy. Il intègre la maison du boulevard Haussmann après l'échec de Jospin à l'élection présidentielle. Il gagne ses galons en relançant l'activité de conseil aux gouvernements et de restructuration des dettes souveraines. Son premier mandat, la renégociation des 100 milliards de dollars de dette de l'Argentine, en 2001, l'impose dans le métier. Il n'oublie pas pour autant la stratégie interne, en aidant l'associé américain Bruce Wasserstein à trouver des actionnaires pour coter Lazard à New York. Ce deal élimine de fait Michel David-Weill, dernier descendant de la famille fondatrice de Lazard. Pigasse entame ainsi son ascension. Ken Jacobs, le successeur de Wasserstein (décédé brutalement en 2009), le propulse directeur général délégué de Lazard Paris, sous la tutelle et avec le soutien de Bruno Roger, grand nom de la banque. Il en devient l'unique président en 2017.

Les grands clients de Pigasse

 

  • c1d2c400a8f6e48d2ef44b4e8e010446.jpg Jean-Paul AgonPDG de L’Oréal
  • f901b4740fef560e9f3d56d77e655083.jpg Nicolas ThéryPrésident du Crédit Mutuel
  • 37fdec85ef9782309203e6bf19ba40ea.jpg Serge WeinbergPrésident de Sanofi
  • f7c52383f00169ee47f3544f3c5336da.jpg Denis Sassou-NguessoPrésident de la république du Congo
  • fba6c220fd85f694bdb027e3226a950c.jpg Sébastien BazinPDG d’Accor
  • f95b8708c24d75fc3ece20457f0f5758.jpg Kyriakos MitsotakisPremier ministre grec
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One-man-show. Rien n'est impossible. C'est la phrase fétiche, le slogan et le programme électoral de Matthieu Pigasse. En version originale, cela donne : No fear, no limit. Ni peur ni limite. Ce père de trois enfants a voulu imposer cette mentalité, très anglo-saxonne, à l'antenne française de la banque. Car, si le boss est souvent en retard à ses rendez-vous, c'est qu'il est toujours en mouvement. « Si je m'arrête, je tombe, aime-t-il à dire. Je me reposerai plus tard, quand je serai mort. » Pigasse se sent vivre quand il part à la conquête d'un client, d'un deal ou d'un pays, il excelle dans l'art de la séduction, de la conviction, de la négociation. Et il a compris, avant les autres, ce qu'impliquait, pour un banquier d'affaires, le phénomène de la mondialisation. « Je crois beaucoup en la présence physique, rien ne remplace jamais le fait de se voir, de discuter face à face. Je parle très peu au téléphone. » Alors, il saute dans un avion pour une réunion de deux heures à Pékin, à Los Angeles ou à Buenos Aires. Il s'est constitué un réseau mondial, de Rupert Murdoch à Cristina Kirchner en passant Pony Ma, le PDG de Tencent, ou Denis Sassou-Nguesso, président du Congo. Le banquier Pigasse, un des plus brillants de sa génération, possède un atout : un charisme dévastateur.

Certes, mais le charisme et le talent sont-ils suffisants ? Sa gestion est aujourd'hui contestée. Au sein même du bureau de Lazard à Paris. On lui reproche ses fameuses absences, trop fréquentes, mais aussi son peu de goût pour la gestion de ses banquiers. Un responsable de maison est supposé être là et cajoler, gronder, motiver, récompenser les associés-gérants qui y travaillent. Pigasse n'en a ni la patience ni le goût. C'est Jean-Louis Girodolle, ami de « Matthieu » depuis leur première année à Sciences po Paris, énarque et inspecteur des Finances, associé-gérant de talent, aidé parfois de Bruno Roger (qui, à 86 ans, se rend encore chaque jour au bureau), qui fait tourner la boutique. « On ne va pas demander à Matthieu de gérer le quotidien, il vaut mieux qu'il utilise son talent pour faire du business, assure Girodolle. Mais, avec Matthieu, c'est bien le meilleur qui dirige. Celui qui montre la voie, qui donne l'impulsion, qui a la plus grosse clientèle et le plus gros chiffre d'affaires. Il est le chef légitime. » Certains reprochent audit chef légitime de vouloir tout faire et tout contrôler seul, de court-circuiter les équipes, de transformer Lazard Paris en un one-man-show dont il serait le régisseur et l'acteur unique.

