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Macron, le neuf et le vieux |  Yves Thréard

 

Manuel Valls est un homme révolté. On peut le comprendre.

D'abord, son entrée en campagne ne déchaîne pas les passions. Beaucoup de socialistes se méfient de ce candidat aux accents autoritaires. Ensuite, l'ex-premier ministre vit très mal la concurrence d'Emmanuel Macron. Ce personnage politique non identifié, inconnu il y a encore deux ans, lui vole non seulement la vedette, mais aussi tout ce qu'il prétend incarner depuis des années : la jeunesse, l'audace, la modernité. Ce que Macron fait aujourd'hui, Valls aurait tellement aimé le réaliser…

Il faut pourtant se méfier des impressions et des promesses de révolution. Certes, Emmanuel Macron ne manque pas de panache ni de talent. Samedi, à l'occasion de son meeting à Paris, il a apporté la preuve d'une belle aptitude à la mise en scène. À faire pâlir d'envie un PS en manque d'enthousiasme, d'unité et de troupes. Nouveau dans le paysage politique, le fondateur d'En marche ! rajeunit le décor, suscite la curiosité, capte l'intérêt des médias, toujours en quête d'événements différents. Mais la nouveauté ne dure pas si elle ne repose pas sur des idées fortes, propres à bousculer les certitudes.

Emmanuel Macron n'est pas sans rappeler Ségolène Royal à ses grandes heures. Comme elle, il prêche. Son registre est celui de l'incantation. Mais sur le fond, que dit-il? Peu de choses originales, sinon qu'il reprend les 35 heures à son compte, prône l'élargissement de l'accès à l'assurance-chômage et ne veut pas réduire la pléthorique fonction publique. Il prévoit même une augmentation de la contribution sociale généralisée! Des propositions qui ne dévient pas, tant s'en faut, de la vieille doxa socialiste.

L'ancien ministre de l'Économie trace sa route sur le chemin de la présidentielle avec l'assurance de celui qui n'a rien à perdre. Mais par rapport à un PS usé, épuisé, abîmé par un exercice bâclé du pouvoir auquel il a aussi apporté sa pierre, Emmanuel Macron ne se démarque pas. C'est du neuf avec du vieux. Les bons sentiments ne suffisent pas à faire une bonne politique.

 Source: figaro.fr | Par Yves Thréard