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Le sprint final d'un match à quatre au sommet de l'incertitude | À la Une | Reuters

 

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Les candidats à l'élection présidentielle Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon s'apprêtent à jeter toutes leurs forces dans l'ultime semaine d'un match à quatre au sommet de l'incertitude.

A sept jours du premier tour, d'où sortiront les deux finalistes, les candidats du Front national et d'En Marche ! demeurent en pole position dans les sondages. Mais leur avance sur ceux de la droite et de la France insoumise a fondu.

"Je serai au deuxième tour", clame Jean-Luc Mélenchon dans le Parisien dimanche. "Je sais que je serai au second tour. J'ai cette conviction profonde", dit en écho au Journal du dimanche (JDD) François Fillon.

Les proches de d'Emmanuel Macron affichent une relative sérénité mais prennent soin de dire que "rien n'est gagné".

"On a la conviction qu'il est normal que les courbes se rapprochent dans la dernière ligne droite", a déclaré dimanche à Reuters un membre de son équipe rapprochée.

Pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, deux facteurs expliquent cette situation inédite.

"Les conditions jamais vues de cette présidentielle exacerbent l'incertitude", dit-il à Reuters : "Pas de sortant, pas de bipolarisation, faiblesse des représentants des partis de gouvernement, une abstention qui s'annonce forte."

L'autre facteur est la perte de dynamique des deux premiers, ajoute cet analyste, selon qui Marine Le Pen rate sa fin de campagne - "Elle n'a pas été convaincante pendant les débats".

Si le socle électoral de la présidente du FN paraît à ce jour le plus solide, un sondage d'Ifop-Fiducial pour le JDD met le doigt sur des faiblesses qui pourraient jouer dans l'isoloir.

COMBINAISON DE VOTES UTILES

Sur 966 électeurs du FN interrogés du 31 mars au 5 avril, 43% disent avoir fait ce choix dans le passé pour exprimer leur mécontentement. Ils ne sont que 19% à évoquer une adhésion aux solutions économiques et sociales du FN, 11% à citer la capacité des dirigeants du FN à gouverner, 9% le profil de Marine Le Pen.

La position centrale d'Emmanuel Macron le rend pour sa part sensible à "la réactivation du clivage gauche-droite" en fin de campagne, estime Frédéric Dabi.

Selon le responsable de l'Ifop, le candidat d'En Marche ! est en outre "gêné par la dynamique Mélenchon, qui installe un autre vote utile à gauche, concurrent du vote Macron".

Cette même dynamique peut aussi favoriser un vote utile à droite, en faveur de François Fillon, qui estime dans le JDD que si la "peur d'un second tour Le Pen-Mélenchon (...) existe, elle conduira la droite et le centre à voter" pour lui.

Il n'y a plus un vote utile mais "des combinaisons multiples de votes utiles", souligne Frédéric Dabi. Pour corser le tout, près de 30% des électeurs restent indécis et les instituts de sondage prédisent un taux d'abstention aux alentours de 30%.

Indécis et abstentionnistes seront cette semaine le coeur de cible de ces quatre candidats, qui devront aussi, pour les deux premiers, consolider un socle en cours d'effritement.

Il seront trois à s'affronter lundi à distance à Paris.

Emmanuel Macron tiendra meeting dans la salle omnisports de Paris Bercy, qui peut accueillir jusqu'à 20.000 personnes. "Ce sera un discours de président de la République", croit savoir le député PS Christophe Castaner, un de ses soutiens.

INDÉCIS ET ABSTENTIONNISTES

Après un déplacement mardi en région parisienne qui le mènera notamment au marché international de Rungis, le candidat tiendra trois autres meetings, à Nantes mercredi, à Rouen et Arras vendredi. Son équipe annonce aussi pour cette semaine 63 meetings régionaux d'En Marche ! et 90 réunions départementales.

Jean-Luc Mélenchon fera lundi campagne à bord d'une péniche qui naviguera de Bobigny à la bibliothèque François Mitterrand avec animations et discours lors de six escales.

Cible d'attaques redoublées depuis sa percée dans les sondages, il a mis en garde dimanche ses partisans contre "la calomnie permanente" et les "fables invraisemblables" proférées pour "dissuader les braves gens" de voter pour lui.

Marine Le Pen donne rendez-vous lundi à 20h00 au Zénith de Paris-La Villette et a demandé vendredi à ses partisans de mettre à profit cette semaine pour convaincre chacun un indécis "ou prendre par la main un abstentionniste, afin de doubler la puissance du sursaut patriote dans les urnes" le 23 avril.

François Fillon a pour sa part choisit une terre de droite et d'extrême-droite pour entamer lundi cette semaine cruciale par une réunion publique à Nice, avant d'aller à Calais et Lille mardi, de faire "quelque chose" mercredi avec son adversaire malheureux de la primaire Alain Juppé, d'intervenir à TF1 le même jour et sur France 2 jeudi, selon un membre de son équipe.

Tenté de mettre à l'écart ceux de ses "amis" qui l'ont lâché au plus fort de la crise déclenchée par les soupçons d'emplois fictifs dont aurait profité sa famille, il se montre désormais plus enclin au pardon, nécessité de rassembler oblige.

Il insinue dans le JDD qu'il ferait appel à certains d'entre eux pour former un gouvernement, s'il est élu : "Je rassemblerai tout le monde. On ne peut pas gouverner avec de la rancoeur."

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