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Sophie Coignard - Gilets jaunes, grand débat : retour à la case départ

CHRONIQUE. Deux mois de grand débat ont été effacés par le spectacle insupportable de l'impuissance de l'État. Cette fois, le pouvoir n'a plus le choix. PAR SOPHIE COIGNARD

Le président, dit-on, a adoré ces deux mois de grand débat où il a pu se livrer à son exercice favori : la séduction par le verbe. Tout semblait indiquer que cette grande opération de catharsis nationale avait remisé la colère des ronds-points et de la rue au second plan. Les violences du 1er décembre, en marge de la manifestation des Gilets jaunes, apparaissaient comme de lointains souvenirs.

Certes, des alertes avaient été émises par les renseignements territoriaux, qui faisaient remonter des éléments indiquant une mobilisation plus forte et plus radicale pour ce samedi 16 mars. L'exécutif n'en a pas tenu compte. En tout cas, pas assez. Sinon, Emmanuel Macron, qui a certes droit à quelques jours de détente à la montagne, n'aurait pas choisi précisément ce week-end pour aller skier dans les Pyrénées et devoir revenir prématurément dès samedi soir pour tenir une réunion d'urgence au ministère de l'Intérieur. Le gouvernement se serait montré plus attentif au dispositif mis en place par les forces de l'ordre, à l'évidence mis en échec par des casseurs déterminés au pire. Le Premier ministre déplorait ce dimanche des « dysfonctionnements », avec un sens de l'euphémisme qu'il conviendrait de saluer si les circonstances étaient moins graves.

Exactions insupportables

Le président et son gouvernement n'ont pas d'autre choix que de réagir fortement. Ils seront jugés sur leur capacité à restaurer l'autorité de l'État face à des exactions insupportables. Comment ne pas s'indigner de voir des voitures de police contraintes de reculer face à des insurgés excités à la perspective de « casser du flic » ? Quelles circonstances atténuantes trouver à une cohorte de barbares, dénués de toute conscience, qui profanent la plaque à la mémoire du policier Xavier Jugelé, assassiné par un terroriste le 20 avril 2017 ? Que penser de révolutionnaires imbéciles qui incendient des kiosques à journaux, indifférents au sort de ceux dont c'était le modeste et indispensable outil de travail ?

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Après l'épisode traumatisant du 1er décembre, l'opinion avait commencé à reconsidérer la sympathie initiale qu'elle accordait au mouvement de contestation démarré à la mi-novembre sur les ronds-points du pays. Après les exactions de samedi, il ne fait plus de doute que les « gentils Gilets jaunes », ceux qui protestaient de bonne foi pour faire entendre leur colère et leur détresse, sont rentrés chez eux. Ceux qui persistent à participer à la fièvre destructrice du samedi après-midi dans des manifestations non déclarées sont les complices des casseurs. Sur ce point, le président a raison. Mais il n'est pas le commentateur de l'actualité. Il est le garant de l'autorité de l'État. Le temps n'est plus au débat ni aux discours. Il est à l'action.

Publié le 18/03/19 à 07h59 | Source lepoint.fr