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L’Ouganda, terre d’accueil pour réfugiés de guerre et de famine

20 juin 2017 Par Mediapart Gaël Cloarec

 

  1. Fuyant le Soudan du Sud en guerre, plus d’un million de réfugiés se sont installés en quelques mois dans des camps du nord de l’Ouganda. Ce pays leur offre une carte d’identité de réfugié, le droit de commercer et un lopin de terre de 900 m2 afin qu’ils puissent se suffire à eux-mêmes et ne pas dépendre de l’aide internationale. Mais, depuis des mois, la sécheresse empêche les cultures. Les ONG y suppléent une fois par mois en livrant des haricots et des petits pois, mais elles aussi sont à la peine : les financements internationaux promis n’arrivent pas et la famine guette.

     

    1. © Gaël Cloarec

      17 mai 2017. Le pont de la rivière Kaya trace la frontière entre le Soudan du Sud et l’Ouganda. Après plusieurs jours, voire plusieurs semaines de marche, femmes, enfants et personnes âgées tentent d’échapper à la guerre au Soudan du Sud. Les villages au sud de ce pays sont désormais tous vides. Ce jour-là, une femme de 72 ans traverse la rivière. Il n’est pas fréquent de croiser des hommes parmi ces réfugiés. Les hommes sud-soudanais sont soit morts, soit repartis faire la guerre.

       

      © Gaël Cloarec © Gaël Cloarec

       

    2. © Gaël Cloarec

      17 mai 2017. Juste après la traversée du pont et avant d’emmener les réfugiés vers un premier camp, l’armée ougandaise fouille tous les bagages. Les militaires racontent que certains enfants rapportent des balles de fusils.

    3. © Gaël Cloarec

       

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      19 mai 2017, camp de Kuluba en Ouganda. Ces réfugiés ont fui leur village, ont vu ou ont subi les pires exactions. Ils ont marché pendant plusieurs jours en se cachant parmi les herbes hautes, dans le bush. Puis l’Ouganda les a recueillis, accueillis. Après avoir franchi la frontière, les réfugiés sont reçus dans ce premier camp dit « de réception », où arrive en moyenne un millier de personnes par jour. Le premier travail des ONG est d’enregistrer les identités et de distribuer un biscuit à chacun des arrivants.

       

    4. © Gaël Cloarec

      17 mai 2017, camp de Kuluba en Ouganda. Dans ce camp de réception, la provenance des réfugiés est attestée par l’emplacement du vaccin de naissance. En Ouganda, ce vaccin se fait sur l’épaule ; au Soudan du Sud, à l’intérieur du bras ; au Congo, au niveau du biceps.

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      20 mai 2017, camp de Koboko, en Ouganda. Après le premier camp de réception, les réfugiés arrivent dans ce deuxième camp, toujours au nord du pays. Ils y passent deux à trois jours, avant d’être dirigés vers le camp de transit de Imvepi, plus à l’intérieur des terres. C’est là qu’ils se verront attribuer un lopin de terre quelque part au nord de l’Ouganda. Le temps d’attente entre les différents camps avant d’être dirigé vers un endroit définitif est en moyenne de 15 jours.

    6. © Gaël Cloarec

      25 mai 2017, camp de Imvepi en Ouganda. Imvepi est un camp dit « de transition ». Les réfugiés y restent une dizaine de jours et sont enregistrés biométriquement. Un des premiers gestes demandé est de se laver les mains : les autorités craignent une épidémie de choléra. Un seul cas contaminerait les 10 000 personnes présentes. Pour l’ensemble des camps de réfugiés en Ouganda, deux millions de litres d’eau sont ponctionnés par jour dans le Nil, à l’ouest du pays. Le transport de cette eau coûte 400 000 dollars par mois, auxquels s’ajoute le coût de son extraction et du traitement. Dernièrement, Amnesty International a dénoncé les pays donateurs qui « manquent à leur devoir ».

       

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    7. © Gaël Cloarec

      25 mai 2017, camp de Imvepi en Ouganda. Les bénévoles de la Croix-Rouge travaillent 7 jours sur 7 afin de procéder à l’enregistrement qui servira à l’obtention d’une carte d’identité de réfugié. L’Ouganda connaît en ce moment sa quatrième grande crise migratoire. Depuis les années 1950, ce pays d’Afrique de l’Est accueille, dans des camps dispersés dans tout le pays, les réfugiés fuyant les conflits voisins : Rwandais, Somaliens, Burundais, Congolais ou Sud-Soudanais. Après avoir donné ses empreintes, chaque réfugié reçoit un paquet contenant une couverture, un jerrycan, une bâche de sol et une bâche de toit.

