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Au "jeu des petits chevaux" du premier débat de la primaire, voici qui a le mieux avancé ses pions

PRIMAIRE DE LA GAUCHE - Pas de réclamation ni de forfait, quelques rares embardées et, en définitive, une course aux allures d'échauffement qui ne dit pas grand chose de l'ordre d'arrivée final. Si, comme l'a rappelé Manuel Valls, "la présidentielle n'est pas un concours hippique ni un jeu de petits chevaux", le premier débat télévisé de la primaire de la gauche a tout de même livré quelques indices sur l'état d'esprit des jockeys en compétition.

Sur la forme, le patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis n'a pas eu tort de souffler un ouf de soulagement en saluant "un débat de bonne facture sans insurmontable fracture". Cordial au risque de paraître un brin éteint, l'échange est resté correct, la plupart des candidats évitant les ruades pour se concentrer sur leur élan. Sur le fond en revanche, le débat diffusé sur TF1, LCI, Public Sénat, RTL et co-organisé par L'Obs a bien mis en lumière les divergences, parfois galopantes des compétiteurs.

Voici les premières leçons de notre photo-finish:

Philippe Wojazer / Reuters

Malgré un début de campagne difficile et son statut de candidat du bilan, Manuel Valls peut se satisfaire d'arriver classé sur ce sprint à l'arraché. Relativement épargné par Arnaud Montebourg, l'ancien premier ministre a dû encaisser les morsures répétées de Vincent Peillon et de Benoît Hamon. Mais en assumant franchement l'héritage du quinquennat, depuis sa "fierté" sur la lutte anti-terroriste jusqu'à la loi travail et la déchéance de nationalité "pour les terroristes" qu'il a défendues, il a su aussi retrouver l'énergie et l'autorité qui furent sa marque de fabrique au ministère de l'Intérieur. A l'aise sur le fond, Manuel Valls s'est aussi démarqué sur la forme, offrant un peu d'emphase à des échanges souvent ternes. Il a insisté sur la nécessité d'avoir un candidat d'expérience pour l'Elysée en ces temps de doute.

D'après le sondage Elabe réalisé en fin d'émission, il est devancé par Arnaud Montebourg auprès de l'ensemble des Français. Mais aux yeux des sympathisants de gauche, le coeur électoral de la primaire, c'est lui qui a le plus convaincu (28% contre 27% pour Benoît Hamon).

Philippe Wojazer / Reuters

Porté par une belle dynamique, l'ancien ministre de l'Education peut croire en ses chances après un galop bien maîtrisé et des attaques bien ciblées qui l'ont imposé comme un concurrent crédible pour le sprint final. Un peu tendu dans les paddocks, Benoît Hamon s'est décrispé en imposant SON thème de campagne, le revenu universel, dans le débat. "Quand on a fait la Sécurité sociale en 1945, la droite disait aussi que c'était irréalisable", a-t-il répliqué à ses détracteurs.

Pugnace sur la déchéance de nationalité et la loi travail, il lui a manqué en revanche un peu de souffle pour distancer ses rivaux. Précis mais un poil sec, le député des Yvelines devra accélérer le rythme pour être à la hauteur de sa cote.

Philippe Wojazer / Reuters

Visiblement soucieux d'incarner une candidature de rassemblement, Arnaud Montebourg a fait le choix de se concentrer sur son programme et sa course sans s'attarder sur celles de ses compétiteurs. Appliqué et privilégiant la pédagogie, le "démondialisateur" a martelé des idées claires pour frapper les esprits: taxe sur les banques, rétablissement durable des contrôles aux frontières, VIe République.

S'il n'a pas manqué d'évoquer les ouvriers de Florange, un combat symbole à ses yeux, Arnaud Montebourg a en revanche semblé très vite en retrait d'une course se déroulant sans lui. Refusant l'obstacle d'une confrontation directe avec son rival Manuel Valls, il a parfois semblé au milieu du guet.

Les téléspectateurs ne lui en ont pas tenu rigueur, 29% le jugeant le plus convaincant devant Manuel Valls (26%). Il est en revanche nettement distancé par ses deux rivaux chez les seuls sympathisants de gauche.

Philippe Wojazer / Reuters

On l'attendait comme le candidat souhaitant achever la course entamée par François Hollande. Il a finalement opté pour une autre direction. Offensif et un brin professoral, Vincent Peillon s'est démarqué en critiquant à plusieurs reprises le président de la République et la "profonde incompréhension" résultant de son quinquennat.

Se démarquant de la "gauche brutale" de Manuel Valls, l'eurodéputé a tenté de défendre sa gauche "réaliste" qu'il oppose à celles de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, ciblant habilement François Fillon et sa réforme de la Sécurité sociale.

Les parieurs seront-ils convaincus pour autant?

Philippe Wojazer / Reuters

En retrait et visiblement intimidée par l'événement, la candidate du PRG a eu du mal à lâcher les rênes. Appliquée sans briller, Sylvia Pinel a toutefois défendu "les valeurs communes" de la gauche et la "responsabilité" du bilan de la majorité sans se fâcher avec quiconque.

Seule femme engagée, elle s'est attirée les foudres des commissaires en répondant très souvent à côté des questions, dans l'ombre de l'écurie Valls.

Philippe Wojazer / Reuters

Ancien élu d'EELV, le vice-président de l'Assemblée nationale a cherché à réaliser une course propre en se concentrant sur ses fondamentaux. Défenseur d'une écologie pragmatique, moins fantasque que Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy a pris le contrepied des promesses électorales de ses rivaux en refusant d'accabler fiscalement les classes moyennes.

Au "coeur de la réforme démocratique" qu'il appelle de ses voeux, François de Rugy place le vote blanc et le vote obligatoire, jugeant le débat sur 49-3 inutile.

AFP

Venu sans cravate et affichant un style décontracté tranchant avec ses rivaux, l'ancien cadre des Verts et du Modem s'est imposé comme l'élément perturbateur du débat.

Se cabrant pour faire respecter son temps de parole, l'interlocuteur privilégié de François Hollande (qui l'a reçu à plus de dix reprises pendant le quinquennat) a (parfois) interpellé ses compétiteurs par leurs prénoms, leur arrachant ici ou là un sourire. Mais sa prestation a aussi dérouté, le candidat semblant découvrir des éléments de son programme en direct. Une course qui ne devrait pas le mener bien loin à l'arrivée.

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