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Les trois grandes contradictions de François Fillon


Alexandre Rousset

Difficile de se défendre face aux ennuis judiciaires lorsque l'on a construit son image politique sur sa probité. Ce mercredi, François Fillon a annoncé qu'il maintiendrait sa candidature à l'élection présidentielle malgré sa future mise en examen dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs de son épouse et de ses enfants.

En plein trouble à moins de deux mois de l'élection présidentielle , François Fillon a avancé plusieurs arguments pour se défendre et pour tenter de convaincre du bien-fondé de sa décision. Mais plusieurs de ses justifications se révèlent cruellement contradictoires avec des propos tenus plus tôt dans la campagne.
Se présenter malgré une mise en examen

"Je ne céderai pas, je ne me retirerai pas, j'irai jusqu'au bout", a martelé François Fillon lors de son allocution face à la presse ce mercredi. Malgré sa mise en examen à venir, le candidat de la droite l'a répété : "Oui je serai candidat à la présidence de la République".

En retournant quelques peu en arrière, la décision de François Fillon prend une dimension particulière. Tout au long de la campagne de la primaire de la droite, l'ancien Premier ministre s'est présenté comme le candidat de la probité. Le 28 août 2016, lors d'un discours en marge de sa rentrée politique, il lancera cette phrase désormais célèbre : "Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ?". Une sortie interprétée comme une charge envers son rival Nicolas Sarkozy, alors inquiété par plusieurs affaires judiciaires.

Quelques mois plus tard, l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse et de ses enfants a ébranlé le désormais candidat à la présidentielle. Le 26 janvier, quelques jours après les premières révélations du "Canard enchaîné", il clame son innocence sur le plateau du "20 Heures" de TF1 et pose la seule condition qui pourrait le faire renoncer à la présidentielle : "Il n'y a qu'une seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est si mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen."
VIDEO - Les contradictions de François Fillon en 1'30
Le rythme de l'avancée de l'enquête

Parmi les points soulevés par François Fillon pour justifier son maintien, la rapidité des décisions de justice qu'il estime relever de la précipitation : "Il est sans exemple dans une affaire de cette importance qu'une convocation aux fins de mise en examen soit lancée quelques jours à peine après la désignation des juges, sans qu'ils aient pris connaissance du dossier, ni procédé à des investigations supplémentaires", a-t-il déploré. Preuve qu'il s'agit d'un axe important de son argumentaire, il insiste sur ce point plus loin dans son allocution : "L'enquête préliminaire a été ouverte en quelques heures", dénonce-t-il.

Mais le 31 janvier, son avocat, Antonin Levy, tenait un tout autre discours au micro de RTL. La veille, François et Penelope Fillon avaient été entendus par les enquêteurs. Et l'avocat se félicitait alors de la réactivité de la justice : "Le soir-même de l'ouverture de l'enquête, François Fillon a souhaité être entendu rapidement. On se réjouit que la justice ait fait droit à cette demande d'être reçu aussi vite", détaillait-il.
Le politique, un justiciable comme les autres ?

Lors de son point presse, François Fillon a expliqué souffrir d'un traitement particulier de la part de la justice : "La présomption d'innocence a complètement et entièrement disparu. Depuis le début, je n'ai pas été traité comme un justiciable comme les autres".

Problème, lors du débat de l'entre-deux tours de la primaire de la droite, le 24 novembre 2016, François Fillon exprimait une autre vision du statut des politiques face à la justice. Il expliquait ainsi à Alain Juppé que, lui, président, un membre de son gouvernement qui ferait l'objet d'une instruction judiciaire devrait quitter ses fonctions : "On est des hommes politiques, on n'est pas des citoyens comme les autres. Les citoyens comme les autres, ils ont le droit à la présomption d'innocence. Les hommes politiques, ils ont comme responsabilité de montrer le chemin", argumentait-il.
« Oui, je serai candidat » : (ré)écoutez l'intégralité de la déclaration de François Fillon le mercredi 1er mars