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Un témoignage des trente glorieuses

 

Je suis le produit du système culturel de notre pays la France. De son système éducatif des années 1950-1960 d'abord; de l'enseignement primaire et secondaire puis du lycée et des classes préparatoires aux grandes écoles. Je rends ici hommage à tous les maîtres qui m'ont transmis le savoir qui m'a permis de contribuer à la construction de notre société, d'avoir successivement des emplois utiles au cours desquels j'ai continué de progresser jusqu'au point où j'en suis aujourd'hui 1935-2017!

Je ne ferai pas l'éloge des promotions où j'ai figuré en photo, comme d'aucuns font l'éloge de la promotion Voltaire. Mais je veux dire à tous les jeunes, mes petits enfants et arrière petits enfants que tout est possible par l'éducation, l'apprentissage, les savoirs et les connaissances. Comme tous ceux de ma génération notre but n'était pas l'argent, mais l'activité utile et correspondant à nos goûts et talents respectifs.

Évacué en Angleterre en mai 1940 - j'avais 5 ans - lors de l'invasion allemande, j'ai d'abord suivi l'enseignement primaire à Leeds Lawnswood modern school. Nous sommes revenus à Calais en janvier 1946, Calais ville bombardée et détruite à 80%. J'avais oublié le français de mes 5 ans et je dus suivre  les cours de rattrapage; d’abord au pensionnat Saint-Pierre de Calais, puis à l'école primaire de la rue Verte où mon instituteur Mr Poure fut très bienveillant avec moi. Puis j'entrais au collège classique de Calais où je suivis les cours de la 6è à la 3è avec l'enseignement du latin, puis du Grec en 4è. J'entrais au collège moderne de Calais dirigé alors par Mr Boucher lequel montra une affection particulière envers moi, vu mon histoire anglaise et mon goût pour la musique.

J'apprenais le violon à l'école de musique avec Gaston Tumelaire. Il m'avait incité à arrêter l'école (en 2è) et à me consacrer au violon pour entrer au conservatoire de Paris. Ce fut un échec, lors de mon audition à Paris en fin d'année. Je pus rentrer en première grâce à la bienveillance de Mr Boucher. J'obtins le prix d'excellence en fin d'année et j'entrais en mathématiques élémentaires. J'obtins aussi le prix d'excellence et tous les prix d'excellence du Pas de Calais et du Nord eûmes droit à un voyage à Parentis en Gironde pour visiter le site de production de gaz de Lacq.  Mon professeur Mr Dermie fut aussi très bienveillant!  Il m'encouragea à demander mon admission en Mathématiques supérieures au Lycée Faidherbe de Lille. La classe de Mathématiques supérieures animée par Mr Bocquet recrutait 60 élèves sur dossiers; je fus admis 60è.

En fin d'année scolaire 1955, les 20 premiers entraient en mathématiques spéciales. Je fus admis 20è. En fin d'année scolaire 1956-1957, je me présentais au concours commun des grandes écoles; je fus admis à Sup Aéro, Mines de Saint-Etienne et Nancy et à l'IDN de Lille. Je choisis les mines de Saint-Etienne par atavisme car mes grands parents étaient mineurs et j'en éprouvais de l'admiration (voir ce lien).

Sorti diplômé de l'école en 1960, je fus incorporé comme sous lieutenant dans l'armée de l'air car les grandes écoles étaient sous le régime de l'instruction militaire obligatoire IMO. Je fis d’abord 3 mois de classes à la base aérienne de Caen Carpiquet, puis 3 mois de classe d'instruction de nouvelles recrues à la base aérienne d'Essey les Nancy; puis 3 mois à l'école de l'aviation civile(ENAC)  à Orly; diplômé de l'ENAC, je fus affecté comme contrôleur d'aérodrome à la base 126 de Solenzara en Corse, alors base OTAN.

Démobilisé en 1962 car devenu père de 2 enfants entre temps, j'entrais en premier poste au Centre de Recherches des Charbonnages de France à Verneuil en Halatte près de Creil. En 1965, sur demande de mutation de ma part, j'entrais aux houillères du Nord Pas de Calais Groupe de Valenciennes. Je fus successivement ingénieur d'exploitation à la fosse Ledoux, Cuvinot et Lagrange.

En 1971, la reconversion des charbonnages était lancée; on encourageait ceux qui le pouvaient à partir. Je fus engagé comme ingénieur de projet aux Aciéries de Paris et d'Outreau; je participai à la construction de l'usine nouvelle du port de Boulogne sur Mer; j'avais en charge tout le secteur de la préparation des charges des hauts-fourneaux. En 1973, ce projet étant terminé je cherchai un autre emploi et fus engagé comme chef des ventes par la société Jean Sabès à Anzin, une entreprise de chaudronnerie mécanique spécialisée pour les matériels de mines, de la sidérurgie et des travaux publics.  Ce poste s'acheva fin 1976.

En 1977 je fus engagé comme chef de projets par Sofremines (société française d'études et réalisations minières) filiale de Sofresid (société française d'études et réalisations sidérurgiques) à Montreuil. Sofresid avait réalisé l’ingénierie du complexe sidérurgique intégré de Dunkerque. J'y suis resté jusqu'à mon départ en retraite le 1/7/1996.

Depuis mon départ en retraite, je n'ai jamais cessé de travailler en relation avec mes anciennes activités et mes anciens collègues; c'est ainsi que j'ai conduit des études de conseil en RdC, en Ouganda, au Cameroun, Niger, Mali...  et j'ai participé comme instructeur aux formations  de l'école des mines de Paris, dans le cadre des  sessions Ceseco, aux jeunes ingénieurs d'Afrique, et d'Amérique du Sud, une contribution de la France au système monde.

Si j'ai raconté tout cela, ce n'est pas pour me mettre en avant; c'est pour dire aux jeunes qu'ils doivent avoir confiance. Que la société a, et aura toujours,  besoin d'eux s'ils ont des compétences; il faut qu'ils se forment sans cesse et acquièrent les connaissances et savoirs faire qui correspondent aux besoins de notre temps et à leur évolution.

Voici le témoignage d'un de mes amis de Faidherbe classe de Mathématiques spéciales; il s'agit de Jean-Pierre Renard. Normalien, entré à l'école normale supérieure en 1957, il a fait une carrière brillante de chercheur au CNRS; directeur de recherches,  il a travaillé sur la résonance magnétique nucléaire et sur les matériaux magnétiques.  Nous nous sommes retrouvés en 2016 et j'ai découvert combien nous avions de points communs, hormis son statut de scientifique ce que ne suis pas! Voir ici son témoignage.

Voici la photo de classe de Mathématiques supérieurs année scolaire 1954-1955. On y voit notamment outre moi-même, Jean-Pierre Renard et Claude Allègre.

 

Et ici celle de Mathématiques spéciales 1956-1957. Un grande partie de ces élèves ont intégré Normale Sup rue d'Ulm, Normale Sup Saint-Cloud, Polytechnique, Mines, Ponts et Chaussées, Centrale.... et certains ont occupé des hauts postes de responsabilité.

Plus:

  1. Mon histoire
  2. Sur Faidherbe
  3. Site du lycée Faidherbe en 2017
  4. Notre système d'éducation