« Les sots et les méchants ». Trois associés ont récemment quitté la maison, d'autres devraient suivre. « Les bruits sur nous me font sourire, répond Matthieu Pigasse. Ils sont la rançon du succès. La banque a enregistré un chiffre d'affaires record en France l'an dernier, elle est leader sur son marché des fusions et acquisitions, elle a gagné, de Paris, la plus grande introduction en Bourse du monde, celle de Saudi Aramco, et a réalisé la semaine dernière l'émission obligataire de la Grèce. Nous enchaînons les succès et cela agace les sots et les méchants, comme dit Verlaine. Quant aux effectifs, on a recruté six associés-gérants au cours des trois dernières années ! Aucune autre banque en France n'a été si offensive. Aucune. » Les 10 et 11 octobre, Lazard France a organisé un séminaire à Lyon que Matthieu Pigasse ne pouvait rater pour rien au monde. Mais la surprise du jour était ailleurs. Dans la présence ostentatoire de Peter Orszag, ancien conseiller économique du président Obama, qui a été nommé à la tête du département Financial Advisory de Lazard au printemps, une présence inhabituelle pour un associé américain. Orszag est décrit comme le nouvel homme fort de Lazard. Sa venue serait le signe d'une mise sous surveillance, selon certains observateurs, malintentionnés sans doute.

Les boss américains

 

  • fd2b6eae1a2780c9c2390bb21d263373.jpg Kenneth jacobsNuméro un de Lazard Monde
  • 256a7392f9e1f27dbe1222ca2e04b811.jpg Peter OrszagDirecteur général du département Financial Advisory
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Pression. A vouloir cumuler plusieurs vies, Matthieu Pigasse s'est mis en danger. La vente « surprise » et contestée d'une partie de sa participation dans Le Monde au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a braqué les projecteurs sur lui. Au-delà de son image de marque mise à mal, la question centrale est devenue la suivante : peut-on être à la fois à la tête d'une banque d'affaires et investisseur dans la presse ? Pigasse répond dix fois oui : « Je ne gagne pas d'argent pour l'accumuler et collectionner des objets. Je l'investis dans ce en quoi je crois, en essayant de donner du sens. » Question subsidiaire : peut-on être à la tête d'une banque d'affaires et au bord de la faillite personnelle ? Retour en arrière. 2010. Matthieu Pigasse est à l'initiative de la candidature du trio Bergé-Niel-Pigasse pour la reprise du Monde. L'irrésistible attraction du pouvoir que procure la presse. Leur projet est retenu. Mais Pigasse n'a (déjà) pas la surface financière pour finaliser cet achat. Il emprunte 26 millions d'euros à la banque Palatine (filiale du groupe BPCE) et demande à Xavier Niel, le fondateur de Free, tellement plus riche que lui, de lui accorder une garantie bancaire pour ce prêt.

Sept ans plus tard, le plan de sauvetage du Monde a fonctionné comme prévu, mais Matthieu Pigasse n'a pas remboursé son prêt, et François Pérol, alors président de BPCE, et Pierre-Yves Dréan, directeur de la banque Palatine, s'impatientent. A tel point qu'ils menacent Niel de le saisir sur ses biens personnels. Niel, évidemment, voit rouge. La pression est forte sur Pigasse. Il n'a pas les fonds mais doit trouver une porte de sortie. Par l'intermédiaire d'Etienne Bertier, un ancien de la Caisse des dépôts, Pigasse rencontre Daniel Kretinsky, qui a fait fortune dans l'énergie. En secret, les deux hommes s'accordent sur la vente de 100 % de la participation de Pigasse dans Le Monde libre (pour 101 millions d'euros).

