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La chambre d'agriculture du Var tire la sonnette d'alarme

Président de la Chambre d'agriculture du Var, Alain Baccino a évoqué jeudi durant ses vœux un avenir incertain dû à des baisses de subventions. Et des contraintes environnementales accrues

C’est le représentant des agriculteurs dans le département. À ses oreilles remontent les doléances et souffrances de l’ensemble des filières. Alain Baccino, président de la chambre d’agriculture du Var et la quarantaine d’agents de cet organisme, œuvre tout au long de l’année à l’accompagnement des professionnels agricoles dans leur développement. Interview.

Vous êtes très inquiet. Votre chambre a de moins en moins de moyens…
Nous sommes très préoccupés par la mise en œuvre catastrophique de la loi Notre (chargée de réduire le mille-feuille administratif, N.D.L.R.) dans le département. Un an après son application, nous constatons la déstructuration complète de l’organisation des financements de nos programmes de développement agricoles par nos partenaires (Région, Département, Intercommunalités). Il est de mon devoir de tirer la sonnette d’alarme et de dire attention: si nous voulons dans 10 ou 20 ans une agriculture locale toujours aussi qualitative ou tout simplement présente, il est impératif que nos partenaires prennent leurs responsabilités.

D’autres préoccupations?
Oui, on a des contraintes environnementales de plus en plus exigeantes dans toutes les filières. C’est très compliqué. On peut comprendre qu’il faille aller vers l’agriculture respectueuse et biologique, d’ailleurs le Var est en très bonne place en la matière. Mais il faut rappeler que ces changements de pratiques sont une charge supplémentaire pour les exploitations. De plus, elles doivent être accompagnées. Et ce n’est pas en supprimant des moyens à la chambre qu’on va y arriver.

Les agriculteurs sont souvent en première ligne face aux menaces naturelles. Quelles sont elles actuellement?
Tout d’abord, dans la basse vallée de l’Argens, il y a toujours une inquiétude des professionnels sur une énième crue. D’autre part, La sécheresse a de plus en plus d’impact dans le Var, plus que dans la Paca. On a remarqué une disparité, voire une distorsion de concurrence entre ceux qui étaient pourvus en eau et ceux qui ne l’étaient pas. Ce n’est pas normal. On dispose de réserve d’eau quoi qu’on en dise. Il faut une équité dans la desserte. On a besoin de l’appui des acteurs départementaux. Il faut également évoquer les loups qui continuent de ravager nos troupeaux ainsi que les dégâts des sangliers qui sont toujours d’actualité. Heureusement les services de l’État sont aujourd’hui davantage à notre écoute sur ces menaces.

Et quid de la bactérie Xylella fastidiosa, tueuse d’oliviers?
Des foyers ont été détectés cette année notamment dans l’Est Var. Mais les choses se stabilisent. Le Var a été plus épargné que la Corse ou les Alpes-Maritimes. Nous continuons le travail de sensibilisation sur le terrain.

Au rayon des satisfactions: la filière viticole. La locomotive agricole du Var, est-elle toujours sur de bons rails?
Oui cette filière se porte bien. Malgré la sécheresse, les récoltes ont été d’un bon niveau et le volume disponible sur les marchés est équivalent à celui de 2016. Les compteurs sont positifs. Notons surtout que les exportations ont progressé de 10 % à 26 % ces dix dernières années! On a une vraie reconnaissance de nos vins en France et à l’étranger. Je souhaite qu’en 2017 nos vins de Provence poursuivent leur croissance.

D’autres motifs de se réjouir?
Oui, le renouveau de l’activité de maraîchage se confirme grâce au circuit court. Il faut que ça continue. Tout comme la croissance des productions sous label de qualité notamment avec l’AOC Figues de Solliès. Il faut aussi que la filière horticole, malgré les handicaps concurrentiels qu’elle doit supporter, continue ses efforts de restructuration et engage les programmes visant à la création d’un label d’origine pour nos fleurs de Méditerranée.

Tournons-nous vers l’avenir. Où en est le projet d’abattoir pour le Var?
Le département n’en dispose pas. Pourtant, on le réclame depuis plus de 10 ans. Pour le bien-être animal c’est très important que les bêtes ne fassent plus des centaines de kilomètres transportés.  Pour répondre aux besoins de proximité et de circuit court, il est opportun de rapprocher les sites d’abattage et de découpe des lieux de vente et de distribution. Avec un million de consommateurs dans le var et dix millions de touristes, c’est un élément important.

Le centre de recherche du rosé va-t-il quitter Vidauban?
Oui.Dans l’actuel centre de recherche de Vidauban, avant il y avait trois chercheurs qui faisaient une centaine d’axes de recherches. Aujourd’hui il y en a 6 qui en font 600. Il faut donc absolument agrandir ce centre qui profite à toute la filière viticole. Je souhaite qu’il n’y ait pas de frein à cette nouvelle structure qui devrait se situer au Cannet des Maures. Mais pour éviter qu’on le retrouve dans un autre département, il faut boucler rapidement ce dossier avec nos partenaires. 

REPERES

73284 hectares   la superficie agricole utilisée SAU du Var. Ce qui représente environ 17 % de l’espace départemental.
4830 exploitations agricoles dont 110 exploitations de plus de 100 hectares.
5420 chefs d’exploitations agricoles travaillent dont 59 % en viticulture, 21 % en horticulture, 4 % pour l’élevage d’ovins et caprins.En tout Près de 24000 emplois sont liés à l’agriculture
421.5 millions d’euros est le chiffre d’affaires lié aux ventes de l’agriculture dans le département.
Agriculture biologique 19,2% des surfaces agricoles étaient en bio en 2014.

 

Source: varmatin.com