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Diagnostic quantitatif et qualitatif des masses d’eau régionales


Au-delà de la mesure de l’état des masses d’eau, la caractérisation des aquifères (géométrie, nature des formations géologiques, paramètres hydrodynamiques : perméabilité, porosité, etc.…), et la compréhension de leur fonctionnement (nature des écoulements, conditions aux limites, bilan) sont des éléments essentiels pour une gestion adéquate de la ressource, notamment pour optimiser le potentiel d’exploitation sans compromettre les équilibres avec les milieux superficiels (systèmes alluviaux), le renouvellement de la ressource (systèmes profonds), et pour déterminer in fine les modalités de protection, en précisant les conditions d’alimentation et les zones/facteurs de plus grande vulnérabilité. Acquérir ce type de connaissances nécessite à la fois de réaliser des investigations de terrain (ex. piézométrie, traçages, essais de pompage…) et, le plus souvent, de recourir à la modélisation : les enjeux techniques et financiers sont donc conséquents. Les études sur les ressources stratégiques lancées par l’Agence de l’eau RM&C sur plusieurs masses d’eaux souterraines à l’échelle de la région PACA constituent une étape importante pour atteindre cet objectif.


De ce point de vue, on peut noter que :

 

  • Les aquifères alluviaux sont généralement les plus connus, car ils ont fait l’objet des études les plus nombreuses (en lien avec les besoins de leur exploitation) : il existe ainsi des bilans détaillés sur la nappe de Crau et celle du Var, ainsi que sur les petits aquifères alluviaux côtiers; mais la connaissance des bilans sur la Durance et les Sorgues est moins avancée.
  • La connaissance des aquifères karstiques et/ou profonds est plus parcellaire : d’une part, car ces aquifères sont généralement moins utilisés, car ils ont un fonctionnement complexe, et enfin parce que les investigations qu’ils requièrent sont à la fois plus difficiles et plus coûteuses (nécessité de réaliser des forages profonds et d'anticiper de lourdes phases d'acquisition de données). Des études ciblées ont néanmoins été entreprises au cours des dernières années, en vue d’évaluer le potentiel exploitable, et sous quelle conditions : notamment dans les Alpes Maritimes (secteur du Loup, Est du département) et dans le Var (calcaires du Muschelkalk), ou encore concernant les sources sous-marines des calcaires crétacés Estaque -Nerthe – Etoile et des Massifs calcaires des calanques, les potentialités des formations du bassin d’Aix, le bassin du Beausset, etc). Elles restent néanmoins trop ponctuelles pour permettre de comprendre le fonctionnement global de l'aquifère concerné, a fortiori de la masse d'eau.
  • La connaissance de l'ensemble des aquifères autres que alluviaux et karstiques est très variable selon les enjeux locaux. Ceux-ci constituent néanmoins de potentielles sources de conflits d'usage qu'il est parfois délicat de résoudre sans disposer de la connaissance nécessaire (exemple: nappe du Miocène, conglomérats de Valensole).


CE QUE DIT LE SDAGE... Il est nécessaire de poursuivre l'amélioration de la connaissance en priorité sur la compréhension du fonctionnement des aquifères, l'état des nappes au droit et à l'aval des zones industrielles, les potentialités de certains aquifères peu connus (aquifères multicouches, karsts profonds), la connaissance des prélèvements. Un suivi des effets des changements climatiques est tout aussi indispensable pour cerner les incertitudes quant aux capacités de recharge des nappes à long terme.

 

Mieux comprendre le fonctionnement des aquifères


Les aquifères alluviaux, voire certains aquifères karstiques en relation étroite avec les rivières, constituent généralement des ressources abondantes, facilement mobilisables, et leurs nappes sont souvent fortement exploitées. Elles sont cependant très sensibles aux aléas climatiques et aux pressions exercées, nécessitant une gestion maîtrisée pour répondre à la demande en eau (AEP, Industries, Irrigation, besoin divers), tout en préservant le débit d’étiage des cours d’eau, ainsi que les zones humides qui sont en relation.
La connaissance du fonctionnement hydrodynamique de ces aquifères est indispensable pour assurer une gestion optimale, servant au mieux les intérêts de tous les utilisateurs, notamment dans l’optique de se doter d’outils de gestion prédictifs pour mieux guider les décideurs (par exemple : délivrances argumentées des autorisations de prélèvements dans la nappe, la rivière ou sa nappe d’accompagnement).
Cet axe d’amélioration de la compréhension du fonctionnement des nappes est essentiel pour mettre en place des outils adaptés pour une gestion maîtrisée des complexes relations d’échanges entre nappes, rivières, et les écosystèmes liés, ainsi que de mieux quantifier les réserves en eaux souterraines et superficielles disponibles.


Il est notamment essentiel pour fournir des éléments d’aide à la décision et de prospective aux décideurs publics, leur permettant en particulier de répondre adéquatement aux deux enjeux suivants :

  1.  Identifier les ressources pour lesquelles il existe un potentiel inexploité ou résiduel, et préciser les conditions dans lesquelles leur exploitation restera raisonnée et durable, c’est à dire ne perturbera pas les équilibres existants (notamment avec les milieux superficiels) ni les capacités de renouvellement de la ressource. Les investigations et études doivent cibler principalement les masses d’eau souterraines « stratégiques » qui ont été définies dans le SDAGE, c'est-à-dire susceptibles de constituer des alternatives à des ressources actuellement surexploitées ou de rendre disponible des volumes importants pour la satisfaction des besoins futurs. Toutefois, il peut s’avérer également important de développer la connaissance de systèmes à potentiel plus limité, mais qui peuvent représenter les seules ressources disponibles dans des secteurs moins bien pourvus et/ou non sécurisés.
  2. Évaluer les facteurs de vulnérabilité des aquifères et les impacts qu’ils sont susceptibles de subir du fait :
    • - des pressions anthropiques : processus de migration, d’accumulation (temps de séjour) et d’élimination des polluants dans les eaux souterraines, effets de l’artificialisation sur les mécanismes de recharge.
    • - des effets du changement climatique : accentuation possible (en fréquence et en intensité) des sécheresses, élévation du niveau de la mer.
    • - Les facteurs de vulnérabilité sont en cours d’évaluation dans les études sur « les ressources stratégiques ».