 

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Tollé. Ce n'est que tardivement, à la mi-juillet 2018, que Niel apprend l'existence du deal Pigasse-Kretinsky. Il est furieux, redoute la réaction des journalistes du Monde… qui apprendront l'entrée de l'industriel tchèque au capital du quotidien au détour d'une interview du Premier ministre tchèque réalisée par un correspondant local. Immense tollé. Après plusieurs semaines de tergiversations, Pigasse recule et ne vend que 49 % de sa participation. « J'aurais pu céder 100 % de ma participation dans Le Monde. J'ai finalement décidé, seul, de ne céder que 49 %. Si j'en avais cédé 100 %, j'aurais réalisé une plus-value. J'ai tout risqué pour le journal. Je n'en ai rien retiré financièrement et je ne cherche pas à en retirer quoi que ce soit », assure Pigasse aujourd'hui. La somme reçue lui permet de refinancer sa dette et lui donne un peu d'air. Pour combien de temps ? Outre son investissement dans Le Monde et dans L'Obs, Pigasse est également propriétaire, à travers son holding Les Nouvelles Editions indépendantes, dirigé par l'ancien PDG de l'AFP Emmanuel Hoog depuis le printemps, des Inrocks, de Radio Nova et du festival Rock en Seine. Des entreprises qui sont à la peine, entre réductions d'effectifs et chutes d'audience. « Même si c'est une star dans son domaine, Matthieu a oublié qu'il n'est finalement qu'un employé de banque, relate un proche. Il n'est pas entrepreneur et, même s'il détient des ressources confortables, il n'est pas milliardaire. » 

 

3bc1580d188663ab25ada28df5106fd8.jpg Alliance. Le trio composé de Xavier Niel, fondateur de Free, l’homme d’affaires Pierre Bergé (décédé en 2017) et Matthieu Pigasse rachète le groupe Le Monde en novembre 2010.

 

Cette impasse financière devenue publique crée un malaise à Lazard. Mais Pigasse a l'air de se moquer de tout ce que l'on peut dire de lui. « Je choque peut-être les conformistes, reconnaît-il. En France, les gens vous mettent dans une case et s'attendent à vous voir y rester. Mais je ne suis pas né dans une case, je n'ai pas grandi dans une case et je ne mourrai pas dans une case. » Pigasse est né au sein d'une famille de journalistes, ce qui explique beaucoup de choses. Son père adoré, Jean-Daniel, décédé en juin, a été secrétaire général de La Manche libre. Son oncle Jean-Paul a dirigé Les Echos, L'Express, et possède aujourd'hui un groupe de presse au Congo-Brazzaville. Son frère Nicolas a fondé Public, le magazine people.

Citizen Kane. Et il y a cette armée de 63 cousins germains qui se retrouvent chaque année dans la maison familiale de Forgues, près de Toulouse. Ils sont très nombreux à exercer leurs talents dans les médias. Ils ne portent pas le patronyme, mais Christian Jeanpierre, journaliste sportif sur TF1, est un Pigasse, ainsi que Gaëtan de Capèle, directeur du Figaro économie, Sylvain Augier, ancien présentateur de « Faut pas rêver », ou Olivier Martocq, journaliste à Radio France. « Je suis l'aléa statistique de la famille, le seul qui ne soit pas dans la presse, explique Pigasse. J'ai grandi dans une famille dont tous les membres ont été ou sont journalistes, ont créé des journaux, dirigé des journaux. Je n'ai pas de leçons à recevoir. » Pigasse parle comme Citizen Kane. La presse, qui est son atavisme et sa passion, causera-t-elle sa perte ? L'homme, téméraire ou inconscient, semble avoir une capacité de rebond et un instinct de vie insoupçonnés. D'ailleurs, Matthieu Pigasse devait filer en réunion de comité d'associés-gérants. Alors, au bout d'une heure et demie d'entretien, le Citizen Kane au « Rosebud » finalement insaisissable nous a laissée là, avec toutes nos questions et ses bribes de réponse, avec, dans ses yeux, une énigme aussi épaisse que lorsqu'il était entré dans la pièce§

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