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      25 mai 2017, camp de Imvepi en Ouganda. Il faut chaque jour 1 625 kg de nourriture pour subvenir aux besoins des réfugiés en transit dans ce camp.

    9. © Gaël Cloarec

      25 mai 2017, camp de Imvepi en Ouganda. Midi et soir, le menu est tous les jours le même : une semoule enrichie en calories et des haricots.

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      25 mai 2017, camp de Imvepi en Ouganda. Les réfugiés sont appelés les uns après les autres afin de recevoir leur carte d’identité.

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      L'emplacement des camps dans le nord de l'OugandaL'emplacement des camps dans le nord de l'Ouganda
      23 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Ce camp « définitif » s’est ouvert en septembre 2016. Sur 250 km2, il accueille plus de 270 000 personnes appartenant à 64 tribus, réunies en fonction de leur degré de compréhension linguistique. Au total, le camp compte cinq zones, espacées de plusieurs dizaines de kilomètres, et chaque zone comporte des sous-divisions.

       

      Rien que pour cette crise migratoire venue du Sud-Soudan, un autre camp « définitif » devrait s’ouvrir à Lawmo, et le camp de transit Imvepi se transforme en partie en camp définitif. Dans le reste de l’Ouganda, d’autres camps de réfugiés accueillent parfois depuis des années des personnes d’autres nationalités.

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      24 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Course pour prendre sa place dans la très longue file d’attente afin de recevoir sa portion de nourriture mensuelle. Pour survivre, un humain à besoin de 2 100 calories par jour, soit 12 kg de nourriture par mois. Faute de financement, l’Ouganda a réduit les rations à 6 kg, moitié moins que le minimum vital journalier. Ces mêmes rations seront réduites à 4 kg par personne, par mois, au moment où le photographe assiste à la distribution. Haricots, petits pois, huile de cuisson et poudre de manioc sont la base. On promet que les deux autres kilos supplémentaires arriveront plus tard…, mais, en vérité, les ONG n’ont aucune vision de l’avenir et le commandant du camp estime qu’il faudrait immédiatement 61 millions de dollars pour pouvoir nourrir tout le monde.

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      20 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Le centre de soin du camp ouvre une fois par semaine. Dans ce camp se reconstruit aussi une société. Certaines zones ont élu leur représentant, chargé de vérifier que personne ne manque de rien. Les femmes ont aussi créé un lieu, au sein d’une sous-division de zone, qui leur est propre. Elles y prennent le thé, éduquent les plus jeunes, y partagent leurs histoires, aussi terribles les unes que les autres, et leur peur de l’avenir, avec la famine qui se profile.

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      20 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Cet enfant, âgé de 7 mois, est en situation de malnutrition aiguë. En mesurant le tour de bras des enfants, les médecins vérifient le degré de malnutrition des plus jeunes.

       

    15. © Gaël Cloarec

      20 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Le centre de soins prend aussi en charge les malades du sida, du choléra, de la malaria… et les victimes de violences sexuelles.

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      26 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Dans les camps, les hommes sont moins nombreux que les femmes. Si certains sont venus déposer leur famille en sécurité, avant de retourner au Soudan du Sud pour tenter de retrouver leurs animaux ou de reprendre le combat, d’autres sont perdus, ne sachant plus quoi faire.

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      26 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Les réfugiés ont construit un lieu de prière dans lequel ils se retrouvent.

       

       

       

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      22-28 mai 2017, camp de Bidi bidi en Ouganda. Après avoir reçu quelques bâches pour édifier un abri provisoire, les réfugiés construisent des cases en terre et paille. Assurés d’avoir un lopin de terre, les nouveaux habitants de Bidi bidi semblent s’installer pour longtemps. Personne ne sait combien de temps durera la guerre au Soudan du Sud.

       

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      22 mai 2017, marché de Yumbe. Dans cette ville voisine du camp de réfugiés de Bidi bidi, on retrouve des denrées distribuées aux réfugiés que certains sont venus vendre afin d’avoir un peu d’argent. On y trouve aussi des couvertures cédées par les réfugiés à 50 centimes et que les locaux revendent 1,5 euro (5 000 shillings ougandais).

       

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