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Je repond au nom de Save Beirut Heritage par un extrait du rapport que nous avont presente a l'ICOMOS en Avril dernier:

Après les fameuses découvertes phéniciennes à Byblos, Tyr, Sidon et Beyrouth, de nouveaux vestiges à Minet al-Hosn viennent compléter l'histoire des cités phéniciennes au Levant. Les travaux de fondation d'un projet immobilier connu sous le nom de Venus Real Estate sur le terrain 1398 ont mis à jour des cales de radoubes phéniciennes datant du V e siècle avant J.C. Quatorze archéologues locaux et internationaux (Marguerite Yon, Jean-Yves Empereur, KaliopiBaika, David Blackman, Anna Maria busilla, Martine Francis Allouche, Hicham Sayegh, Anis chaaya, Jeanine Abdelmassih, Eric Gotwalles, Laure Salloum, Leila Badre et Nadine PanayotHaroune) ont affirmé l'importance de ce port. Selon l'article intitulé "Les cales sèches ou cales à bateaux phéniciennes de Minet El-Hosn" paru dans le site hypothese.org, les cales trouvées à Beyrouth sont similaires à d'autres retrouvées dans le bassin méditerranéen telles que : les cales de Bamboula (Chypre) - les cales puniques à Carthage (Tunisie) - les cales de port de Zea au Pirée - les cales de Syracuse et les cales de Tell Dor en Palestine. Les découvertes de Minet El- Hosn ressemblent le plus à ceux du Tell Dor: Les cales de ces deux régions datent des Ve et VIe siècles avant J.C. alors que les autres reviennent au IV et IIIe siècles avant J.C. Ils servaient pour la réparation des navires.

 

La spécialiste en archéologie maritime Mme Martine Francis Allouche affirme l'importance de ce site archéologique étant le premier au Liban et le second au Levant après celui du Tell Dor palestinien. Elle a secondé la DGA et le ministre Sélim Wardé pour la conservation de ce site. Selon elle, ces vestiges phéniciens sont d'une grande importance pour le fait qu'elles sont uniques en leur genre au Moyen-Orient. Les cales à bateaux phéniciennes découvertes sont orientées vers la mer, nord-est, pour faire face aux courants dominants du sud-ouest. Ajoutons l'importance de leur inclinaison de 2.5 et 3 degrés en direction de la mer. Cela met en évidence le principe de réparation qui avait lieu autrefois. Cette légère inclinaison permet de profiter du phénomène de la marée pour haler les navires. Malheureusement, ces cales ont été mutilées à cause du réseau routier installé. Deux autres caractéristiques dévoilent encore l'importance non seulement historique mais archéologique de ce site: une élévation au niveau de la mer de l'ordre de 5 mètres et une distance actuelle jusqu'au rivage de 120m. Cet éloignement est une conséquence des changements de la ligne côtière. A titre d'exemple, nous citons le port de Lenikepi à Istanbul enfoui à 300m à l'intérieur du territoire turc. La présence de 5 puits circulaires in situ montrent aussi la fonction de ces puits qui servaient à mouiller le bois des navires pour éviter de les briser en les réparant.

 

Sans aucun doute, ces cales découvertes récemment exposent un nouveau chapitre de l'histoire phénicienne sur la cote libanaise. Malheureusement, l'histoire de nos ancêtres est menacée par un projet immobilier: Venus Real Estate. Le ministre de la culture Sélim Wardé a proposé pendant son mandat une solution médiane celle de "modifier l'orientation des bâtiments et un espace vert prenant en compte les cales dans un aménagement de type parc archéologique" (le port phénicien de Beyrouth, petitions24.net). Cependant, le ministre de la culture actuel Gaby Layoun se base sur les données d’un des membres de son comité scientifique M. Albert Naccache(Notons que même s’il a été diplômé de l'institut d’Etudes Politiques de Paris, section politique et sociale, possède un M.S. en physiologie de l'AUB et un doctorat interdisciplinaire de l'université de Berkeley sur l'histoire du Moyen-Orient, il n’est pas pour autant un spécialiste en archéologie maritime) niant la présence de la cale antique et avançant les mêmes arguments des promoteurs de Venus. A la base, ces derniers se sont eux-mêmes appuyés sur les informations de M.Hans Curvers.

La solution récemment proposée consiste à découper la grande cale et la remettre dans la partie ouest du jardin du site. Une telle action altèrera la réalité du site antique et causera une grande perte scientifique et visuelle. N'oublions pas le coût élevé d'un tel projet. Les défenseurs du projet Venus s'accrochent au déplacement du temple d'Abou Simbel en Egypte en omettant le fait que, d’une part, le déplacement du temple en Egypte a été géré par l'UNESCO et que, d’autre part, ce déplacement avait une cause nationale, un intérêt général (la construction du haut barrage d'Assouan dans les années 1960) et non la construction d'un projet immobilier privé dont le profit est à court terme et ne concerne qu'un nombre limité de personnes.

 

Les sites archéologiques appartiennent au peuple. Ce n’est pas parce que leurs découvertes empêcheront des personnes de développer leur projet immobilier, que l’on devrait accepter un compromis. Il n’existe pas de compromis quand il s’agit d’histoire, de preuves tangibles de l’existence des peuples Romains et Phéniciens au Liban. Une telle modification de ces deux sites causera une grande perte archéologique au niveau national et international. Non seulement la décision en ce qui concerne l’hippodrome est malvenue, mais illégale. Et les propositions en ce qui concerne le Port Phénicien sembleraient être encore plus suspicieuses et dangereuses. Par conséquent, la décision et les propositions constituent une menace pour notre histoire. Cette question de conservation a donc créé une controverse au niveau national, et s’est transformée par la suite en une arène de conflit d’intérêts politiques (sachant que les ministres appartiennent à des partis politiques différents). Afin de mettre fin à cette mascarade et que le port phénicien et l’hippodrome ne deviennent pas la victime ou le bouc émissaire de la politique, nous vous prions de prendre des mesures intransigeantes vis-à-vis de ces sites et de former un comité chargé de les analyser et de les fouiller.