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Sur France 2, Laurent Wauquiez garde le cap très à droite

Par Christophe Forcari
4-5 minutes

Droit dans ses bottes, Laurent Wauquiez. Pas question, pour le nouveau patron du parti Les Républicains, de dévier d’un iota de son discours de campagne. Pour son premier grand oral médiatique, lors de l’Emission politique sur France 2, le président de la région Auvergne Rhône Alpes a rejoué sa sérénade sur l’air de «la droite est de retour». Oubliant les recommandations de certains membres de son équipe qui lui conseillent, depuis plusieurs semaines, de tenir un discours plus «rassembleur» et moins clivant.

A plusieurs reprises, Wauquiez a rappelé qu’il ne fallait pas être «naïf» mais «lucide» face à la politique menée par le locataire de l’Elysée sur certains sujets, comme l’Europe et surtout l’immigration. Pour lui, «la politique migratoire de la France ne marche plus du tout». «Je pense […] qu’il y a trop d’immigration en France et que, aujourd’hui, nos capacités d’intégration sont saturées», a-t-il déclaré. Laurent Wauquiez propose donc «de diminuer au moins de moitié le niveau de l’immigration actuelle et la ramener en dessous de la barre des 100 000, dont 20 000 à 30 000 étudiants étrangers». «Ce ne sont pas les Français qui choisissent ceux qui peuvent venir en France ou non, mais les passeurs. Je ne veux pas laisser le monopole du discours sur l’immigration au Front national», a-t-il répété, se déclarant favorable «à une immigration choisie avec des quotas». Quitte à faire écho, sur ces thématiques, à des propositions déjà anciennes du parti de Marine Le Pen. Comme le fait de réserver le bénéfice des prestations sociales à des étrangers en situation régulière résidant depuis au moins trois ans en France.

«Filet d’eau tiède»

Un Français sur deux juge d’ailleurs que Wauquiez «flirte» avec les propositions du parti d’extrême droite, selon un sondage Odoxa. Un discours pleinement assumé par le nouveau président de LR et destiné à faire revenir dans le giron de la droite républicaine les électeurs séduits par les sirènes lepénistes. «Cela fait trop d’années que la droite a capitulé sur les questions d’immigration et de sécurité ou encore sur la question de déclassement des classes moyennes», a poursuivi Laurent Wauquiez, pour qui «on ne reconstruira pas la France en tournant le dos à ses valeurs, à ce qu’elle est».

«Ce qui a tué la droite, c’est d’essayer de rassembler des gens qui n’avaient rien à faire ensemble. Mon projet, c’est de redonner une voix à la droite», a-t-il proclamé face au porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Laurent Wauquiez revendique de ne pas débiter «un filet d’eau tiède» afin «de garder tout le monde à bord» de la formation politique qu’il conduit aujourd’hui. A la veille du premier conseil national qui doit se tenir ce samedi à Paris et juste un mois après son élection, il doit déjà faire face à une contestation interne menée par ses deux adversaires lors de l’élection interne, Maël de Calan et Florence Portelli, qui lui reprochent de ne tenir compte ni de leur score électoral ni de la sensibilité qu’ils incarnent.

«Compétent ou honnête» pour un Français sur deux

Après avoir affirmé clairement qu’il ne conduirait pas la liste LR aux prochaines élections européennes, Wauquiez s’est une nouvelle fois opposé à tout élargissement de l’UE, notamment aux pays des Balkans, avant que l’Europe «ne soit refondée». Une nouvelle fois, le chef de LR, pour qui «il n’est pas hors norme de ne pas s’esbaudir chaque matin devant ce que fait le président de la République», s’est posé en défenseur des classes moyennes et des retraités touchés par l’augmentation de la CSG. «La politique-fiction que vous portez, c’est 42% de cadeaux fiscaux aux 5% les plus riches», a-t-il notamment martelé face à Griveaux. Un discours qui a convaincu les électeurs de droite qui, à l’issue de l’émission, jugeaient à 71% qu’il incarnait «le renouveau de la droite». Mais seulement un Français sur deux le trouve «compétent ou honnête». Et, en termes d’audience, la nouvelle figure de proue de la droite qui se veut être «le premier opposant» au président de la République, n’a pas soulevé les foules puisqu’il a fait l’un des plus mauvais scores d’audience de l’Emission politique de France 2.

Christophe Forcari